LA MÉTROPOLISATION ET LES ÉLECTIONS MUNICIPALES

Billet de blog
le 18 Août 2019
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Les élections municipales ont lieu demain

 LA MÉTROPOLISATION ET LES ÉLECTIONS MUNICIPALES

 Par une sorte de déni, la métropolisation, fait à la fois politique, institutionnel et urbain, semble n’avoir pas eu d’incidence réelle sur le déroulement des élections municipales et sur la campagne qui s’engage. Prenons le temps de la réflexion à ce sujet.

 Limitation des compétences et des pouvoirs des municipalités

Sans doute s’agit-il de la première incidence de la métropolisation sur les municipalités, et, par conséquent, sur les enjeux des élections municipales : des pans entiers de la politique de la ville ont été peu à peu transférés aux autorités des métropoles, ce qui a pour incidence de réduire les pouvoirs des municipalités. Même s’il s’agit d’un fait ancien dans certains domaines comme celui des transports en commun et de la politique de la circulation, il n’a cessé de s’amplifier. Dans une ville comme Marseille, dont la métropole finit par se confondre avec le département, la métropolisation a des incidences considérables sur la gestion et la régulation des transports en commun, mais aussi dans d’autres domaines comme celui de la santé et des hôpitaux ou celui de la formation et de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans de nombreux domaines, les pouvoirs d’une ville comme Marseille sont nécessairement peu à peu partagés avec les villes, parfois importantes comme Aix, qui font partie de la métropole.

Des pouvoirs désignés au suffrage indirect

Cet accroissement des pouvoirs des métropoles a une conséquence immédiate : les pouvoirs ainsi accrus des métropoles sont dévolus à des autorités, à des institutions, qui ne sont pas désignés lors des élections municipales, mais qui le sont par les municipalités faisant partie de la métropole. Ce sont ces dernières qui restent, elles, désignées lors des élections municipales. Dans ces conditions, les pouvoirs des élus se situent dans une sorte de brouillard, de confusion : on ne sait pas très bien ce que seront les pouvoirs réels des acteurs désignés lors des élections municipales et on sait encore moins ce que seront les pouvoirs métropolitains issus de la désignation des exécutifs municipaux désignés lors des élections. Cela entraîne une forme de confusion – j’emploie à dessein le terme « brouillard » – dans les mandats que nous allons confier aux acteurs politiques que nous choisirons lors des élections municipales.

De nouvelles identités politiques

De la même façon que les métropoles constituent des espaces politiques nouveaux qui se distinguent des municipalités qui les forment,  les métropoles donnent naissance à de nouvelles identités politiques : il s’agit à la fois de nouveaux pouvoirs, de nouveaux acteurs et de nouveaux engagements. D’une certaine manière, la reconnaissance de nouveaux pouvoirs, pus étendus, aux métropoles tend à faire davantage les espaces institutionnels et la réalité des espaces économiques et culturels qui constituent les métropoles. Si les métropoles fondent la politique de la ville sur de nouvelles identités politiques, cela permet sans doute de faire mieux correspondre les espaces de pouvoir et la réalité des espaces urbains. Cela permet de fonder, désormais, la politique de la ville sur de nouveaux espaces, mais aussi sur de nouveaux pouvoirs et sur de nouveaux acteurs. Sans doute aussi la métropolisation doit-elle nous engager à exprimer un nouvel imaginaire politique urbainet, sans doute aussi, de nouvelles logiques de prévision et de planification. C’est à cela qu’il nous faut réfléchir alors que s’engage la campagne électorale.

De nouveaux projets politiques

Ce sont, en réalité, de nouveaux projets politiques qui vont se manifester, s’énoncer et se confronter les uns aux autres dans le débat public engagé dans la perspective des élections municipales. Dans une ville comme Marseille, on ne peut plus dissocier les projets urbains des candidats aux élections municipales des projets de développement de la métropole. Il importe, désormais, de penser la prévision et le projet à une échelle différente de celle qui dominait le débat public jusqu’aux dernières élections municipales. Cette nouvelle échelle, ces nouvelles dimensions de l’espace politique et des identités politiques marseillaises font d’autant plus apparaître l’inadéquation de l’espace électoral, le fait qu’il ne correspond plus pleinement à la réalité de l’espace politique. C’est de cela qu’il importe de parler pour repenser l’espace du débat public et l’aire des pouvoirs qui sont en jeu à l’occasion de ces élections municipales.

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