À Cuges, Jean-Claude Gaudin siffle le rassemblement des dauphins
Pour sa deuxième édition, le banquet républicain des Amis de Martine Vassal a fait le plein. Mais, au-delà du rassemblement de sa famille politique, c’est la succession du président de cette association, Jean-Claude Gaudin qui agite les esprits.
Photo de famille pour le banquet républicain des Amis de Martine Vassal, le 10 septembre à Cuges.
Cela bouchonne à Cuges-Les-Pins. Entre les derniers estivants qui veulent rejoindre le Var et les Amis de Martine Vassal, la “terrine verte bordée de collines” est saturée. Le maire de Cuges-Les Pins, Bernard Destrost paraphrase Victor Hugo en ouverture de ce second banquet républicain des Amis de Martine Vassal, l’association fondée autour de la présidente du département il y a un peu plus d’un an, et rappelle que dans cette cuvette verte “on y arrive en descendant et on en part toujours en montant”.
Un embouteillage et un mouvement de yo-yo qui décrit à merveille la nouvelle séquence politique qui s’est conclue ce dimanche. Car, au-delà du nombre toujours plus grand – de 2000 à 3000 – des Amis de Martine Vassal, c’est la succession du président de cette association, Jean-Claude Gaudin, qui agite le bocal politique. Dans lequel s’ébattent depuis longtemps les dauphins putatifs.
Un dauphin à la Une
Le dernier en date est le sénateur-maire des 4e et 5e arrondissement et patron de la fédération Les Républicains des Bouches-du-Rhône, Bruno Gilles qu’une une de La Provence présentait comme le dauphin désigné pour lui succéder avant l’échéance des prochaines municipales en 2020 ou 2021, selon les choix du gouvernement concernant la date à laquelle se tiendra le scrutin. À ses côtés, Martine Vassal est confirmée pour lui succéder à la métropole. Le principal intéressé infirme sans démentir quelques jours plus tard sur France Bleu.
Un nouveau coup de sonde qui produit du remous et agite ainsi les esprits. “Je me souviens qu’on avait eu droit à la même chose lorsqu’il était question que le maire rejoigne le conseil constitutionnel. La Provence avait fait sa une, tout le monde s’était agité, puis plus rien“, commente le premier adjoint Dominique Tian qui, à l’époque, faisait partie des putatifs pressentis. Aujourd’hui, il ne commente pas au-delà et préfère parler JO 2024. D’autres proches s’étonnent qu’une telle information sorte sans confirmation du maire lui-même : “Ce scénario, quand même, c’est bien mal connaître le maire”. Molière… Mourir sur scène, sans héritier, depuis 2008, on y revient toujours.
“Après moi le chaos”
“Gaudin, c’est surtout après moi, le chaos, souligne un élu marseillais sous couvert d’anonymat. Cela fait partie du rite d’initiation. Pour être désigné, il faut passer les étapes. Être élu maire de secteur, puis député. Tian a gagné ses galons en gagnant dans le 1/7. Moraine devait faire de même en devenant député. C’est le tour de Bruno Gilles. Le maire souffle le chaud et le froid. Maintenant, il faudra qu’il tienne sur la durée avec un telle cible dans le dos.”
D’autres accréditent le processus. Un premier cercle d’élus – Yves Moraine, Laure-Agnès Caradec, Bruno Gilles – s’est mis à la manœuvre pour convaincre le maire de passer la main sans attendre 2020 pour mieux aider son camp à s’organiser pour gagner. “Il y a bien eu des discussions de ce type, raconte Yves Moraine, président du groupe LR-UDI au conseil municipal. Le maire a vu Bruno Gilles pour lui dire de se tenir prêt. Ce dernier a pris quelques jours de réflexion pour consulter sa famille puis a dit qu’il ne se déroberait pas. Martine Vassal et Renaud Muselier ont été aussi prévenus.”
Le coup de pouce du premier cercle
Au lendemain des législatives, ces élus de terrain voient venir le mur. La défaite dans la 5e circonscription (une partie des 4e, 5e et 6e arr.) et la 2e (7e et 8e arr.) n’est pas due qu’aux effets de la vague macroniste. Les Marseillais râlent. Après 22 ans de règne, l’alternance ne joue pas en la faveur du maire. “Il faut agir sur le quotidien des Marseillais, la propreté, l’espace public et préparer la ville aux défis d’avenir, résume Yves Moraine. Le casino, le téléphérique, le développement économique. Il faut être prêts. Sinon ce sera le FN ou la France insoumise…”
Voilà pour le constat, plutôt partagé au sein de la majorité, reste le casting et le tempo. Sur l’un comme sur l’autre, Gaudin ne confirme rien, si ce n’est pour dire qu’il est “maître de son agenda”. A-t-il accepté l’idée de lâcher son trône avant l’échéance ? “Il est partagé, reprend Moraine. D’un côté, il est conscient qu’il faut anticiper et se mettre dès aujourd’hui en ordre de marche si nous voulons gagner demain. De l’autre, il a cette relation aux Marseillais au-delà des clivages et il est dur de l’imaginer s’en passer.”
“L’amitié, le rassemblement”
Sur la scène de Cuges, quand vient le temps des discours, il ne sera pas question des remous du delphinarium. Certes, le trio Gilles/Vassal/Gaudin est au premier rang. Mais c’est pour mieux célébrer celle qui ne compte aujourd’hui que des amis au-delà de sa famille politique et au-delà de Marseille. C’est d’ailleurs cette vertu de rassemblement qui est le fil rouge du discours du président : “C’est très important, l’amitié, le rassemblement. C’est important pour gagner les élections. L’amitié de notre famille politique qui puise dans l’ouverture aux autres, l’amitié sans calcul qui n’a besoin de reconnaissance que celle du travail accompli”.
Selon lui, le rassemblement a les vertus d’un remède quand sonne l’heure de la rentrée politique et qu’on a “un peu la gueule de bois”. Le rassemblement permet d’éviter “les impasses et les contresens” comme de croire que les “défaites sont un coup de malchance” ou que “la soif de recomposition de nos concitoyens n’est pas profonde”. Il ne fera pas d’explication de texte à sa descente d’estrade. Une équipe de France 2 l’y attend et des questions un peu insistantes sur les fonds secrets du Sénat le font sortir de ses gonds. Cueilli à froid, il repousse les questions sur sa succession et sur l’absence de Renaud Muselier. “Vous allez me faire un feuilleton avec ça comme vous faites sur la Corderie ?”, jette-t-il avant de se radoucir pour dire que “ceux qui ne sont pas là aujourd’hui seront là demain.”
Le dessus de la mêlée
Bruno Gilles n’est pas plus disert. À toute question, il renvoie à son communiqué discipliné qui confirmait son hypothèse personnelle tout en soulignant que “cette réflexion ne peut être que concertée collectivement et doit naturellement être impulsée par le Maire de Marseille dans un tempo dont il est le seul maître”. Le tempo de la fuite médiatique ne doit pas lui être totalement étranger et il a eu le don de faire sortir quelques mécontents du bois. “Très peu, vous remarquerez“, sourit le sénateur madré. Guy Teissier et Renaud Muselier sont les seuls à s’être insurgés de la méthode. Ils ne sont pas sous les pins de Cuges en amis de Martine.
Cette dernière se place au-dessus de la mêlée, pour continuer à “faire de la politique autrement”, en luttant “contre les injustice sociales”, la maladie d’Alzheimer ou en faveur des enfants handicapés. Marseille et sa mairie paraissent bien loin. Loin du département et de la métropole pour lesquels elle affiche ses ambitions. “Mais 2020, 2021, c’est une éternité, glisse-t-on dans son entourage. D’ici là, il peut se passer tant de choses. Ce qui est vrai, c’est que pour gagner la métropole, il faut d’abord gagner Marseille. Elle ne peut donc pas ne pas s’y intéresser.” Cette dernière le dit en souriant, “je garde un œil bienveillant sur la ville de Marseille, c’est vrai”. Comme si le choix du moment ne lui était pas complètement indifférent. Comme s’il fallait surtout compter avec cet œil là.
Pour l’heure, les amis rassemblés mangent en républicains. Le troisième banquet se tiendra en juillet “sous un ciel plus clément et avec un tournoi de pétanque”. Dans un coin, près de l’entrée, un chien de la SPA hurle. Des chèvres bêlent dans leur enclos et un énorme Titanic gonflable fait entendre un bruit de soufflerie. Comme pour mieux rappeler qu’en politique, malgré le ciel radieux, un naufrage n’est jamais loin.
Commentaires
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Au delà des clivages partisans, (on aura compris que je ne suis pas du même bord politique que l’équipe de pieds nickelés actuelle), voir autant d’incompétence et de “mange-tout” rassemblée dans un même marigot me soulève le coeur. Très peur de devoir continuer avec les mêmes… très peur…
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“dans un coin, un chien de la SPA hurle”… tiens donc ? les fameux sous-marins du parti “animaliste” étaient donc de la partie ??
hahahaha…
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??? Comment sait-on que le chien est “de la SPA” ???
et pourquoi il hurle ?
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Bonjour, la chute est un peu lapidaire mais le banquet républicain proposait en “à-côté” des chiens à l’adoption. Les chèvres étaient là pour l’animation. En revanche, je ne sais pourquoi il hurlait. Personne ne le brutalisait, rassurez vous.
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Je suis rassuré de lire que “les chèvres étaient là pour l’animation”. A lire les propos rapportés dans cet article, je pensais qu’on leur avait aussi donné le micro.
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Mais si, elles avaient le micro !!
On est définitivement rassurés !!! on a bien entendu les chèvres qui animaient….
Quelque part il y a un côté inquiétant…tout ça prête à rire.
C’est quand même profondément dommage. Il me semble que les “bucco rhodaniens” et les marseillais méritent un peu plus de considération et d’épaisseur que n’en produit cette belle et bonne assoc des “amis de Martine” et cet aréopage de “vip” sur le retour…
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En voyant cette photographie je me dis , Ah ! quel dommage que LUIGI COMENCINI ne soit plus de ce monde et qu’il ne fût pas Marseillais. Il se serait régalé de nous faire un remake de “l’Argent de la Vieille” .
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Les “défis d’avenir”, pour s’y préparer, il faut donc “le casino, le téléphérique”… Merci M. Moraine pour cette impressionnante vision à long terme, c’est vrai que rien d’autre ne manque ici.
Il y a un concours de petites phrases entre Miron et Moraine, et Marsactu n’en aurait pas parlé ? Ah ah ah ah moi aussi !
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Vous avez oublié ” la propreté “, eux aussi d’ailleurs, depuis 40 ans et plus …que l’on se promène dans les détritus les voilà qui se souviennent ! juste le temps d’une campagne … et voilà l’amnésie qui les reprend …
Le spectre du FN c’est éculé, quant à Fi, oui, il y a un danger pour leurs fesses trop habituées aux velours de la mairie .
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Il avait bien commencé en évoquant “le quotidien des Marseillais” et la propreté … on pensait qu’il allait parler éducation, culture, urbanisme, équipements sportifs … Tout ce qu’ils ont oublié de faire depuis 20 ans, et patatras
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Franchement , je ne vois pas de quoi les gens se plaignent. Entre Sabine BERNASCONI qui veut transformer La CANEBIERE en BRODWAY Marseillais, Y.MORAINE qui souhaite créer une station de ski sur la colline de LA GARDE en prévision de bouleversements climatiques à venir .
Nous avons là une équipe de visionnaires qui en développement économique n’y comprennent pas grand chose, mais par contre en Sciences Comiques ils sont au top !
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Que dire en voyant ce rassemblement de compétences…que ce territoire sens dessus dessous est servi par la crème de l’élite politique dont la grandeur d’âme n’a d’égale qu’une insondable vision de l’avenir.
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J’ai cherché la trombine de Maurice di Nocera sur la photo, je ne l’ai pas vu hi hi hi !
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Il est entrain de préparer la crèche de Noel pour faire le Ravi !
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le sens que prend “ami” dans ces discours politiques est tout de même très particulier, à ce point d’inimitié, mieux vaudrait utiliser le terme “partenaire”, c’est moins hypocrite. .
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On attendait les effets du meli-mélo printanier sur leur compréhension du réel. ça commence pas trop mal: – Ils concèdent la gueule de bois; – la soif de recomposition de “leurs” concitoyens serait “profonde”; – Il leur faut agir sur le quotidien des marseillais…. et puis comme d’hab arrivent les casinos, téléphériques… leur univers mental est indemne, la déconnection est confirmée. Lors donc -l’amitié qui ne se nourrit que du” travail “accompli est fort souffreteuse; – Il n’est plus temps (depuis longtemps) après 22 ans de gestion defferriste, de se poser la question de l’anticipation; – et l’histoire d’après moi le chaos semble attester qu’il n’ont pas bien saisi qu’en la matière, et pour le coup, une bonne part du” travail” était déjà faite.
J’ai par ailleurs, une vision factuelle assez différentes de ce dimanche à la campagne: – Le chien, hurlant à la mort état bien là pour l’animation; – Les chèvres pour l’adoption (des projets de reconversion peut être?). – quand à ce bocal fort agité, je n’y vois point de dauphins sautillants mais, sous réserve d’inventaire, une forte dominante de poissons rouges, qui commence à manquer d’air dirait on (va falloir peut être penser à changer d’eau!)
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Attention aux piranhas déguisés en poissons rouges !
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Cette ambiance de cours royale est affligeante
Nul trace de projet novateur ou de débats démocratiques.
Juste des courtisans se bousculant pour être adouber par le patriarche.
Beurk !
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A quand la primaire de la droite locale ? Comme pour la primaire nationale, la plupart des électeurs fatigués que nous sommes de la gouvernance Gaudin seront peut-être appelés à participer pour choisir le/la moins pire…
Mais ce ne sont certes pas les visions étriquées d’un projet pour Marseille exposées ici, ni même le charisme proche de celui d’un bulot d’une bonne partie des prétendant.e.s., qui vont nous aider à choisir…
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Le bulot peut avoir quelques atouts gustatifs, consommé avec modération, là c’est l’indigestion assurée, un manque de fraîcheur avéré.
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Trop drôle, Moraine. ” Il faut agir sur le quotidien des Marseillais, la propreté, l’espace public et préparer la ville aux défis d’avenir, résume Yves Moraine. ”
Dans mon quartier, après avoir détruit un square aux arbres centenaires pour agrandir un ensemble immobilier, après avoir promis “la reconstruction à l’identique”, puis la “préservation des arbres” (mais si mais si, avec un parking souterrain en dessous pour protéger les racines sans doute, puis s’être étonné quand, l’ayant croisé dans le quartier et l’ayant interpellé sur les nouvelles constructions (encore une depuis à la place de l’ancien hôpital Ambroise Paré) il a fait l’étonné quand on lui a dit le nombre de nouvelles familles qui s’installaient dans le quartier, sans un seul équipement public nouveau et un square qui dans le meilleur des cas (plan officiel) serait au 1/3 de la surface de l’ancien.( Tiens au fait, depuis, le bureau de poste a fermé aussi…). Eh bien l’immeuble est construit, le minuscule square nouveau (totalement minéral, génial pour y faire jouer des enfants) semble être terminé, son inauguration a été faite (juste avant les élections) mais il n’est toujours pas ouvert au public. Ah, au fait, l’ensemble immobilier d’à côté n’a jamais respecté le cahier des charges avec lequel on l’avait promu auprès de la population, il est bardé de grilles alors qu’il avait été promis qu’on pourrait le traverser sans en faire le tour, et la fontaine historique qui devait être préservée a été détruite. Ah, au fait, Gaudin a commencé sa carrière politique comme… adjoint à l’urbanisme de Defferre.
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Moraine est l’archétype du bateleur politique pour qui rendre des comptes à ses électeurs n’entre pas dans son mode de pensée (unique). Cet individu nous est tellement supérieur intellectuellement qu’il doit même se demander pourquoi on l’interpelle quelquefois. Quand on lui sert la main on doit avoir une drôle de sensation après.
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