Les élections municipales ont lieu demain

REPENSER LA POLITIQUE DE LA MUNICIPALITÉ

Billet de blog
le 24 Nov 2019
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Les élections municipales ont lieu demain

REPENSER LA POLITIQUE DE LA MUNICIPALITÉ

Au-delà du scrutin proprement dit de l’an prochain, sans doute importe-t-il de réfléchir aux enjeux institutionnels de ces élections municipales à Marseille. C’est qu’il convient, sans doute de repenser ce que l’on peut appeler l’espace politique de Marseille et de la métropole.

L’espace de la ville et la culture urbaine

Si on compare Marseille à d’autres villes du même ordre de grandeur, on est frappé par une particularité marseillaise : tandis que, dans les autres villes, la banlieue désigne l’espace qui entoure la ville-centre, à Marseille, tout se passe comme si la banlieue était dans la ville. C’est un peu pourquoi il a été si difficile de construire une métropole marseillaise et d’en dessiner les limites. Mais, si l’on réfléchit aux prochaines élections municipales, la situation marseillaise devient très difficile à concevoir, de même qu’il peut sembler difficile d’élaborer un projet politique pour les six ans à venir de la municipalité de Marseille, tant les enjeux des différents lieux et des différents espaces qui en font parti sont différents les uns des autres. Ce que l’on peut appeler la culture urbaine, la culture de la ville, la logique urbaine d’habitation et d’aménagement, concerne, somme toute, seulement le centre de la ville – disons, pour faire vite, les arrondissements du 1er au 7ème, alors que les autres arrondissements s’inscrivent davantage dans une culture de banlieue – voire dans une culture rurale. C’est cette différence de situation au regard de la culture urbaine qui rend particulièrement difficile la définition et la reconnaissance d’enjeux proprement urbains de l’élection municipale – en 2020, comme, d’ailleurs, lors des élections précédentes. Peut-être serait-il nécessaire aux candidats, dans ces conditions, de définir et d’expliciter leur conception de la culture urbaine qui est l’enjeu de l’élection dans l’espace de la municipalité de Marseille.

Qu’est-ce qu’une culture politique urbaine ?

C’est la première question qu’il importe de se poser au moment où les candidatures vont se confronter les unes aux autres et au moment où les électeurs devront les comparer pour mieux concevoir ce que sera leur choix lors du scrutin – encore que, comme tout le monde le sait, les choix sont faits bien avant l’engagement de la campagne et la diffusion des documents électoraux et que la communication électorale ne soit finalement là que pour donner des arguments aux électeurs afin de mieux fonder leurs choix et de pouvoir pleinement participer aux débats et aux confrontations qui ont lieu autour des élections.

On peut définir de trois façons une culture politique urbaine.

D’abord, rappelons-nous toujours que, dans notre culture, c’est la ville (en grec ancien la polis) qui fonde la politique. Comme la ville est un espace tout entier aménagé par les hommes et les sociétés, l’espace urbain est un espace tout entier inscrit dans une logique politique qui lui donne une signification, qui permet de comprendre les aménagements et les installations, les services et les institutions, venant réguler l’espace de la ville, venant, en quelque sorte, l’irriguer des expressions de l’identité urbaine.

Par ailleurs, ce qui fonde l’espace urbain, dans une grande ville comme Marseille, est la vie des quartiers. On peut dire qu’à Marseille, la vie politique et la vie institutionnelle se déroulent à deux degrés, sur deux plans : il y a le quartier, qui est l’espace du voisinage, l’espace dans lequel on vit au quotidien, l’espace où l’on habite pleinement ; par ailleurs, il y a la ville proprement dite, qui est l’espace fondé sur l’articulation de l’ensemble des quartiers entre eux : il s’agit, en quelque sorte, du second degré de l’urbanité. Cette distinction entre deux degrés se retrouve dans les élections municipales, puisqu’à Marseille, comme dans d’autres grandes villes, elles se déroulent sur deux plans : la désignation des élus d’arrondissement et la désignation des élus de la municipalité, qui désignent le maire de Marseille. La culture politique urbaine se construit dans les quartiers, c’est la vie des quartiers qui constitue le cadre de la politique de la ville, ce qui est la raison, d’ailleurs, pour laquelle s’est forgée l’idée d’un développement social des quartiers, cadre de mise en œuvre de la politique de la ville. À Marseille, l’égalité entre les quartiers est un des enjeux majeurs des élections municipales, qu’il s’agisse de l’égalité entre les quartiers sur le plan des emplois et de l’implantation des entreprises, de leur égalité sur le plan du patrimoine et de l’entretien de la cille, ou de leur égalité sur le plan de la répartition des lieux de spectacle et de culture.

Enfin, l’espace de la ville et de la politique urbaine, à Marseille, devrait enfin fonder une véritable politique écologique. Dans une sorte de déni, les municipalités qui se sont succédé à Marseille ont pratiquement ignoré la question de l’environnement et l’élaboration d’une politique écologique. Ce n’est plus possible, et c’est pourquoi il faudra bien que le débat électoral se situe aussi sur le plan de l’environnement et de l’aménagement de l’espace, à la fois sur le plan de l’entretien des constructions et des paysages, sur le plan de la lutte contre la pollution – en particulier au point de vue des incidences écologiques de la politique de la circulation, qui devraient s’exprimer par la réduction de la circulation automobile, et sur le plan de choix nouveaux dans le domaine de l’aménagement des espaces – notamment du centre.

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