SOS parents en détresse

Billet de blog
le 29 Mai 2020
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Monsieur le Président de la République Française,

Il est 12h10 et Madame C., adjointe au Maire déléguée aux écoles maternelles et élémentaires de Marseille a faim. Elle doit aller manger et décide donc de me raccrocher au nez pour déjeuner.

Moi, j’ai perdu l’appétit.

Mais j’ai la soif de comprendre.

Alors, comme elle me l’a conseillé : « si vous n’êtes pas contente, écrivez donc au Président ».

Pour tout vous dire j’ai aussi perdu le sommeil le jour de l’Ascension. Les cloches ne sonneront plus. Du moins celles de l’école de ma fille et ce jusqu’en septembre.

Comment je l’ai appris ? Par email le 21 mai. À 14h23. En un clic. Sans que l’information n’ait été officiellement communiquée aux équipes enseignantes, la mairie de Marseille a décidé que la rentrée des moyennes et grandes sections n’aurait pas lieu le 25 mais le 2 juin et que celle des petites sections aurait lieu en septembre.

Ma fille M., 4 ans et ses camarades de petites sections ne retourneront donc pas à l’école et ce malgré la volonté de l’équipe enseignante et un respect des mesures sanitaires puisque moins de 20 enfants étaient inscrits pour la reprise. En assumant la responsabilité qui en découle, en accord avec les parents.

Mais c’est sans suite. Sans discussion. Sans mesure du concret. Nos enfants n’ont pas le droit aux compromis.

Pourtant, dans cette école nous avons la chance d’avoir une équipe éducative qui se soucie et prend soin de nos enfants.

Alors, pardonnez mes insomnies, ma vision est peut-être étriquée, mais je n’arrive à pas à résoudre le calcul.

Pour la reprise de la scolarité, votre gouvernement s’en remet aux mairies. Mais ici, à Marseille, quand il s’agit d’école (taxée de Honte de la république) on nous raccroche au nez.

N’avons-nous pas assez « payé » de cette incapacité à gérer l’éducation de nos enfants ?

Pardonnez mes mauvais calculs, mais je suis une littéraire. Indépendante. Tout comme mon mari. Et, nous ne sommes pas prioritaires mais si nous ne travaillons pas nous n’avons plus de revenus (ça j’arrive à peu près à faire l’addition. 0 + 0 = 0). Mon mari travaille dans l’immobilier, moi, dans l’édition, en tant qu’agent littéraire.

N’ayant aucune solution pour garder notre fille de 4 ans – car il est bon de préciser que notre fils de 2 ans, lui, génie des gestes barrières, a pu reprendre la crèche – je cherche depuis plusieurs jours à entrer en contact avec les personnes qui se trouvent derrière cette décision discriminatoire, abusive et allant à l’encontre de toutes les valeurs éducatives de notre République. De plus, en nous laissant sans solution, nous, indépendants non prioritaires, cela va aussi à l’encontre de la crise économique que nous nous apprêtons tous à traverser.

Alors, au lendemain des annonces d’Edouard Philippe, votre Premier Ministre, j’apprends que nous pourrons nous rendre au restaurant ou dans des bars dès le 2 juin. J’apprends aussi que votre Ministre de l’Education Nationale a pour objectif d’atteindre 100% d’ouverture des écoles. Ravie, je me dis, M. va pouvoir retourner à l’école. Et nous, parents, pourront recommencer à travailler et peut être ainsi, profiter, un soir d’une terrasse de restaurant.

Optimiste et pressée, j’obtiens le numéro personnel de Madame C. et dix minutes de conversation avec elle.

Mais voilà, la faim l’emporte sur les moyens éducatifs de ma fille.

« Mes gosses » et leur droit à la scolarisation tombons très mal face à son « droit à déjeuner à 12h10 » pour ne faire que la citer.

Et si je souhaite que ma fille aille à l’école, je dois « m’adresser au Président de la République ».

Puis :

BIP… BIP… BIP…

« Il y a dans cette crise une chance : nous ressouder et prouver notre humanité, bâtir un autre projet dans la concorde. (…) J’en ai la conviction. Et les vertus qui aujourd’hui nous permettent de tenir seront celles qui nous aideront à bâtir l’avenir, notre solidarité, notre confiance, notre volonté. »

Ces quelques mots sont de vous, monsieur le Président. Pourriez-vous le rappeler à la mairie de Marseille ? Afin que nos enfants de petites sections, puissent, si leurs parents le souhaitent avoir droit, comme la plupart des autres enfants de France, à un retour à la scolarisation ?

Petit conseil, évitez l’heure du déjeuner.

Je vous remercie pour l’attention que vous porterez à ma demande et vous prie de croire en ma très haute considération,

Valentine Spinelli

Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Bonjour,
    Faites-vous partie des personnes qui ont porté l’affaire devant le tribunal administratif ?
    L’éducation est un droit constitutionnel et un droit de l’Homme, il est bon de le rappeler aux autorités.

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