ESPACES, POUVOIRS, PRÉSIDENCES

Billet de blog
le 12 Juil 2020
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Martine Vassal a été élue présidente de la Métropole d’Aix-Marseille, quelques jours après que Michèle Rubirola eut été elle-même élue maire de Marseille. Cela nous amène à réfléchir aux relations entre els deux collectivités locales et à la place de l’une par rapport à l’autre

 

La question des pouvoirs

Sans doute est-ce la première remarque que l’on peut faire au sujet de l’élection de la présidente d’Aix-Marseille Provence : en ne se posant pas sa candidature à la présidence de la métropole, Michèle Rubirola entendait manifester le fait qu’elle n’avait pas l’intention de chercher à cumuler les pouvoirs. Alors que d’autres acteurs politiques auraient pu faire valoir qu’il était important, au contraire, de renforcer le pouvoir du maire du chef-lieu de la métropole en lui permettant d’avoir aussi l’autre autorité, la maire de Marseille entendait mettre en œuvre un réel partage des pouvoirs, à la fois entre la ville et la métropole et entre les dirigeants de ces collectivités locales. En ce sens, l’élection de la présidente de la métropole constitue, cette année, ce que l’on peut appeler un geste de démocratie. Mais cela n’enlève rien au fait que, comme le fait observer P. Isnard-Dupuy dans Marsactu[1], Martine Vassal n’a pas manqué de rechercher des soutiens pour être élue. Ainsi, cette confrontation entre Michèle Rubirola et Martine Vassal était aussi une confrontation entre une figure déjà ancienne de la politique marseillaise et une figure nouvelle, incarnant, avec le Printemps marseillais, un renouveau de la politique de la ville et de la métropole.

 

La confrontation entre Marseille et les autres villes de la métropole

Mais l’élection de Martine Vassal doit être située dans un contexte plus large, et, sans doute, plus ancien. Il ne s’agit pas seulement de l’élection d’une personnalité de droite confrontée à un autre candidat de droite, J.-P. Serrus, maire (L.R.E.M.) de la Roque d’Anthéron, et au candidat de la gauche, G. Charroux, maire (P.C.F.) de Martigues, mais il s’agit aussi, sans doute, d’une confrontation entre Marseille et les autres lieux de la métropole. Comme toutes les métropoles urbaines, Aix Marseille Provence est le lieu d’une forme d’antagonisme ancien entre la ville-centre et les autres villes de la métropole. Il s’agit, finalement, d’une manifestation, en quelque sorte locale, de l’opposition entre centralisation et décentralisation. L’élection de Martine Vassal a ainsi la signification d’un renforcement de l’identité de la ville-centre dans l’espace métropolitain. Sans doute, d’ailleurs, faut-il se situer aussi dans l’histoire : si, alors que d’autres grandes villes de France, Bordeaux, Lyon, Lille et Toulouse ont vu leurs « communautés urbaines » naître au milieu des années soixante, Marseille a mis autant de temps à instituer sa métropole, née en 2016, sans doute s’agit-il aussi d’une forme d’opposition à cette tendance centralisatrice à instituer des espaces métropolitains tendant à renforcer les pouvoirs des centres.

 

Repenser la métropole d’Aix-Marseille

Mais, en réalité, cette élection et les débats qui l’ont entourée sont surtout l’occasion de remettre en question la constitution même d’Aix Marseille Provence. C’est l’étendue de l’aire métropolitaine qu’il faut repenser, si l’on veut que la métropole se voie reconnaître une véritable légitimité. Pour qu’une métropole urbaine existe réellement comme une institution viable et utile, encore faut-il qu’elle soit fondée sur une véritable continuité dans l’espace, ce qui est, sans doute, le cas d’une métropole comme celle de Lille, en raison de l’existence ancienne d’un nœud urbain unissant Lille, Roubaix, Tourcoing et les autres villes de cet espace. À Marseille, l’histoire de la ville fait que la banlieue se trouve à l’intérieur de l’espace urbain de Marseille. En-dehors des villes situées dans la proche périphérie de Marseille et, peut-être, d’Aix, dont le lien à Marseille est ancien, comme le montrent la vie universitaire et les institutions judiciaires, les autres villes de la métropole n’ont rien en commun avec Marseille. Il faut entièrement repenser la métropole d’Aix-Marseille, pour que s’institue une métropole qui ait une vraie raison d’être économique et sociale et qui se fonde sur une véritable continuité territoriale entre les espaces d’activités et entre les espaces d’habitation. C’est tout l’espace métropolitain qu’il faut construire afin que cette métropole exprime pleinement une véritable identité. Mais ne nous leurrons pas : compte tenu de la situation de crise économique et sociale dans laquelle nous vivons, il y a, pour cela, une véritable urgence.

[1] Martine Vassal affiche ses soutiens pour assurer sa réélection à la métropole (Marsactu, 9 juillet 2020).

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