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La RTM déménagée précipitamment avant la métropole

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le 20 Nov 2015
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Les élus de MPM doivent valider ce vendredi le déménagement du siège de la RTM dans un immeuble d'Euroméditerranée, pour céder la place à un projet immobilier. Cette opération ne permettra pas de faire des économies et se fait dans la précipitation pour forcer la main à la métropole, critique un élu d'opposition.

DR Foncière des régions
DR Foncière des régions

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17 530 m² en plein cœur du 8e arrondissement, le long de l’Huveaune, non loin du parc Borély. C’est le terrain de choix qu’occupe actuellement le siège de la RTM. Ce vendredi, la communauté urbaine de Marseille, son autorité de tutelle, doit voter son déménagement sur Euromed Center, un programme d’Euroméditerranée face au Silo. Selon la délibération, des bureaux “correspondant de façon optimale aux besoins de la RTM” ont été opportunément trouvés dans l’immeuble L’Astrolabe, comme l’avait révélé La Provence. Montant du bail de neuf ans pour ces 4800 m² : 1,2 million d’euros annuel. S’y ajoutera le contrat qui est proposé au vote dans un mois pour des locaux supplémentaires (1 400 m²) dans l’immeuble voisin Le Calypso.

Ce déménagement sera validé en bureau, un conseil restreint composé du président, des vice-présidents, des maires et des présidents de commission. Les débats n’y sont pas publics et c’est donc en séance plénière qu’interviendra Vincent Coulomb (PS) ce vendredi matin. “La location est la plus mauvaise solution, justifie-t-il. Il aurait été plus intelligent de monter un projet de nouveau siège, même s’il faut pour cela s’endetter un peu. Quitte à payer plus d’un million d’euros par an, autant que ce soit pour rembourser un emprunt et ensuite être propriétaire.” On retrouve là les termes du débat sur le déménagement des services de MPM dans la tour La Marseillaise, sur le même périmètre d’Euroméditerranée. À l’époque, c’est le socialiste Eugène Caselli, dont Vincent Coulomb était vice-président aux finances, qui défendait ce projet…

À la décharge de la communauté urbaine, à 200 euros le mètre carré, le bail conclu est attractif. Du moins pour des bureaux neufs sur le périmètre Euroméditerranée. Selon plusieurs études de cabinets spécialisés (DTZ, BNP Paribas Real Estate, Keops Collier International…), les loyers sur ce secteur se situaient déjà en 2012 à plus de 200 euros, avec des pointes à 270 euros.

Une opération immobilière commune avec la Ville

Mais la délibération ne fait pas mystère de la raison principale : le terrain de la RTM “présente un potentiel particulièrement intéressant, car susceptible de faire l’objet à court terme d’un projet de valorisation immobilière conjoint avec la Ville de Marseille propriétaire d’une parcelle voisine”. Interrogé, le maire des 6e et 8e arrondissements Yves Moraine (Les Républicains) approuve cette logique :

“Je considère que ces terrains ont vocation à permettre de créer du logement et pas à abriter le siège administratif de la RTM, qui aurait davantage sa place sur Euroméditerranée.”

Mais l’élu refuse de s’exprimer sur le déménagement en lui-même. “Je n’ai pas étudié le dossier, dont je ne suis pas partie prenante”, élude-t-il. Contactée, Marseille Provence métropole n’a de son côté pas donné suite à notre demande d’entretien. Selon les calculs de Vincent Coulomb, le produit de la vente sera vite évaporé : “Ça devrait nous rapporter entre 10 et 12 millions d’euros. Sur la durée du bail, on aura payé autant en loyers et on devra continuer à en payer ensuite.”

Mais ce montant ne prend pas en compte la parcelle voisine mentionnée dans la délibération, qui appartient à la mairie de Marseille. Contrairement au siège de la RTM, ce terrain municipal est actuellement inutilisé. Le service Prévention et gestion des risques qui l’occupait a déménagé en 2013 au centre de supervision urbaine, avenue Roger-Salengro (3e). D’une superficie de 9 418 m2, il était déjà pressenti pour accueillir des logements en 2012. La mairie avait alors demandé à MPM de redessiner les lignes de leurs propriétés respectives afin de faciliter la réalisation d’un projet.

Sur ce terrain, le plan local d’urbanisme autorise des immeubles allant jusqu’à 16 mètres de hauteur. “L’idée d’un programme immobilier à cet endroit court depuis longtemps”, confirme Yves Moraine. Mais à ce jour aucun projet précis n’existe, assure-t-il. Contactés, deux comités d’intérêt de quartier voisins disent ne rien savoir du devenir des terrains. Une chose est sûre : une vente groupée pourrait rendre l’opération encore plus intéressante pour la Ville.

Source : Geoportail / IGN, légende Marsactu.

Remplir les bureaux d’Euroméditerranée

Pour Vincent Coulomb, c’est peut-être ce qui explique “cette précipitation, afin que le vote intervienne avant le 1er janvier et la création de la métropole”. Pas sûr en effet que les voisins de Marseille voient d’un bon œil cette opération plus favorable aux finances de la mairie qu’à celles de l’intercommunalité. Une fois que la RTM sera logée pour 9 ans sans possibilité d’annulation, les élus métropolitains se retrouveront les mains liées.

Précipitation pour le vote, mais aussi pour l’emménagement : le bail de la RTM dans l’Astrolabe démarre en avril prochain. Pourtant, la régie des transports aurait pu rester bien plus longtemps en place. Un appel à projet de la mairie et de MPM, qui paraîtrait logique vu l’ampleur des terrains cédés, mettrait déjà quelques mois avant qu’un promoteur soit choisi. Celui-ci devrait ensuite déposer un permis de construire, qui après examen et validation par les services municipaux, serait susceptible de recours. Soit à la louche et a minima 2 à 3 ans avant que le projet aboutisse. Et donc au bas mot 3 millions d’euros de loyers qui auraient pu être économisés.

On ne peut alors s’empêcher de penser à un autre argument, absent de la délibération : assurer l’essor de l’opération Euroméditerranée en y remplissant des bureaux. Livré en début d’année, L’Astrolabe n’est commercialisé qu’à 60% selon La Provence. Avec les 35% réservés par la RTM – qui prendra aussi 15% de La Calypso – cet immeuble serait quasiment occupé. À noter qu’un autre acteur public de poids, l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée, y occupe déjà 15% des surface.

Cette logique d’amorçage – pour ne pas dire de rentabilisation des investissements – était clairement assumée pour la tour La Marseillaise, mais aussi l’îlot Allar, où la ville de Marseille construit des locaux pour 37,6 millions d’euros. Propriétaire de L’Astrolabe et La Calypso aux côtés du Crédit Agricole, la Foncière des régions a aussi récemment acheté une partie de la rue de la République. Ce qui en fait un acteur à choyer ?

Rectificatif le 21 novembre 2015 à 13h45 : comme nous l’a signalé le président Guy Teissier et contrairement à ce qui a été indiqué dans un premier temps, des élus de gauche participent au bureau. En effet comme l’écrit le règlement intérieur de MPM, “le bureau de la communauté urbaine est une instance de décisions dotée d’un pouvoir délibératif. Il est représentatif non seulement des communes de la métropole mais également de la diversité des compétences propres aux Communautés urbaines tout en respectant l’expression pluraliste des élus.”

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Curieux, ce refus de MPM de répondre aux questions de Marsactu comme à celles de La Provence sur cette opération menée dans l’urgence et, apparemment, sans la moindre prise en comptes des besoins de la RTM, dont le futur siège serait coupé en deux. Serait-ce parce que les motifs de celle-ci ne sont pas avouables ?..

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  2. leravidemilo leravidemilo

    Exemple supplémentaire, et fort probant de la gestion “désintêréssée” de l’argent public(des autres) par nos édiles marseillais, au profit de quelque kaufman and broad ou fond de pension… et pour assurer les arrières de la formidable opération urbaine d’euroméditérranée; la ville de demain se commercialise fort lentement, ça se bouscule pas au portillon, guère plus que pour la rue de la république… Au passage , on se valorise la “parcelle”, et la métropole paiera les 9 ans de loyer, puis paiera encore et encore… Aller, on fait les cartons; Ça urge!

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