29M, ma première grève générale à Barcelone

Billet de blog
par Lagachon
le 29 Mar 2012
0

On en parle depuis des semaines, la première grève générale convoquée sous le nouveau gouvernement Rajoy, c’était aujourd’hui, et c’était une première pour moi. J’ai vécu de nombreuses grèves en France mais jamais à l’étranger, et comme on a la réputation de champions du monde de la grève, et que le gouvernement s’était félicité des accords de services minimum partout (écoles, transports, hôpitaux…), je dois dire que je m’attendais à une mini-grève de bac à sable, malgré tous les tags et toutes les affiches qui s’accumulaient dans les rues depuis une semaine. Et bien j’en ai pris pour mon grade !

Tout à commencé hier soir, je rentrais d’un dîner chez des amis, il était à peu près 1h du mat et d’un coup, ça a commencé : des bruits de sifflets, des chants sont montés de la rue “vaga, vaga, vaga general” (grève générale) et ça a duré une bonne heure.

Ce matin, lorsque je suis sorti, j’ai réalisé que tout était fermé ! Et quand je dis tout, c’est tout ! Même les bars ouverts le dimanche étaient fermés, même le vendeur chinois d’à-côté, même le cinéma ! Il y avait du monde sur la place, et il faisait beau, j’ai pensé à un poème de Prévert que mon oncle a dans son salon qui parle de quelqu’un qui va travailler et qui, vu le beau temps, se dit que c’est une trop belle journée pour la donner à son patron…

Bref, je m’avance un peu plus et je me rends compte que tout n’est pas fermé, plein de boutiques ont baissé la grille à moitié et sont ouverts. Bizarre ! En discutant avec les gens, j’apprends que c’est par peur des “piquets” qui sont parfois violents. Décidé à en apprendre plus, je vais plus loin dans Barcelone l’après-midi, je tombe sur des poubelles vidées par terre, une façade de “mairie d’arrondissement” vandalisée, des banques taggées, des hôtels barricadés… et partout une ambiance un peu viciée, comme si ça pouvait dégénérer à tout moment.

Boutiques à demi-fermées

Je retrouve des amis et nous nous dirigeons vers la manifestation officielle. Là, tout change, très bonne ambiance, des familles, des pancartes, des drapeaux, quelque chose de plus familier. Je leur explique mon étonnement de voir tout fermé, ils sont étonnés que ce ne soit pas comme ça en France, une d’entre elle me dit que “c’est un jour où tout ferme et où on se consomme pas, c’est pas la mort !”, on se dit que c’est plus intense mais moins long, parce que les grandes grèves ne dure rarement qu’un jour en France !

"La Mairie d'arrondissement" de Gràcia

Bref, la manif se passe, mais en rentrant à la maison, je regarde les infos et là, en plus des images normales de la manif, des infos habituelles : chiffres de la police et des syndicats, le gouvernement se félicite des services minimums, prend acte mais ne bougera pas etc… Je note qu’un des indicateurs de succès de la grève est la consommation d’électricité (pas bête).

Mais on voit aussi d’autres images plus inquiétantes de batailles entre la police et des fous furieux, de feux de poubelles, de gens barricadés dans des boutiques assiégées. Des choses que j’avais vu dans un documentaire anarchiste faisant l’apologie des attaques contre le système, estimant que la démocratie est un système complice du capitalisme. Des gens dangereux qui nuisent aux manifestants et n’ont pas de conviction autre que d’en finir avec le système en général.

Mon sentiment, c’est qu’il y a une telle concentration de tension en ce moment à Barcelone qu’à la moindre étincelle tout peut exploser. Il y a des années que la situation ne s’est pas améliorée ici pour la plupart des gens, alors même que l’économie tournait à fond, je pense aux “mileuristas”. Maintenant on vient dire à ces gens qu’il faut faire des efforts, accepter des baisses de salaires, la baisse de l’état providence, et ça a du mal à passer. On ajoute à ça les problèmes avec Madrid qui ne se règlent pas, la quantité hallucinante des cas de corruption, et le fait qu’il n’y a que très rarement des grèves… et on comprend mieux pourquoi ce jour là devient si particulier. Alors qu’un jour de grève en France n’est souvent qu’un jour de grève en plus.

Voilà, si on récapitule : un jour de grève intense, une ambiance très changeante selon le moment de la journée et l’endroit, une impression de journée où la ville entière est fermée, bref, quelque chose de bien différent de ce que je connaissais jusque là !

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire