À Marseille, “Paris, Paris on t’embrasse”

À Marseille, “Paris, Paris on t’embrasse”

“Paris, Paris, on t’embrasse !”, scandent des voix fortes dans la nuit marseillaise. En ce troisième jour de deuil national, suite aux attentats de Paris, l’ambiance a quelque chose de familier. Elle rappelle celle d’un buffet offert après des funérailles, destiné à évacuer la tristesse et la stupéfaction des premières heures. Voué à réconforter aussi. Car ce soir, à part quelques moments solennels où le millier de personnes réunies chante La Marseillaise, applaudit, où les silences se font autour d’autels improvisés, la rumeur reste désordonnée. Les Marseillais parlent, s’étreignent, rient parfois, tentent d’analyser la situation. “On est là jusqu’au prochain”, lance un homme désabusé.

Plusieurs rassemblements se sont tenus depuis vendredi comme dimanche matin à l’appel du maire de Marseille autour du marché aux santons. Cette fois c’est à l’appel des syndicats et des partis de gauche que celui-ci est organisé. Pourtant, peu de drapeaux. Sans doute noyés au milieu de la foule, les organisateurs restent invisibles. Seule l’Internationale entonnée dans la nuit colore le rassemblement. Aux côtés des drapeaux français en berne, flottent ceux du PKK. “Daech est devenu un grand monstre, il n’est plus seulement le problème des Kurdes”, explique une manifestante kurde.

Les décorations de Noël et la grande roue éclairent les visages et les silhouettes de leurs lumières artificielles. “Assassins”, crie une voix masculine, déchirée. “Liberté, égalité, fraternité”, lui répond une femme avec force. Sous l’ombrière du Vieux-port, la foule se fait plus compacte. Au centre, le mot “Paix” vacille à la lueur des bougies, se reflète sur le miroir du plafond. Et rejaillit sur les ombres amassées tout autour.

Diaporama : Lisa Castelly / Texte : Elodie Crézé