« Touchez pas au marché, touchez pas »
« Touchez pas au marché, touchez pas »
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Cette semaine, la colère des forains qui réclament le retour du marché sur la Plaine rénovée.
Qui pensait la bataille de la Plaine achevée avec la rénovation de la place Jean-Jaurès ? La Place de Saint Michel accueillait les rois du monde il y a 800 ans. Aujourd’hui, elle refuse son accès aux forains, présents depuis plus longtemps que le temps des princes. Vingt ans avant la Révolution, on assistait à la première corrida du pays. Aujourd’hui, ils refusent l’estocade promise par la rénovation. Et tandis que Guizot gérait sa monarchie de juillet là bas, on y bénissait ici le clocher de la Bonne Mère. C’est sous le second Empire que les forains s’y installent. Épicentre de la Commune de Marseille, elle prend le nom d’un député du Tarn qui parlait fort et bien, comme elle.
« Ambition Centre-ville » devait être leur Vietnam. Aux aménageurs, bulldozers et architectes (de mafia) qui prétendaient greenwasher la place devenue un parking sans avoir cessé d’être un marché. Sans avoir cessé d’être bien d’autres lieux non plus. 20 millions d’euros opérés par la Soléam pour monter en gamme. Symbole des luttes contre la gentrification par dépossession, le chantier était aussi espéré par une partie des riverains qui revendiquait leur droit à une Plaine « pacifiée ». Loin d’être un face à face habitants contre aménageurs, Assemblée contre municipalité, les conflits de la « concertation » reflétaient une recomposition profonde de la ville et de ses mondes. Et les forains ? Le débat sur leur maintien a nagé dans la confusion. Les fuites qui laissaient entendre un riquiquissement de leur présence à peine colmatées, la contestation débordait, si bien qu’au lancement du chantier, on dressa un mur pour éviter l’inondation des colères et noyer le poisson du marché.
La Plaine livrée il y a 10 mois et voilà les forains qui réclament la réintégration promise. 247, comme le nombre des commerçants présents avant les travaux, 247 comme le nombre de places réclamés pour leur retour. Pas moins. Problème : 179 sont disponibles. Sauf erreur, on est court de 66. Le diable est dans ce détail. On promet une rallonge : va pour 200. Reste 47, monsieur Chénoz. On ressort les raquettes pour un nouveau set de ping-pong mairie-métropole-Soléam.
Les forains n’apprécient pas le spectacle et le font savoir un matin de conseil. Un blocage est décidé alors que les sujets de mécontentements se multiplient : au nombre des emplacement s’ajoute le mobilier urbain, les fameuses jardinières converties en petits coins. Certains réclament des travaux, d’autres les refusent. On ne sait plus quand la rénovation a commencé, mais on est certain qu’elle n’est pas achevée. La bataille de la Plaine non plus.
Photo : Lisa Castelly (@marsactu)
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