A Marseille, chacun voit le Modem à sa porte

A Marseille, chacun voit le Modem à sa porte

"Le parti socialiste à Marseille est tout entier construit, dans son fonctionnement et dans son contrôle, comme une force clanique, clientéliste, visant au contrôle absolu du pouvoir par son appareil et ses apparatchiks. Sachant cela, il m'est impossible de consentir à livrer la deuxième ville de France à cette culture politique et à ces dérives." Signé François Bayrou au bas d'une lettre adressée le 7 février à Jean-Luc Bennahmias et révélée par Le Lab. Porte-parole de la campagne de Jean-Claude Gaudin, Yves Moraine n'en demandait pas tant. Surtout que le président du Modem ne s'est pas arrêté là : "Je connais Jean-Claude Gaudin, d'autant plus que nous n'avons pas toujours eu les mêmes choix. Je sais quel homme il est, je connais son regard sur les personnes et sur la vie. Il y a en lui un sens de l'humanisme qui ne s'est jamais démenti. Et lui, au moins, n'est pas prisonnier de ces appareils mortifères."

"Si ça, ce n'est pas une déclaration de soutien !", commente Yves Moraine. Au local des listes "Marseille en avant", ce dernier en a profité pour faire le point sur l'élargissement des listes UMP vers le centre. Pour l'UDI, c'est déjà réglé avec notamment la tête de liste d'Arlette Fructus dans le 15/16. Côté Modem, les seuls noms officialisés pour l'instant sont Patrick Zaoui, conseiller municipal qui a rejoint la majorité Gaudin depuis 2010, et Frédéric Guelle, candidat en 2008. "L'accord fait encore l'objet de discussions", précise Childéric Müller, conseiller municipal Modem par ailleurs membre de l'UDI, qui était tout de même présent à cette conférence de presse de la droite. Histoire d'occuper le terrain en attendant une éventuelle place sur les listes Gaudin, il s'affiche dans son secteur, le 1/7, avec le conseiller d'arrondissements Franck-Michel Martin de Champagnac, adjoint de secteur de Patrick Mennucci en rupture de ban.

Sauf que Jean-Luc Bennahmias et Christophe Madrolle, élus marseillais et cadres nationaux du Modem, ne l'entendent pas de cette oreille. "La lettre de Bayrou ne nous apprend rien, ce qui est clair c'est que nous n'irons pas avec M. Gaudin", ont-ils réaffirmé ce lundi. Travaillant depuis plusieurs mois à la construction d'une candidature autonome, ils sont "en discussion avec Pape Diouf" avec qui ils espèrent que "les négociations débouchent d'ici la fin de la semaine." Au sein de la composante écologiste du Sursaut, base de la démarche de Diouf, on s'étonne de ce "lobbying médiatique pour être sur les listes". Un accord n'est pas exclu, mais leur statut de sortant n'est pas forcément un avantage dans une candidature qui se veut l'expression d'un renouvellement politique.

Sans statut

Bien entendu, tout ce petit monde s'attribue l'exclusivité du positionnement local du mouvement démocrate. "Il n'y a pas d'élus Modem à la conférence de presse de l'UMP", affirme Bennahmias, qui annonce une assemblée générale mardi. "Ça n'existe pas les AG au Modem", s'amuse Childéric Müller, pour qui, "dans les statuts, c'est le national qui donne les investitures". Justement, Christophe Madrolle affirme dans un communiqué avoir été "mandaté par le conseil national et le bureau exécutif" pour construire une liste autonome.

À la lecture des statuts, on apprend que si les investitures sont élaborées au niveau départemental, elles doivent être confirmées par le national. "Le problème c'est qu'il prend du temps pour valider, commente un conseiller national de la région parisienne, qui n'a pas souvenir d'une décision pour Marseille. Moi-même, j'ai décidé de me contenter d'une lettre de François Bayrou pour ma candidature aux municipales."

À ce compte-là, les alliés de Gaudin ne devraient pas avoir trop de problèmes, même si Christophe Madrolle met en garde contre "l'utilisation de l'appellation Mouvement démocrate" qu'il pourrait porter "devant les tribunaux". Peu importe pour Yves Moraine, qui se dit peu préoccupé "d'engranger une étiquette supplémentaire sur les affiches". Et pourrait de toute manière utiliser le terme "L'alternative", du nom de la charte signée en novembre 2013 entre l'UDI et le Modem. Tout aussi inventifs, en cas de désaccord persistant avec le national, Madrolle et Bennahmias se disent prêts utiliser la marque Modem13, déposée à l'INPI par leurs soins au nom du courant Écologie et démocratie.