Marseille développée en noir et blanc à la Vieille Charité

Billet de blog
par Lagachon
le 22 Oct 2012
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La Vieille-Charité accueille jusqu’au 16 décembre plusieurs séries de photos réalisées entre 1991 et 2011 par Bernard Plossu à Marseille. J’y ai découvert la ville sous un angle original, mon œil s’est posé sur des lignes nouvelles, et j’ai aimé (comme souvent) me regarder le nombril le temps d’une expo, pourquoi le nier ?

J’adore les expos photos, et j’adore les expos sur Marseille, celle-là était donc un passage obligé une semaine après son ouverture. Ce que je ne savais pas, c’était que Plossu travaille le noir et blanc. C’est donc un traitement original de Marseille que j’ai découvert. On vante souvent les couleurs de Marseille et de Provence, les photographes comme les peintres ou les cinéastes aiment montrer le bleu, le jaune, le rouge, les épices, les étoffes, les brillants, le criard de cette ville. L’explosion de couleurs absorbe normalement le regard que l’on pose sur les représentations de Marseille.

Plossu n’est pas de ceux-là, « je ne suis pas un photographe du midi » dit-il dans une vidéo à voir en dernière salle. Cette fois, on voit les formes ! Les lignes d’une passerelle d’autoroute, l’enchevêtrement des chemins de fer, l’encadrement d’une fenêtre ouverte sur la mer, le découpage des collines… Mais aussi la lumière ! Une fois neutralisées les couleurs, on a comme une ambiance de soleil d’hiver, des reflets, des contre-jour, l’éblouissement des après-midi d’automne lorsque le soleil est bas et qu’on marche face à lui.

Son traitement permet aussi de sortir des clichés, voir les phares de voiture sous la pluie, ne plus savoir s’il fait beau ou pas, comme parfois très tôt le matin quand le ciel n’est pas encore bleu et qu’on ne sait si c’est un mur de nuage ou un ciel immaculé. On découvre aussi la Marseille brumeuse comme sur cette photo de sortie de la Major, les grandes portes sont ouvertes sur le blanc des immeubles d’en face, nous sommes dans l’obscurité de l’intérieur, éblouis par la lumière, mais une lumière que l’on devine amplifiée par la brume du large qui entre dans le port.

Et au-delà du traitement graphique noir et blanc, il y le contenu des photos. Le regard d’un photographe « promeneur » qui a arpenté la ville pendant 20 ans, et pas 20 ans au hasard. De 1991 à 2011, cette période qui correspond au début de l’expression d’un désir de reconquête du centre-ville, aux années Gaudin, à « Comme un aimant », à Munich 93, à Euroméditerranée… Cette collection de clichés montre ce Marseille des années 90 et 2000, le Marseille que j’ai connu depuis minot. Elle donne à voir ce que certains appelleraient ses « mythologies ».

Les mythologies de Marseille… Il y a les éternelles : la mer, les collines, l’horizon, les îles, la Bonne Mère, les clochers de quartiers, le bateau entre ou sort du port. Et puis il y a celles qui correspondent à l’époque, celles que j’associe intimement à Marseille, mais pas forcément mon grand-père. Dans le désordre, j’ai reconnu le cube noir du métro, la voiture chargée qui part ou revient du bled, les immeubles abandonnés, les bars tabac de quartier aux noms improbable (voir « Le Café Chic »), les travaux, les autoroutes urbaines et leurs passerelles, et bien sûr, partout : des voitures !

Originale, cette expo m’a plu d’un point de vue photographique, le traitement, les cadrages, on n’a pas l’habitude de voir la ville comme ça. Mais ce qui m’a touché, c’est de voir « mon » Marseille et ses icônes urbains, ce qui fait que je sais instantanément que la photo a été prise ici.

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