Marseille attractive

Billet de blog
le 24 Jan 2022
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Marseille attractive
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Cette semaine, l’alerte de la procureur contre le mythe de « l’argent facile » lié au trafic de drogue

À l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, la procureur, Dominique Laurens, a souligné la hausse de la criminalité à Marseille : 36 règlements de compte en 2021 et une recrudescence globale des crimes (+18%) dans un contexte de tensions sur les moyens de la justice et d’expérimentation de la méthode du « pilonnage ». C’est pourtant un drôle de détail qu’a retenu cette dépêche AFP reprise par les sites du Figaro, BFM TV, Le Parisien, Ouest France et ceux de la PQR.

« Une chose qui me paraît très inquiétante, c’est le maintien de l’attrait de cette ville dans ce volet de trafic de stupéfiants pour des jeunes mineurs en provenance d’autres régions de France (…) [ndla. Nous soulignons]. Il faudrait que nous arrivions collectivement à casser ce mythe, que véhiculent d’ailleurs d’une manière très décomplexée les trafiquants de stupéfiants, de ‘venez à Marseille, c’est facile, c’est simple, c’est sans danger et regardez je vous expose ma liasse de billets et tout ce que je peux avoir grâce au trafic de stupéfiants’  »

Les vendeurs de stupéfiants, voilà une cible inattendue de l’attractivité territoriale. On connaissait les logiques de marchés perméables au trafic, non seulement dans la relation sociale de la transaction, la fixation des prix, les calculs de rentabilité. Une attention plus récente s’est portée sur les initiatives marketing des revendeurs qui diffusent leurs spots de publicité sur les réseaux sociaux et affichent les tarifs sur un tableau dans l’espace public. Les réseaux de distribution seraient désormais en concurrence pour attirer le travail à une échelle inter-régionale. On a le souvenir, mais sans en retrouver la trace, de ce reportage faisant le portrait d’une de ces petites mains venues de Lyon entre deux confinements pour une pige auprès d’un réseau des quartiers Nord. Un CDD option chouffeur et le métier de dealer qui se saisonnaliserait : janvier, serveur à la Joyeuse Fondue ; juillet, réceptionniste au Best Western ; et novembre, au charbon.

On ne sait rien de la réalité de ce phénomène ; sans doute que la procureur dispose d’éléments, mais avec sa reprise médiatique on assiste peut-être à la naissance d’un autre mythe. Non pas celui de « l’argent facile » qu’elle essaie de chasser – et à juste titre, comme le montrent les enquêtes journalistiques et sociologiques – mais celui selon lequel les territoires, par l’intermédiaire des organisations criminelles, se livreraient à une compétition pour la captation d’une main d’œuvre mobile spécialisée dans la revente de la drogue. Et à ce jeu, la ville serait particulièrement attractive.

 

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