UN PROJET MÉTROPOLITAIN ?

Billet de blog
le 13 Jan 2024
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Nous en savons un peu plus sur les projets de la métropole pour l’année qui vient. En présentant ses vœux, la présidente, M. Vassal, a esquissé quelques-uns de ses projets.

La politique des transports et des déplacements

On le sait bien, et cela a été à de multiples reprises dit et répété ici : c’est par son réseau de transports en commun qu’une métropole existe. N’oublions tout de même pas que c’est bien de « métropole » qu’est venue l’abréviation « métro » qui a fini par désigner, avant tout, un système ferré de transports en commun. M. Vassal a donc fait part des intentions de la métropole dans le domaine des transports. Il est toujours question, sans beaucoup de précisions, d’un « RER métropolitain », la région parisienne continuant, une fois de plus, de servir de modèle aux collectivités locales, et, en particulier, à la métropole de Marseille. Il a aussi été question d’autres transports en commun, notamment pour le Sud de la ville de Marseille. Encore une inégalité qui va s’accroissant, les quartiers Sud étant considérés comme prioritaires par rapport aux quartiers Nord. Sans doute ne faut-il pas s’étonner, dans ces conditions, de cette sensation d’abandon qui prévaut chez celles et ceux qui habitent dans ces quartiers du Nord de la ville. Enfin, il faut bien parler d’environnement. C’est pour cela que M. Vassal a évoqué une subvention, destinée à faciliter l’acquisition de voitures électriques dans les quartiers du centre de Marseille, histoire de tenter de réduire la pollution liée à l’usage de voitures classiques. L’idée semble n’être pas venue à la présidente de la métropole qu’une autre solution serait de réduire la circulation automobile dans le centre de la ville. Les quartiers devenus le centre de Marseille n’avaient pas été prévus pour cette accumulation de voitures particulières qui s’avèrent inadaptées pour la circulation dans le centre, et sans doute l’urgence serait-elle plutôt du côté de la diminution des voitures et de l’encouragement à la recherche d’autres modes de circulation.

La politique du logement

Un autre aspect de la politique de la métropole a été abordée dans les vœux de M. Vassal : le logement. L’innovation de la métropole pour 2024 va être l’institution d’une prime aux « primo-accédants ». Il ne s’agit pas, par conséquent, de chercher à faciliter le logement à celles et à ceux qui en ont besoin, mais, plutôt, de faire bénéficier les acquéreurs d’un logement d’une aide lors de leur premier achat. Une fois de plus, la politique revendiquée par la métropole ne bénéficiera pas à celles et à ceux qui sont dans le besoin, mais elle visera à faire profiter le marché immobilier de ses largesses. Il ne s’agit pas d’une politique de solidarité mais d’une politique destinée à renforcer les inégalités dans un des domaines les plus urgents de la vie quotidienne de celles et de ceux qui vivent à Marseille. Dans les conceptions de la métropole, le logement n’est pas un droit, mais une source de profit pour les acteurs du marché, et il n’est pas destiné à la vie des habitantes et des habitants, mais à accroître les inégalités.

La métropole et ses communes

Il ya beaucoup de monde dans la métropole. Nous ne reviendrons pas ici, une fois de plus, car nous en avons déjà parlé, sur l’incohérence, voire l’absurdité, de l’étendue de la métropole marseillaise, mais les vœux de M. Vassal nous poussent à évoquer de nouveau la question d’une autre inégalité, celle qui se joue entre les communes. À la suite d’un avis de la chambre régionale des comptes, M. Vassal a été amenée à évoquer des subventions dénommées « attributions de compensation », destinées aux communes. Il s’agit de dotations, qui peuvent être très importantes, dont bénéficient les communes qui sont déjà les plus riches de la métropole. Si la chambre régionale des comptes a soulevé la question, c’est que cette dotation ne consiste pas dans des attributions de solidarité ni dans des subventions destinées à des travaux communaux bénéficiant à l’ensemble de la métropole, mais qu’il s’agit, au contraire, d’accroître, une fois de plus, les inégalités entre communes riches et communes pauvres. Les communes de la métropole sont, ainsi, exposées aux mêmes inégalités que les personnes et les familles qui habitent dans l’espace métropolitain.

Une présidente clairement de droite

Voilà qui a le mérite de la clarté : « Je reste », dit M. Vassal, « dans mes valeurs de droite ». L’avantage de ce genre de déclarations, au moins, est de ne pas nous noyer dans les ambiguïtés du « en même temps » du président de la République. C’est le rôle des vœux d’un dirigeant politique, ou celui d’un budget : les uns comme l’autre manifestent, dans des mots ou dans des comptes, les orientations de celui qui les énonce. La différence entre la métropole et des villes comme Marseille est bien dans la différence entre des pouvoirs métropolitains orientés vers les inégalités et des pouvoirs municipaux orientés vers la solidarité et l’égalité. C’est pourquoi il faut écouter ces vœux, au-delà de leur aspect convenu et un peu protocolaire, car ils permettent de mieux situer la politique de l’autorité qui les exprime. Au fond, nous sommes devant le sens initial de ce mot « vœu » : il s’agit, pour quelqu’un, de dire ce qu’il souhaite en le souhaitant aux autres. C’est la métropole idéale pour elle que M. Vassal a déroulée en faisant part de ses souhaits pour l’année à venir. Ses vœux sont l’occasion, pour elle, de rappeler son identité politique, au cas où elle n’aurait pas été claire pour tout le monde. Nous nous trouvons, ainsi, une fois de plus, dans la confrontation continuelle entre Marseille et la métropole, entre des pouvoirs de gauche et des pouvoirs de droite. Il va donc devenir important de suivre l’évolution, prévue au cours de l’année à venir, de la loi de décentralisation dite « loi P.L.M. », organisant les élections dans les trois métropoles les plus importantes de France. M. Vassal a aussi évoqué la question de l’organisation de l’élection de la municipalité dans ces trois villes. Mais sa seule préoccupation n’est pas la signification politique de cette évolution, mais, dit-elle, « Je ne suis pas pour qu’on change aujourd’hui » ce dispositif. Les choses sont claires : c’est cela, le conservatisme. Tout changer pur que rien ne change, comme le dit Lampedusa dans Le Guépard.

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