Une semaine après

LIRE LE PREMIER TOUR DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE À MARSEILLE

Billet de blog
le 30 Avr 2017
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Le premier tour de l’élection présidentielle a eu lieu dimanche dernier. « Marsactu » a proposé une « carte électorale des candidats à Marseille », au cours d’un entretien avec le politiste J. Gombin, et je voudrais aujourd’hui une autre lecture de ces résultats, qui rejoint en grande partie les analyses de J. Gombin, mais qui les complètent, en particulier en les comparant avec les résultats de l’élection de 2012.

Je me propose de lire les résultats obtenus dans la ville de Marseille par les candidats y ayant obtenu le plus de voix. Ceux que l’on appelle les « petits candidats », ou n’étaient pas candidats en 2012 (c’est le cas de F. Asselineau et de J. Lasalle) ou ont connu une très faible variation de voix (N. Arthaud et P. Poutou pour l’extrême gauche et de J. Cheminade).

La participation électorale à Marseille

Par rapport à l’élection présidentielle de 2012, où elle était de 379 000 voix sur 484 000 (environ 78 %), la participation a baissé, puisqu’elle se monte, en 2017, à 372 000 voix sur 500 000 (environ 74 %). Cela peut avoir deux significations : la première est que les électeurs de Marseille se sentent mal représentés par les institutions de leur pays, ce qui se manifeste aussi par le recul des grands partis et par la montée de J.-L. Mélenchon qui se situe en-dehors des partis traditionnels (encore faut-il attendre le résultat du second tour) ; la seconde signification de ce recul peut être l’expression d’une inquiétude sur l’avenir économique de la ville et, en particulier, de l’emploi, et, ainsi, d’une forme de discrédit des institutions et des pouvoirs nationaux ou de manque de confiance envers eux.

Le résultat de J.-L. Mélenchon à Marseille

Sans doute est-ce le point le plus important à relever. J.-L. Mélenchon a obtenu le plus grand nombre de voix (90 847), devant tous les autres candidats (la candidate arrivée immédiatement après, M. Le Pen, n’a obtenu que 86 633 voix). En plaçant en tête des candidats celui de la France insoumise, les électeurs marseillais ont manifesté quatre opinions politiques dont il convient de tenir compte. La première est simple : alors qu’en 2014, ils ont élu une municipalité de droite, c’est la France insoumise qui domine le premier tour. Cela signifie un changement politique important. Que la gauche supplante ainsi la droite libérale et même l’extrême droite, cela peut s’expliquer de trois façons. D’abord, Marseille rejette la politique engagée depuis 2012 par le P.S. et par F. Hollande, alors que ce dernier était arrivé en tête en 2012. Ensuite, ce rejet ne s’exprime pas par un vote dominant à droite, mais par le choix du candidat de la gauche que j’ai envie d’appeler la gauche réelle, au détriment de la gauche artificielle, celle du P.S. La seconde explication tient à la situation économique et sociale de la ville, et, en particulier, à la question de l’emploi qui suscite une véritable angoisse et à la question du développement économique de l ville qui suscite une inquiétude sur l’avenir. C’est la gauche de J.-L. Mélenchon que les électeurs marseillais ont considérée comme la mieux à même de mettre fin à cette inquiétude.

Le résultat de la droite à Marseille

La droite radicale, si l’on ajoute le nombre des voix obtenues par M. Le Pen et par N. Dupont-Aignan (qui a manifesté son engagement en sa faveur pour le second tour), a obtenu à Marseille environ 97 000 voix, alors qu’elle en avait obtenu un peu plus de 83 000 en 2012 et 60 500 aux municipales de 2014. Il s’agit ainsi d’une augmentation réelle qui, elle, peut donner à réfléchir sur le devenir des partis de droite libérale dans la ville. On peut expliquer cela de trois manières. D’abord, sans doute faut-il se rappeler qu’en élisant J.-C. Gaudin comme maire, la ville a choisi une figure extrême de la droite libérale. Par ailleurs, ce résultat manifeste, une fois de plus, la force de la présence de la droite radicale dans la ville, aujourd’hui répartie entre M. Le Pen et N. Dupont-Aignan. Il s’agit d’une sorte de confirmation d’une évolution politique constatée depuis un certain temps déjà. Une troisième explication de ce résultat de la droite radicale correspond à une sorte d’évolution de la droite libérale : comme dans le reste du pays, une partie sans doute non négligeable des électeurs de N. Sarkozy et de F. Bayrou se sont reportés en 2017 sur la candidature d’E. Macron. Il s’agit d’une sorte de mutation des expressions et des représentations de la droite libérale.

Le P.S. à Marseille

Enfin, comme dans le reste du pays, le candidat du P.S., B. Hamon, obtient, dans la ville, environ 47 500 voix, alors qu’en 2012, F. Hollande avait obtenu, au premier tour, presque 105 000 voix. Il s’agit d’une réduction d’un peu plus de la moitié, des électeurs du P.S. se reportant sur la candidature de J.-L. Mélenchon et d’autres sur celle d’E. Macron. Cette déroute du P.S., dans une ville dont le maire fut longtemps G. Defferre permet, sans doute, de mieux comprendre la signification réelle de l’engagement socialiste de ce dernier. Plus que d’un engagement pleinement socialiste, il s’agissait d’un engagement plus proche de la social-démocratie, ce qui permet de comprendre qu’E. Macron soit arrivé, dans la ville, en troisième position, obtenant presque 75 000 voix.

Pour conclure

Il est trop tôt, alors que nous ne sommes qu’entre les deux tours, pour tirer des conclusions sur ces résultats du premier tour. On peut cependant y percevoir deux lignes dominantes de l’orientation de la vie politique marseillaise. La première est la mutation de la gauche : à Marseille comme ailleurs en France, sans doute sera-t-il important pour la gauche de réunir une forme de front populaire réunissant la France insoumise, la gauche du P.S. et le Parti communiste, en particulier dans la perspective des élections municipales de 2020. La deuxième observation que l’on peut faire sur ces résultats est la persistance de la force à Marseille du Front national. Le P.C.F. et les Insoumis ont encore tout un travail à poursuivre dans la ville pour parvenir à faire reculer ce parti, et pour retrouver leurs électeurs partis vers le F.N.

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