Ces hordes de belges qui envahissent mon village

Billet de blog
par Lagachon
le 2 Juil 2014
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Hier, j’ai quitté Marseille. Pas définitivement, bien heureusement, juste pour quelques jours de repos à la campagne (le début de grève des poubelles me pousse à  penser que j’ai lâchement fui au bon moment – j’y reviendrai bientôt dans un autre billet, celui-là est plus léger, quoique…). J’ai donc quitté Marseille après une nuit marquée par la non-célébration de la défaite algérienne, pour un petit village varois situé près des gorges du Verdon d’où une partie de ma famille est originaire et où nous conservons une maison. Effectivement, ma dernière nuit marseillaise a été marquée par un calme relatif après quelques cris remontant de la rue au rythme des actions pendant le match Algérie – Allemagne. Fini, parti (…), me voilà au calme, loin des réactions passionnelles des supporteurs algériens et de celles tout aussi dénuées de nuances des racistes qui pullulent autour du vieux-port.  Au calme ? Pas tant que ça, ou quand le stigmate se déplace plus au nord.

J’arrive donc dans ce petit village de 2244 habitants et remarque aussitôt un drapeau accroché à une voiture, il y a bien du rouge, pas de bleu mais du noir, pas de blanc mais du jaune. Mais ça n’est pas la France ça ! Qui sont ces envahisseurs ?

Alors que les valeureux suisses résistaient encore aux argentins, les belges commençaient à sortir de leur tanière. Après avoir posé mes affaires, je descends voir la fin du match au bar et effectivement, je vois un belge, puis deux, puis trois, et des drapeaux, des cornes de diables (c’est dire s’ils sont bien intentionnés) et puis on les connait les belges, toujours une bière à la main, ça picole jusqu’à plus soif !

Soudain des bruits de klaxons, ce n’est pas une mais quatre voitures qui paradent sur le Cours, toutes plus belges les unes que les autres, drapeaux aux fenêtres. Chacune déversera jusqu’à cinq individus aux joues peintes comme des guerriers prêts à en découdre, drapeau et corne de brume à la main. Je sens bien que je suis en minorité, moi qui vient dans ce village depuis que je suis petit. Où sont les vieux provençaux qui prenaient la fraîche sur le Cours ? Sûrement chez eux, cachés, craignant le belge alcoolisé et bruyant. 10507944_723218374390369_131667779_a

Le match commence et c’est un concert de cris, de bruits, de chants… Tous ces sauvages ce sont rassemblés chez l’un d’entre eux qui tient un débit de boissons (alcoolisées bien sûr), ils sont tous là avec leurs minots, leurs couleurs et leur accent ! Je jurerais même avoir entendu du flamand ! Oh ! Vous pouvez pas parler franco-provençal comme tout le monde ! Ils devaient m’insulter, c’est sur !

J’ai bien tenté de dormir mais vous imaginez bien que ça n’a pas été chose facile. Ce matin, je vais chercher de l’argent au seul distributeur du village : fermé pour vandalisme. Ah ! Je m’en doutais, c’est un coup des belges ! On essaiera bien de me faire croire que c’est comme ça depuis un an… on nous cache la vérité, les gens ont peur. A les entendre baragouiner leur haine flamande hier soir, j’ai rien compris mais j’ai bien vu qu’ils préparaient quelque chose.

Et plus tard dans la journée, lors d’une gentille promenade, lorsque j’ai vu 4 jeunes rassemblés autour d’une voiture qui crachait de la mauvaise techno… J’ai vu quoi ? Et bien ils buvaient de la bière qui devait sûrement être belge ! Voilà, non content de pourrir nos soirées, de racheter nos commerces, de faire peur à nos anciens et brûler nos distributeurs, voilà que ces immondes personnages s’attaquent à notre jeunesse. Quelle tristesse ! Je m’en vais de ce pas écrire à Madame le Maire pour qu’elle fasse quelque chose contre cette invasion.

Naturellement, tout ça serait vrai si (et seulement si) je m’étais borné à observer la situation d’hier sans réfléchir, sans parler avec ces belges, sans comprendre qu’on peut à la fois supporter une équipe qui n’est pas la France et tout de même contribuer à ce que des commerces continuent d’exister dans un village paumé. Qu’on peut afficher des couleurs qui ne sont pas celles du village et tout de même s’en sentir pleinement citoyen. Qu’on peut être très bruyant et boire beaucoup sans être responsable de tous les maux de la communauté.

A bon entendeur, je retourne au bar voir s’il reste un ou deux belges pour prendre un pastis avec moi (et pas une bière, non mais !).

 

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