L’envers des corps

Idées de sortie
le 16 Fév 2018
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L’envers des corps
L’envers des corps

L’envers des corps

Adossé à l’effervescence évidente de la ville suscitée par le lancement de MP2018, la galerie 3013 (non subventionnée par l’événement) s’élancera avec une indépendance palpable sur le thème de l’amour toujours, lui offrant une approche résolument charnelle…

Servie dans un écrin de 300 m2 au charme brut et authentique, la rétrospective de l’artiste Denis Lucas apparait comme une déclaration d’amour à la vie. Artiste plasticien de formation, ce Normand installé à Peyrolles est désormais connu pour sa représentation de l’attraction à travers le minéral. Il présentera une partie de son œuvre sculpturale où l’art du shibari s’entrelace à la force du montjoie, définissant l’attirance, l’alchimie des forces et des corps. La pierre, « il l’aime, il veut la posséder, la tailler, la contraindre. Il lui fait mal, il se fait mal », décrit en 1986 l’historienne de l’art Nicole Tuccelli. Mais celle qu’il aime et qui le fascine bien plus encore sera ici au cœur du projet : la femme.

Il l’immortalise au détour de croquis, comme pour retenir l’instant, son essence, ses courbes et ses mouvements. On la retrouve sous plusieurs formes. À propos de ses peintures, Robert Pujades, historien et critique de la photographie, membre permanent des Rencontres de la photographie d’Arles, parle d’une dimension quasi chimérique : « L’évolution libre de la ligne dirige son errance vers des courbes qui pourraient amorcer un buste de femme et se prolonge en des sinuosités et des méandres qui révèlent l’esquisse d’un paysage. » Le regard à la fois féminin et viril de Denis Lucas laisse entrevoir sa fascination presque docile, cependant parfois plus animale, comme justifie sa représentation de la genèse signée de son regard singulier, coloré et enthousiaste, loin du pinceau de Courbet.

Denis Lucas renoue également avec ses premiers émois pour la photographie. On retrouve cette sensibilité sous forme d’analogie esthétique du charnel. Ce romantique peu conventionnel remet en question les dogmes de la sexualité, souvent en noir et blanc, comme marque d’intemporalité, par un cadrage resserré, attestant de la proximité des corps, que certains qualifieront d’impudiques et, pourtant, en parfaite transparence avec une certaine réalité.

Son œuvre troublante, jouant sur les formes et les matières organiques, suscite le questionnement, désamorce les tabous de l’obscène (ce qu’on ne veut pas voir) et réapprivoise le regard bienveillant.

Amandine El Allaui

Denis Lucas – Love on the Beat : du 16 au 28/02 au 3013 (58 rue de la République, 2e). Rens. : www.marseille3013.com Soirée Love on the Beat avec Dj set torride de Sonic Seducer le 17/02 à partir de 21h.

 

 

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