Instant tunisien, les archives de la Révolution

Idées de sortie
le 19 Juil 2019
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En haut du Fort Saint-Jean, dans la Galerie haute des officiers, l’exposition Instant tunisien. Les archives de la Révolution propose de revivre les vingt-neuf jours de la révolution tunisienne menant à la chute de Ben Ali. Les documents ont été collectés par le réseau Doustourna en collaboration avec plusieurs institutions publiques nationales tunisiennes, avec l’envie "d’éviter que cette histoire se perde, qu’elle soit réécrite, déformée, ou instrumentalisée".

Instant tunisien, les archives de la Révolution
Instant tunisien, les archives de la Révolution

Instant tunisien, les archives de la Révolution

Le 14 janvier 2011, le président Zine El-Abidine Ben Ali fuyait la Tunisie après vingt-trois ans de règne sans partage. L’aboutissement d’un processus commencé vingt-neuf jours plus tôt quand, le 17 décembre 2010, un jeune marchand ambulant de la ville de Sidi Bouzid s’était immolé par le feu ; acte de protestation désespéré face à un système rigide et corrompu, qui allait, très vite, embraser l’ensemble du pays…

La révolution tunisienne est une révolution inédite à plus d’un titre. À l’ère de la communication numérique, elle a inauguré le mariage des nouvelles technologies et de la rue, introduisant un nouveau type de mobilisation, de nouveaux modes d’action politique, de nouvelles expressions artistiques.

L’exposition retrace les vingt-neuf jours de la révolution tunisienne depuis l’étincelle de Sidi Bouzid jusqu’à la chute du président Ben Ali. Elle s’appuie sur un vaste fonds d’archives composé de vidéos, de photos, de blogs, d’enregistrements sonores, mais aussi de poèmes, de slogans, de chansons et de communiqués émanant de la société civile, collectés par le réseau Doustourna en collaboration avec plusieurs institutions publiques nationales tunisiennes.

Mucem
Du 21 mars au 30 sept. : lun, mer, jeu, ven, sam, dim 11h-18h et 11h-19h Tlj (sf mar) 11h-18h (11h-19h du 2/05 au 6/07 & du 3/09 au 4/11. 10h-20h du 7/07 au 2/09)
5/9,50 € (billet famille : 12 €). Gratuit le 1er dimanche de chaque mois
http://www.mucem.org

7 promenade Robert Laffont
13002 Marseille
04 84 35 13 13

Article paru le mercredi 3 avril 2019 dans Ventilo n° 426

Quelques secondes avant de découvrir l’exposition, une ouverture magnifique sur la Méditerranée s’offre au visiteur. Un énième rappel, peut-être, de l’infime distance qui nous sépare de la Tunisie. Une fois entré dans la galerie, on découvre un lieu d’archive d’une richesse et d’une intensité remarquables.

Houria Abdelkafi et Élisabeth Cestor, les deux commissaires de l’exposition, ont choisi de mettre en avant l’importance des réseaux sociaux lors de ces mouvements contestataires, via des documents très “vivants et [qui] donnent chair au récit”. On peut y voir de nombreuses vidéos filmées par les manifestants à l’aide de téléphones portables. L’information se révèle brute et frontale, et on ne peut qu’être happé par la force des images qui viennent à nous. Chaque salle nous plonge dans une nouvelle étape de la révolution et nous aide à mieux comprendre les moments qui ont fait date. Petit à petit, on se familiarise avec les caricatures, graffitis, slogans et chansons nés pendant le mouvement. Dans la troisième salle, on peut par exemple lire des posts Facebook ou des pages de blogs sur des écrans d’ordinateurs. Par cette restitution des cyber cafés tunisiens, on comprend mieux comment s’est développé et organisé le mouvement contestataire. L’expérience s’avère presque immersive : on a l’impression d’y être, tout devient familier rapidement, ce qui facilite la compréhension du sujet. On ressort de la cinquième salle — intitulée De la grande clameur au jour d’après — avec l’impression d’avoir (re)vécu ce moment crucial de l’histoire moderne tunisienne. L’exposé est clair, pertinent et didactique. En quittant le lieu, le visiteur sera forcément enclin à penser aux actuels mouvements contestataires en Algérie ou en France. Cet Instant tunisien nous invite à questionner notre implication citoyenne et notre responsabilité en tant que spectateur de la violence et de l’injustice.

Christophe Huguenot

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