Le mariage gay d’Aix et Marseille

La France débat, les conservateurs s’agitent, le gouvernement veut autoriser un mariage considéré « contre-nature » par certains… le mariage gay ? Mais non, bien pire, la métropole Aix-Marseille ! Chacun ses sujets de préoccupation. En France, la loi sur le mariage gay fait perdre la raison à plus d’un politique, ici, c’est la grande méchante métropole qui fout des frissons dans le dos.

Le débat est revenu agiter la région depuis que le Ayrault nantais s’est mis en tête de sauver le soldat Marseille. Après des mois d’âpres négociations, marseillais, aixois et leurs amis avaient réussi à se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun : un pôle métropolitain. On allait lentement mais sûrement vers pas grand-chose :« il fallait bien que tout change pour que tout reste pareil ».

Des élections nationales sont passées par là, la poudre et une élue des quartiers nord ont parlé, et bim, Marseille se retrouve catapultée « priorité nationale », exit le pôle métropolitain, retour en grâce de la métropole. Et fissa !

Sauf que depuis, pas une semaine sans qu’un élu des Bouches-du-Rhône n’organise son meeting anti-métropole, s’oppose, se réunisse, écrive à un ministre… Cet épisode m’inspire trois points.

D’abord je regrette l’attitude de nos élus. Incapables de se mettre d’accord sans que papa-état vienne lui dire comment faire : ce débat est un aveu d’irresponsabilité qui donne des billes à tous les jacobins de France. Comment aller réclamer des prérogatives supplémentaires lorsqu’on est incapable de s’émanciper de Paris ? Mais il n’y a pas que ça.

Eugène Caselli n’a pas joué franc jeu, ce qui n’arrange rien dans la négociation qui doit de toutes manières avoir lieu avec les autres élus. Il a d’abord soutenu le pôle métropolitain, puis s’est soudainement rangé du côté du gouvernement et de la métropole. Je comprends qu’il soit favorable à la métropole, mais il eût été inspiré de l’être dès le début ! Comment créer un climat de confiance en jouant un jeu opportuniste ?

Deuxièmement, il me semble que l’on n’avait jamais vu autant de gens différents d’accord dans cette région ! Les photos des réunions PS-PC-UMP anti-métropole montrent que les provençaux sont bien capables d’avancer ensemble… mais contre l’un d’entre eux ! Marseille n’est pas la capitale naturelle de cette région, ou en tous cas, ne peut pas prétendre être considérée comme telle. S’ils veulent réussir en Provence, les français devraient nous offrir la possibilité de nous structurer différemment. Certains pays ont une capitale économique et une capitale politique. Peut-être que la métropole pourrait se faire plus facilement en isolant le pouvoir politique de Marseille pour le ramener là où fut exercé pendant des siècles : Aix.

Enfin, il faut essayer d’être malin dans ce contexte délicat. Marseille fait peur à ses voisins, écoutons ces craintes au lieu de vouloir passer en force. Et c’est la responsabilité de Marseille – qui ambitionne d’être le leader de ce territoire – de faire ce travail de pédagogie, et pas au gouvernement. Le mot « métropole » gêne, et bien soyons au-dessus des mots. Peu importe le nom du moment que la gouvernance permet d’avancer sur les projets stratégiques ! Et sachons hiérarchiser, quel est le plus important ? Qu’une gouvernance unique existe ? Alors tout le reste est négociable. Pour ma part, je proposerais qu’un élu dans une des communes ne puisse pas cumuler avec la métropole, et que le Président ait obtenu la majorité des suffrages dans au moins la moitié des communes prises séparément pour éviter que le choix des marseillais soit systématiquement imposé à l’ensemble.

Voilà ma maigre contribution au débat, j’attends vos impressions, idées et points de vue avec impatience !