Vers des assises marseillaises de l’hospitalité en mai 2025
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Nous avons choisi le mois de mai 2025 pour organiser les premières assises marseillaises de l’hospitalité.
Après avoir présenté fin 2023 notre appel à des assises marseillaises de l’hospitalité au Musée d’histoire de Marseille, puis rencontré des conseillers et conseillères du maire en mars 2024 et des élu.e.s en juin 2024, le premier atelier technique aura lieu en octobre 2024.
L’enjeu est à la fois local – favoriser un accueil digne et soutenable de toutes personnes de passage à Marseille – et national avec la transition du secteur touristique pour respecter les Accords de Paris.
Télécharger l’enquête sur l’hospitalité marseillaises
L’hospitalité des jeunes
Ces premières assises auront comme fil rouge l’hospitalité des jeunes à Marseille.
Les jeunes sont présent.es dans la plupart des catégories de personnes de passage sur lesquelles nous avons collectivement enquêté : étudiant.e.s, jeunes travailleurs et travailleuses, artistes, migrant.e.s, stagiaires, vacancier.es, jeunes ménages, saisonnier.es, apprenti.e.s, festivalier.es, … . Ils rencontrent tous des difficultés croissantes à trouver un hébergement lors de leurs déplacements malgré les dispositifs et lieux d’accueil qui leur sont dédiés.
Des études françaises et italiennes montrent que des jeunes ne peuvent plus venir étudier dans certaines villes touristiques ou ne veulent plus venir y vivre au vu du coût de la vie et de la qualité des emplois proposés.
La contribution des jeunes étudiant.e.s à la vie locale
Les étudiant.e.s contribuent à la vie locale tout en rencontrant des difficultés d’accueil.
Une étude de l’Université d’Aix-Marseille publiée en 2021 a évalué la contribution des étudiant.es à l’économie locale en 2019 : stages, temps partiels, bénévolat, vie quotidienne, visites.
Ses 80.000 étudiant.e.s dont 10.000 étranger.es ont un impact sur l’économie qui peut être estimé à presque 800 millions d’euros par an.
L’Université de Lorraine estime qu’un.e étudiant.e émet quatre fois moins de gaz à effet de serre pour sa mobilité qu’un français moyen (0,5 TCO2 contre 2).
Dans le classement des “meilleures villes étudiantes 2024” de la revue L’étudiant, les villes touristiques sont celles qui connaissent les plus fortes hausses de loyers. A l’université d’Aix-Marseille, les deux tiers des étranger.es déclarent avoir rencontré des difficultés pour trouver un logement et 41 % parmi les Français.es.
Les assises en mai seront l’occasion de partager les résultats des différentes analyses existantes pour chaque catégorie de jeunes de passage à Marseille en termes de nombre, de besoins, de contribution à la vie locale et les initiatives publiques et privées pour améliorer leurs conditions d’accueil.
Autant de personnes de passage que de touristes à Marseille
Il y a à Marseille autant de touristes présent.es que de personnes de passage pour d’Autres motifs.
La population marseillaise présente est composée en moyenne pour les deux tiers de résident.es, pour 15% de touristes et pour 15% de personnes de passage pour d’autres motifs.
Cette information est issue d’un mémoire d’étude mené en 2018 à l’université d’Aix-Marseille sur la prévention des risques incendie.
Elle a été menée au sein du Service Départemental d’Incendie et de Secours qui a besoin de connaître tout au long de l’année la population à défendre dans leur territoire, son comportement et son évolution afin d’adapter et répartir au mieux ses moyens.
Cette estimation a été possible grâce au dispositif Flux Vision Tourisme qui collecte instantanément des millions d’informations issues du réseau mobile Orange pour les convertir en indicateurs statistiques de présence et de mobilité.
Marseille, première ville à compter numériquement les présences touristiques
Marseille à été la première ville à quantifier la présence des touristes via la téléphonie mobile.
Cette solution a été développée à Marseille il y a dix ans par Orange et le Comité départemental du tourisme à l’occasion de Marseille Capitale européenne de la culture 2013. Elle couvre aujourd’hui l’ensemble du territoire national et équipe la majorité des organismes de gestion de destination.
La solution permet de déduire le nombre de résident.es présent.es dont la présence est constante, le nombre de touristes présent.es dont la présence est occasionnelle et limitée dans le temps et le nombre de personnes habituellement présentes de manière récurrente dans le temps : étudiant.e.s, apprenti.e.s, …
Nos échanges avec l’équipe d’Orange et celle Provence tourisme ont permis d’identifier les améliorations possibles pour affiner l’analyse des personnes de passage à Marseille et sur les résultats qui pourraient être partagés dès mai 2025 à l’occasion des assises marseillaises de l’hospitalité.
Des assises pour penser ensemble une Marseille hospitalière
Mai 2025 sera l’occasion de faire l’état des lieux de l’hospitalité marseillaise et de construire ensemble la suite.
Les assises de l’hospitalité en mai 2025 seront l’occasion de présenter et partager un état des lieux de l’hospitalité à Marseille, d’élargir à toutes les personnes accueillies et accueillantes et de mettre en valeur les initiatives d’hospitalité déjà existantes au sein de la politique municipale comme de la société civile.
Nous nous sommes réunis le 18 juin à l’Estaque afin de mettre en commun nos idées. Cette première journée de travail collectif nous a permis de pratiquer l’hospitalité, d’échanger, de partager un état des lieux de l’hospitalité marseillaise, de définir ce que pourrait être la suite et de faire communauté d’hospitalité.
Elle a permis de récolter des données qui serviront à formaliser des outils pour le collectif : annuaire des associations, cartographie, programme, revue de littérature éditorialisée …
D’autres ateliers et journées seront programmés afin de poursuivre ce travail collectif et les pistes qui ont émergé.
Les ateliers techniques avec la Ville de Marseille vont permettre d’identifier et d’articuler ces propositions avec les actions d’hospitalité engagées par la Ville de Marseille afin de les partager en mai 2024 : itinéraires Cool Noons, carte touristique de tout Marseille, Assemblée citoyenne du futur, ….
Télécharger le compte rendu synthétique Atelier Estaque.
Bilan semestriel de l’accueil des personnes de passage à Hôtel du Nord.
Les touristes représentent la moitié des séjours, un tiers des présences et un sixième des nuitées.
Les hôtes de la coopérative d’habitants Hôtel du Nord ont fait un bilan des personnes qu’ils ont accueillies sur le premier semestre 2025 dans les 22 hébergements chez l’habitant qu’ils proposent en chambre d’hôte et en gîtes urbains (31 chambres au total).
Sur un peu plus de 200 séjours réalisés entre janvier et juin 2024, la moitié sont touristiques : départ en croisière, participation à des grands événements ou des concerts, vacances, randonnées sur le GR 2013, congrès, …
Quand on regarde ces chiffres en termes de nuitées passées sur place, la part touristique ne représente plus que 16% des nuitées. Cela s’explique par la courte durée des séjours touristiques marchands à Marseille qui est en dessous de deux nuitées depuis des années.
Plus de la moitié des nuitées marchandes à Hôtel du Nord ont des motifs autres que touristiques : visite à l’hôpital, stage et emploi temporaire dans les entreprises du territoire, période de transit en attendant un logement.
Enfin, les accueils à titre gratuit représentent presque la moitié des personnes présentes à Marseille via Hôtel du Nord. Cela s’explique par la longue durée des séjours gratuits.
Cela correspond à l’accueil des proches, l’hébergement solidaire, les réseaux d’échange de maisons et d’accueil de cycliste, l’accueil de pèlerins, …
En France, les chercheurs Saskia Cousin et Sébastien Jacquot ont rappelé que plus de la moitié des français et françaises voyageaient dans le non marchand (lien).
Plusieurs études commencent à évaluer l’impact sur l’économie locale de l’hébergement non-marchand qui se révèle souvent aussi important que le marchand avec des séjours plus nombreux et plus longs.
Financer l’hospitalité grâce à la taxe de séjour
Il est possible de financer une politique d’hospitalité grâce à la taxe de séjour.
Nous avons pour cela interrogé des juristes et la Cour régionale des comptes sur l’usage et l’affectation de la taxe de séjour.
Nous leur avons demandé si « Dans la mesure où la taxe de séjour sert de par la Loi à “promouvoir la fréquentation touristique” et est collectée auprès de toutes les personnes de passage dans des hébergements touristiques marchands, à quelques rares exceptions, une commune peut-elle légalement faciliter la « fréquentation » des hébergements touristiques et d’autres activités touristiques par les “autres” personnes de passage au-delà des seuls touristes actuellement pris en compte (congressistes, loisirs) ? ». La réponse est oui.
La taxe de séjour peut financer des missions d’accueil, d’information, de promotion, de coordination des acteurs locaux à destination des autres personnes de passage qui participent à la fréquentation touristique.
Pour rappel, la collecte de la taxe de séjour a été multipliée par trois à Marseille, passant de 2,5 millions en 2015 à 7,8 millions d’euros en 2022. Une partie pourrait être affectée à l’accueil des autres personnes de passage à Marseille.
De plus, de par la Loi, un office de tourisme « peut, en ce qui concerne l’accueil et l’information, déléguer tout ou partie de cette mission aux organisations existantes qui y concourent. ». Pourquoi pas une maison des hospitalités ?
Revisiter les récits marseillais d’hospitalité
Marseille est riche de ces récits d’hospitalité qui ouvrent nos imaginaires sur une Marseille hospitalière.
La coopérative Hôtel du Nord et le Mille-pattes ont partagé, à l’occasion des journées européennes du patrimoine, les résultats d’une année d’enquête à Saint Louis-Consolat sur l’hospitalité.
Les résultats ont été partagés sous forme d’une balade patrimoniale « L’ultime demeure » et d’un livret de 80 pages revenant sur les récits, les cadres législatifs et les archives collectées.
Cette enquête à été menée à partir du mouvement marseillais des squatteurs de l’après guerre, qui donnera naissance à la première loi française sur le sujet, en passant par les Castors et les copropriétés dégradées, l’habitat social d’hier et d’aujourd’hui, jusqu’au projet d’implantation d’un “village d’insertion” pour les populations roms.
Télécharger la première partie et la seconde partie du livret.
Et pour la suite.
Nous pourrons échanger sur tous ces points à l’occasion de l’Alternatiba tour le samedi 5 octobre à 14h lors d’une table ronde pour débattre du plafonnement du trafic aérien et de notre appel à des assises marseillaises de l’hospitalité avec un focus sur l’accueil des jeunes à Marseille.
Notre processus est partagé dans un nouvel article « Accueil et tourisme : changer la perspective » publié dans le numéro spécial « Comment réinventer le développement d’un tourisme durable dans les territoires ? » De la revue Monde en développement, à leur demande, et qui élargit la problématique de l’hospitalité aux territoires ruraux.
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