Face à la presse, Benoît Payan se pose en maire ayant évité “la banqueroute” de Marseille

Benoît Payan lors de ses vœux à la presse le 17 janvier 2023. (Photo : JML)

Pour une fois, il y a du café, se réjouit-on dans le staff municipal. Depuis sa prise de fonction, Benoît Payan surjoue l’austérité imposée à la mairie de Marseille mais il a fait une (rare) exception pour ses vœux à la presse. Une fois les journalistes munis de leur gobelet en carton, il a pu entonner un discours qui ressemble fort au récit de la deuxième phase de son mandat. Fini le couplet sur le chaos laissé par son prédécesseur, place au maire grâce à qui “Marseille est de retour” et sauvée de “la banqueroute”. “La métropole, la région, Bruxelles, l’État” ont ou vont davantage financer la ville, assure-t-il. Et de jurer : “Je ne veux que la justice pour les Marseillaises et les Marseillais”. Fort de cet élan, le maire de Marseille a présenté “les pousses [qui] en 2023 vont commencer à fleurir”. Tour d’horizon en huit points.

C’est le dossier symbole de la mandature porté par le plan Marseille en grand du président de la République. Benoît Payan affirme que cette année sera celle où “trois sortiront de terre” et “12 chantiers seront lancés”. En attendant que la venue du président de la République en février permette peut-être de revoir l’équation financière, impactée, comme tous les chantiers, par la hausse du coût des matières premières.

À qui devront-elles répondre de leurs actes ? Benoît Payan a affirmé ce mardi matin que deux élues allaient intégrer l’exécutif métropolitain dirigé par Martine Vassal (divers droite). Perrine Prigent prendra en charge le portefeuille de la voirie quand Christine Juste pilotera les questions de propreté. Des attributions qui se limiteront aux frontières de la ville, même si Benoît Payan espère les voir prendre un pouvoir considérable au sein de l’institution sans avoir besoin de se référer à l’exécutif ou à la direction générale des services en place. “Je souhaite que la métropole leur laissent le soin d’organiser comme elles le souhaitent ces deux services”, espère le maire. Une vision extensive du “compromis historique” conclu avec l’intercommunalité qui fait déjà grincer des dents dans les couloirs du palais du Pharo où l’on évoque “une gouvernance partagée plutôt qu’un transfert d’autorité”.

Paris le propose déjà depuis quelques années, Marseille va s’y mettre. Benoît Payan a annoncé que des budgets participatifs seront pour la première fois mis en place en 2023. “1,5 million d’euros sera mis à disposition de trois secteurs pilotes, précise-t-il. En lien avec les mairies de secteurs et les associations, nous donnerons aux Marseillais l’opportunité d’inventer avec nous le futur de leur ville.” Dès l’année prochaine, tous les arrondissements devraient être concernés.

Des bibliothèques qui n’ouvrent que l’après-midi, des musées fermés inopinément le dimanche, des piscines à l’ouverture aléatoire… Les services publics municipaux sont toujours à la peine. Une situation que Benoît Payan admet, tout en la faisant remonter à ses lointains prédécesseurs plus qu’à Jean-Claude Gaudin qui ne “l’a pas créée”. Il l’explique par une administration devenue “un grand corps malade” et précise, en évoquant les agents : “pendant des années on [leur] a dit qu’ils ne servaient à rien sauf de temps en temps à distribuer des tracts”.

En réponse, il entend “les accompagner, les soigner pour celles et ceux qui en ont besoin, les former, les motiver”. Refusant “d’arroser du sable”, il explique avoir initié “un grand plan de recrutement et de mobilité dont les effets ne peuvent se voir en deux mois ou en deux ans”.

Interrogé par Marsactu, Benoît Payan n’a pas souhaité commenter la décision du tribunal administratif qui a retoqué son encadrement du droit de grève dans les écoles. À ses yeux, l’usage de la grève d’une heure entraînant une fermeture sur l’ensemble de la journée ne correspond pas à l’usage du droit de grève, “quelque chose de sérieux”, a-t-il insisté. Cependant, la municipalité a bien porté le dossier devant la cour administrative d’appel. En coulisses, on assure vouloir aller “jusqu’au bout” dans ce dossier.

Au cours de son discours, Benoît Payan est aussi revenu à plusieurs reprises sur son envie de faire de Marseille “une ville féministe”. Il annonce le renforcement de l’appli “Safer” déjà déployée sur les plages en période estivale pour signaler les comportements sexistes. Il rappelle l’ouverture d’une unité d’hébergement d’urgence et d’un centre d’hébergement et de réinsertion sociale dédiés aux femmes précaires ou victimes de violence. À titre de symbole, deux écoles seront par ailleurs nommées Gisèle-Halimi et Simone-de-Beauvoir.

Benoît Payan a la stat’ choc : “En 75 ans, Marseille a perdu la moitié de ses arbres.” Alors, place à un grand plan de plantation. “308 000 plants forestiers dont 8000 arbres adultes” jalonneront les rues. “Nous avons besoin d’ombre”, proclame le maire dans une logique d’adaptation aux fortes chaleurs liées au dérèglement climatique.

Il entend l’accueillir en chef d’État, laissant à d’autres le soin du côté religieux. Le maire de Marseille recevra “selon toute vraisemblance à l’automne” le pape François. Nul doute que son très pieux prédécesseur, Jean-Claude Gaudin, sera convié à cet événement, certainement à l’occasion d’un nouveau rendez-vous de dialogue entre les évêques et les maires de Méditerranée, après une précédente édition organisée à Florence en février dernier.