Mes châteaux damascènes. Une soirée de culture révolutionnaire.

Billet de blog
le 22 Jan 2025
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Mes châteaux damascènes. Une soirée de culture révolutionnaire.
Mes châteaux damascènes. Une soirée de culture révolutionnaire.

Mes châteaux damascènes. Une soirée de culture révolutionnaire.

Le 21 janvier 2025, prévenu dés potron minet, au café chez Léon, qu’une soirée pour la Syrie avait lieu à Moga, rue Bernex à Marseille je n’avais pas trop d’idées sur ce qui m’attendait. Et puis, si une soirée Karaoké en arabe comme celle du Bergerac ( Belle de mai) se pointait au milieu de tout ça, peu de chances que je me rende écouter une conférence déprimante sur les malheurs de la Syrie. Chacun sa merde! Nous aussi, on a souffert sous Sarkosy, le nain sautillant et insatiable…et Valls, le père la purge du 49.3! Alors Bachar Al Assad…le boucher double…

En se pointant au Moga, la salle était pleine d’adorateurs de la culture révolutionnaire syrienne. Jamais vu autant de gens détester Bachar Al Assad. Remarquez, comme il s’est barré à Moscou peu après que Trump eut gagné les élections, c’était moins risqué. De mémoire, je n’ai jamais vu une armée gagner une guerre aussi vite, sauf les Malouines, à moins que l’ adversaire n’ait plus de soutien ni russe, ni iranien… ni de la Plaine…Bon tout ça c’est de la géopolitique comme disait Cécile Boëx, chercheuse à l’EHESS et qui a documenté les images de la révolte, ” Préférons plonger dans l’intime” et se réjouir de la fin du calvaire des Syriens. Arrivant en 2001, elle découvre qu’il y a bien un manifeste pour les libertés mais que la famille Assad ne compte rien lâcher. Damned, le printemps de Damas fut un leurre. Les opposants finissent en prison.

Du coup, dix ans plus tard, le 15 mars 2011, le vent du printemps arabe déferle depuis la Tunisie où un vendeur ambulant Mohamed Bouazizi refuse de se laisser faire par la police. Son immolation va produire un feu inédit dans tout le Moyen-Orient et le Maghreb.

Mohamad Al Raschi, comédien syrien rajoute qu’à l’époque il est comme tout le monde devant la télé et qu’il a pleuré de joie quand Ben Ali est parti. En somme tous les Arabes souhaitaient que son dictateur personnel, bien à soi, saute à ce moment là, en Egypte, en Jordanie ou en Libye. Même Sarkosy le souhaitait pour ne rien rembourser à Khadafi. Mohamed se rend devant l’ambassade égyptienne pour manifester mais il trouve là bas plus de policiers que de manifestants. Mince.

En racontant tout cela, les intervenants de la soirée se mettent à chanter sur leurs discours, même la traductrice, et là, je suis bluffé, au bord des larmes tellement c’est beau. Tudieu, comme je suis un grand garçon, je baisse la tête pour pas qu’on voit que je chiale et je fais semblant d’écrire. L’honneur est sauf. Vincent est à la guitare et chante en français; Catherine sa compagne lui répond en espagnol et Mohamad lui aussi chante en arabe. Avec un blanc dans le nez, je suis emporté par cette façon de nous faire partager cette libération.

Mohamad qui manifeste en Syrie où il est un visage célèbre, devra partir en France rapidement. Vincent et Catherine l’hébergent à Marseille et tentent de lui trouver une place. En 2015 ils font un premier concert à la Belle de mai. Au début, ils pensent que le régime va tomber rapidement. Mais Bachar Al Assad le fourbe, ne se laisse pas faire. Le régime pratique l’enfermement et la torture. ” L’extermination par la prison” affirme Cécile. Et l’exil de 5 millions de personnes. Les exiles ne sont pas toujours crus quand ils parlent de leur calvaire.

Un syrien prend la parole pour témoigner de son besoin de vomir le régime qui, comme un corps étranger, avait pris possession du corps de tous les syriens.  Le monstre Bachar devait être craché, lui qui s’était installé dans l’intérieur de chacun.

Cécile, décidément positive: ” Il faut parler du quotidien des groupes de parole des mères de disparus, des cinés clubs libres, loin de la géopolitique.” Elle raconte ce besoin de fabriquer des images , pour laisser une trace même si elles ne les protégeaient pas. Raconte encore les slogans sur les balles de ping pong, la teinture rouge dans les fontaines, les sittings de femmes, les vidéos avec des Nokia de femmes dans les intérieurs et les déclamations de chants révolutionnaires jusqu’en 2016. Dans une Syrie sans passé politique.” A partir de rien les gens ont inventé des formes de résistance.

Mohamed se souvient d’un acteur connu qui dans une manifestation à Damas s’étonne: ” C’est la première fois que j’entends ma voix.

Puis les trois chanteurs ont encore déclamé cette douloureuse histoire, ces quatorze années qui se sont fini en affrontement armé terrible pour finir par cette nouvelle Syrie dont personne ne sait encore comment elle va tourner.Mohamad Al Raschi rappela comment le théâtre fut une cure. Et moi, je n’ai pas regretté mon Karakoé…quoique.

 

COMPRESSÉ Catherine – Vincent & Mohamad Alarashi un texte de Khaled Dawa

Commentaires

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  1. Christophe Goby Christophe Goby

    Fêter la fin du régime de Bachar Al Assad à Marseille.

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  2. Anoua Valérie Delaplace Adam Anoua Valérie Delaplace Adam

    Merci beaucoup pour cet Article ! Je regrette de ne pas y avoir été !
    Anoua

    Signaler

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