L’ADN de Gaudin : la privatisation

Billet de blog
par Tarama
le 1 Mai 2020
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Le long règne électif de Jean-Claude Gaudin aura été marqué par la privatisation des espaces et du patrimoine publics marseillais. Accolons à son nom, dans un souci de justice, tous les membres de sa majorité, qui voudraient parfois s'en dissocier aujourd'hui pour mieux se faire (ré)élire : Vassal, Muselier, Tian, Gilles, Boyer, et tant d'autres...

L’ADN de Gaudin : la privatisation
L’ADN de Gaudin : la privatisation

L’ADN de Gaudin : la privatisation

De la vente de l’Hôtel Dieu au partenariat public-privé (PPP) du stade Vélodrome, de la Villa Valmer au siège de la RTM, pour ne citer que les cas les plus emblématiques… c’est une part importante du patrimoine public marseillais qui aura (souvent) été bradée au privé, durant les 25 ans de mandat de Jean-Claude Gaudin.

Patrimoine public qui aurait pu accueillir des établissements relevant de l’intérêt général : qui un lieu culturel, qui un lieu associatif, qui un parc,… Ce ne sont pas les besoins qui manquent dans une ville déficitaire en tout (sauf en voracité et intérêts immobiliers).

Un des derniers projets en cours est symbolique à bien des égards de l’ADN de cette municipalité.

“ADN Borély, parc privé”

ADN, c’est justement le nom du projet : “ADN Borély, parc privé”.
Tout est dit dans cette intitulé, sans que l’on sache s’il s’agit d’un sans-gêne insolent, ou si les promoteurs et leurs communicants prennent un malin plaisir à trouver ce genre de nom, comme un bras d’honneur à l’idée même de bien public.

Publicité 4×3 ADN Borély

“Borély, parc privé”. Car oui, ce projet jouxte le parc Borély, et les terrains concernés auraient pu constituer une extension du parc (au lieu d’aller prendre sur l’hippodrome qui reste un espace non bâti, par exemple). Mais, au contraire de cela, il va rejoindre la longue liste des abords du parc Borély qui ont été bétonnés sous le mandat de Jean-Claude Gaudin : ancien camping, hôtel “villa Massalia”, terrain du supermarché du David,…
Il y aurait eu de quoi agrandir le parc, et même réaliser une grande “coulée verte” jusqu’à Dromel le long de l’Huveaune, avec ce dont a hérité cette équipe municipale en 1995.

Las, tout aura été bétonné.

Les 2,5 ha du futur “parc privé Borély”, anciens terrains publics. Source : Geoportail / IGN, légende Marsactu 2015.

Une innovation tout de même, le nom de l’architecte-star Jean-Michel Wilmotte (“l’architecte favori des grands patrons “, selon le magazine Challenges en 2014), aura cette fois été accolé à celui de l’ami du maire, Didier Rogeon, dont le style lourd est parfaitement reconnaissable sur les 360° qui bordent le parc (façade maritime en moins), probablement afin de vendre un peu plus cher encore le programme.

“Une adresse exclusive”. Le luxe pour quelques uns, au détriment de tous.

Ce sont près de 300 logements qui vont pousser sur ces 2,5 ha auparavant occupés par le siège de la RTM et des services de la Ville de Marseille, terrains qui auront donné lieu à de riches transactions (pour le privé), dans un jeu de bonneteau dont les collectivités locales et organismes publics ont le secret, très souvent au détriment du bien… public, justement.

Avant : “Bienvenue à la RTM”

Aujourd’hui : “Propriété privée. Parking réservé à la clientèle”

Le transfert “précipité” du siège de la Régie des Transports Marseillais, pour aller remplir un immeuble d’Euroméditerranée qui ne se vendait pas, rappelle celui des services de la métropole pour permettre l’édification de la tour “la Marseillaise” de Jean Nouvel (autre star hexagonale de l’architecture), une fois les banques rassurées par la manne providentielle d’argent public. Ces tours de passe-passe avaient longuement été documentés par Marsactu à l’époque.

“Ville de Marseille. Direction générale de la protection et de la prévention”.

Le terrain mitoyen de l’ancien siège de la RTM, recevant une direction de la Ville de Marseille, a lui aussi été vendu pour permettre un projet de taille plus grande encore.

Une maison de retraite, une crèche et une école privées

Ce projet accueillera une maison de retraite, une crèche et une école… privées.

Et c’est en cela qu’il est bien l’archétype de l’ère Gaudin. En effet, dans un quartier aux équipements scolaires saturés, où le promoteur Nexity prévoit de construire de son côté 400 logements dans son programme plus-vert-que-moi-tu-meurs “Art’chipel”, à quelques centaines de mètres de là, rue Callelongue, auxquels s’ajoutent des programmes plus “petits” de plusieurs dizaines de logements chacun (nous avons ainsi décompté près de 800 logements près à sortir de terre, sans garantie d’exhaustivité),
ce sont bien une crèche et une école privées qui sont prévues par la Ville pour faire face à l’augmentation des besoins dans ce domaine, dans un huitième arrondissement déjà “richement” doté en établissements (privés) de ce type.

Près de 300 logements sur 2,5 ha

Mais au fait, que signifient les initiales de ce projet ?
Architecture Durable Nature… le retour des promoteurs menteurs.

“Architecture Durable Nature” : le grand mensonge immobilier.

Vente de terrains et bâtiments publics au profit des copains du privé, bétonisation des espaces verts, construction d’école et crèche privées : “ADN Borély, parc privé” constitue bien l’ADN de la municipalité actuelle, une sorte de final en apothéose même.

Privatisation, béton, vidéosurveillance : l’ADN du gaudinisme.

Fin repoussée de quelques mois par la crise sanitaire covid-19, et dont le report des élections qui ont vu l’héritière, au patrimoine génétique-politique similaire, Martine Vassal, être mise en ballottage, ne permet pas de connaître la suite. Même si, en tout état de cause, pour les abords du parc Borély, il est déjà trop tard.

Commentaires

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  1. Jacques89 Jacques89

    La privatisation c’est surtout l’ADN de l’Europe. L’évolution progressive du code des marchés publics intégrant les partenariats public/privé et sa disparition en 2016 au profit du code de la commande publique ont fait la preuve de la puissance des multinationales sur les politiques publiques. Si Gaudin en est un artisan, il le doit probablement aux financements qui le placent finalement au rang d’exécutant. Au delà des magouilles locales, c’est surtout la question de la nécessité de voter qui est posée.

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  2. Alceste. Alceste.

    Il ne vous pas échappé que nous étions en Europe et que nous en sommes une partie primordiale avec l’Allemagne.Politiquement et économiquement.
    Sauf que nous considérerons aux reflets du vote français que nous apprehendons cette Union comme totalement exogène par le niveau d’abstention et de la vision que nous pouvons en avoir, votre réflexion: c’est la faute à l’Europe est d’ailleurs assez éclairante. L’UE n’est pas parfaite, loin s’en faut mais notre désintérêt à fait d’elle ce qu’elle est. Pour en revenir à Marseille, ce n’ est pas la faute de Bruxelles si nous avons des élus affairistes et douteux. C’est bien nous qui les avons mis au pouvoir par nos votes, notre désintérêt abstentionniste. Je ne fais pas partie de ces deux catégories, mais le résultat est là.
    Le sport local de la magouille immobilière anime ce microcosme mêlant élus, promotion immobilière et le BTP,face à cela la question du vote ne se pose pas. La réponse est évidente.

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  3. Kitty Kitty

    Bonjour, au sein du collectif Nos Quartiers Demain nous avons eu à affronter le même type de projet sur un terrain de 2ha. Après la phase d’opposition, nous avons travaillé sur un projet alternatif dont la philosophie va prochainement être présentée à nos partenaires (dont les autres collectifs marseillais avec lesquels nous travaillons depuis le début). Savez-vous s’il existe un collectif qui souhaite faire face à ce projet ? Nous pourrions entrer en contact.

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    • Tarama Tarama

      Bonjour Cécile, merci pour votre commentaire.
      A ma connaissance il n’y a pas eu d’action de groupe contre ce projet, malgré la médiatisation qu’il a connu (puisqu’il s’agit de la privatisation de terrains publics).
      Et seul le confinement a probablement empêché le début des travaux, qui devaient commencer “au premier trimestre 2020”.

      Votre collectif a-t-il un site internet ?

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