Appel pour des assises marseillaises de l’hospitalité

Billet de blog
le 25 Fév 2024
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Appel pour des assises marseillaises de l’hospitalité
Appel pour des assises marseillaises de l’hospitalité

Appel pour des assises marseillaises de l’hospitalité

A l’heure où Marseille, membre de l’association nationale des villes et territoires accueillants, récupère la compétence tourisme, nous appelons le maire à faire de Marseille une « ville hospitalière ».

Selon la légende, la fondation de la ville de Marseille est le fruit d’un geste d’hospitalité envers un étranger : venus de la lointaine Phocée, Prôtis et ses marins accostent sur un rivage peuplé par des tribus celto-ligures. Plutôt que de chasser les inconnus, le roi Nann les convie au banquet des noces de sa fille. La princesse Gyptis, en offrant une coupe d’eau au marin grec, désigne son futur époux par un geste universel de l’acte d’accueil : le don de l’eau. En guise de contre-don, Prôtis proclame l’alliance des Phocéens et de la tribu des Ségobriges et fonde la ville de Massalia.

L’hospitalité est ainsi un art ancestral qui a le pouvoir de transformer l’étranger en hôte, en allié, en ami. En échange, vous serez à votre tour reçus par lui, ses proches et ses descendants. Valeur phare du monde antique partagée par toutes les civilisations, l’hospitalité tisse des liens sociaux forts et durables, conditions de la paix et des échanges. Aujourd’hui comme hier, Marseille offre le cadre idéal à ce beau projet de société, tant la ville-port est synonyme de passages et d’accueil.

Voyageur·euses, travailleur·ses, exilé·es ont trouvé refuge à Marseille au cours des siècles. La place de Marseille dans l’empire colonial a participé à l’essor du tourisme naissant au XIXe et XXe. En 1906 ses 500.000 habitants accueillent presque 2 millions de visiteurs pour l’exposition coloniale. Dans les années 1970, le « triangle d’or » de Belsunce comptait plus de 400 boutiques et hôtels dans lesquels séjournent de nombreuses personnes de passage venues découvrir la ville et faire des affaires. Cette histoire touristique a continué à suivre son cours, jusqu’au développement d’une nouvelle attractivité de la ville diffusée par la Capitale Européenne de la Culture depuis 2013.

Cette politique d’attractivité fait qu’un nombre croissant de personnes séjournent à Marseille pour un temps plus ou moins long : touristes nationaux et internationaux et supporters sportifs bien sûr, mais aussi des personnes venues sur place pour étudier, travailler, se former, comme apprentis, comme futurs médecins, en saisonniers, en résidence artistique, pour une mise à l’abri, en transit pour s’installer, en squat faute de logement, en accompagnant leur proche hospitalisé et bien d’autres. Tous ont en commun le besoin d’être accueillis de manière digne, or tous ne bénéficient pas du même traitement.

Le choix de distinguer l’accueil des touristes, c’est-à-dire ceux qui voyagent sans chercher sur place un travail, de l’assistance ou une résidence, pose un certain nombre de questions en termes de justice sociale. Cette politique est aussi localement source de préoccupation foncière (inflation des prix de l’immobilier), professionnelle (grande démission et uberisation), sanitaire (pollution liée aux transports) et écologiques (consommation des ressources naturelles limitées, gaz à effet de serre), qui ne peuvent pas rester sans réponse.

Les stratégies d’un tourisme quatre saisons, de redirection des flux, de quota, de montée en gamme et de labellisation durable ont déjà montré leurs limites dans d’autres destinations, voire leurs effets contre-productifs. Devenue « hospitality », c’est-à-dire commercialisation de la relation entre les hôtes, l’hospitalité doit être repensée en conformité avec les défis écologiques, la vitalité de l’économie locale, et dans le respect de la santé et du cadre de vie des marseillais·es comme de toutes les personnes de passage.

Comment rester hospitalier pour toutes personnes de passage à Marseille ? Ce défi, nous vous proposons de le relever ensemble par la création des Assises de l’hospitalité.

Alors que la municipalité a récupéré la compétence “tourisme” et qu’elle prône un développement soutenable de ce secteur, une coalition d’organisations de la société civile locale (coopératives, associations, collectifs citoyens et professionnels) demande à Monsieur Benoit Payan, maire de Marseille, d’organiser prochainement des Assises marseillaises de l’hospitalité prenant en considération toutes les personnes accueillies et accueillantes à Marseille pour faire le point sur la situation et penser ensemble une Marseille hospitalière.

Premiers signataires : Alternatiba Marseille, Association nationale des gens du voyage citoyens (ANGVC), Atelier d’Écologie Politique d’Aix Marseille (Atecopol), Attac Marseille, Bureau des guides du GR2013, collectif des Hautes Herbes du 11-12ème, collectif sols vivants terres fertiles, Comité national des habitants permanents (CNHP), coopérative Hôtel du Nord, Fédération Unie des Auberges de Jeunesse (FUAJ), Greenpeace Marseille, La ManuFabrik, Les Ateliers ICARE, Lieux Publics, Noailles Debout !, QG Marseille, Rencontres Tsiganes, Réseau Hospitalité 13, SCIC Les oiseaux de passage, Stop Croisières, Stop extension Aéroport Marseille Provence, Soutien 59 St Just, Traverses, Un Coup de pouce aux migrants Gare St-Charles.

Pour rejoindre l’appel, vous pouvez nous contacter à hospitalite-marseille@proton.me

Photo : Stéphanie Nava, 2013. Bel Vedere.

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