“Si Marseille réussit sa transition écologique en 2030, tout le monde peut y arriver !”

Interview
le 8 Déc 2021
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Le maire de Marseille vient d'effectuer un voyage à Bruxelles. Chargé du dossier des fonds européens, le conseiller municipal écologiste Fabien Perez revient pour Marsactu sur ce déplacement. Parmi les enjeux, la participation à un appel à projets pour atteindre la neutralité carbone de la ville en 2030.

Vue du parc Longchamp. Image : Wikimedia CC
Vue du parc Longchamp. Image : Wikimedia CC

Vue du parc Longchamp. Image : Wikimedia CC

Après l’État, l’Europe ? Face à une ville extrêmement endettée, la municipalité marseillaise continue de chercher de l’argent ailleurs. En se rendant à Bruxelles, les 30 novembre et 1er décembre, Benoît Payan entend encore se dégager des marges de manœuvre et obtenir les moyens de mettre en œuvre le large programme du Printemps marseillais. Entretien avec Fabien Perez, le conseiller municipal délégué aux fonds européens et président du groupe écologiste à la Ville.

Comment s’est passé votre visite à Bruxelles avec le maire Benoît Payan ?

Nous avons reçu un excellent accueil de la part des acteurs institutionnels. Pour la première fois, un maire de Marseille s’est rendu à Bruxelles. Auprès des interlocuteurs, la ville jouit d’une image positive. C’est une ville perçue comme attachante que tout le monde connaît et on sent une vraie envie de l’aider.

Quel est le budget espéré ?

La question, ce n’est pas de dire combien. La question, c’est de renouer des liens avec les acteurs institutionnels. Bruxelles fonctionne sous forme de lobbying, il faut donc y gagner en visibilité. C’est pourquoi nous avons décidé d’avoir un représentant de la ville à Bruxelles pour être plus compétitifs sur les fonds européens. En parallèle, nous sommes venus porter la candidature à l’appel à projets des cent villes européennes neutres en carbone.

Quand ce dossier doit-il être déposé ?

On a jusqu’au 31 janvier pour déposer la candidature et on aura des réponses en mars 2022.

L’appel à projets prévoit que les candidats atteignent la neutralité carbone en 2030. Est-ce vraiment possible ?

C’est structurant et extrêmement ambitieux. L’Europe s’est fixé comme objectif la neutralité carbone en 2050. Dans cet objectif, elle veut sélectionner 100 villes pour atteindre l’objectif en 2030, qui doivent être des villes inspirantes et proposer des solutions duplicables sur toute l’Europe. Marseille part de loin, mais l’idée, c’est par ce programme-là de bénéficier d’experts, de financements. On peut devenir leader sur un terrain où on a du retard. L’Europe met un point d’honneur à ce que ces territoires y arrivent en 2030. Il y a des villes, notamment du Nord de l’Europe, qui sont plus crédibles dans cet objectif, mais ne prendre que des villes qui ont réussi cette transition, c’est passer à côté de l’objectif qui est de trouver des solutions réplicables. Si Marseille réussit sa transition en 2030, tout le monde peut y arriver en 2050 !

Marseille neutre en carbone, cela veut dire quoi ?

Cela veut dire repenser le transport de cette ville en totalité. Plus de la moitié des compétences indispensables à cette réussite sont du ressort de la métropole. Donc c’est évidemment un dossier élaboré en partenariat avec la métropole et la région. Il y a aussi un travail de partenariat avec le Grand port maritime avec la pollution des bateaux grandissante. Le deuxième axe, c’est la rénovation énergétique des bâtiments. Si Marseille gagne, il y aura la possibilité d’avoir un guichet unique avec des projets soumis en partenariat avec le privé. Ce seraient des initiatives publiques sur lesquelles se greffent les autres acteurs publics, les entrepreneurs locaux.

Quels sont les critères de sélection ?

Le jury regardera la capacité à mobiliser les citoyens : la transition écologique ne se fera que par une modification de notre mode de vie, soit de façon subie soit en l’anticipant par une adhésion volontaire. Le deuxième critère, c’est les innovations. On aura deux ans dans le cadre de l’élaboration de notre contrat-ville (si on est sélectionnés) pour identifier toute une série d’innovations technologiques et scientifiques et les appliquer sur notre territoire. On deviendrait une ville pilote.

Comment devenir une ville neutre en carbone quand, par exemple, on accueille de plus en plus de data centers particulièrement gourmands en énergie ?

C’est dans l’air du temps, les data centers. Les grandes villes d’Europe sont confrontées à cela. Dans le fonctionnement de la ville de Marseille, il y a des tas de choses incohérentes avec la transition écologique. Il faut soit mettre en cohérence les choses, soit trouver des innovations qui permettent de rendre compatibles les data centers avec la transition écologique.

Il n’y a pas de direction des fonds européens à la Ville de Marseille contrairement à d’autres collectivités de même taille…

C’est ce qui est en train de se mettre en place. Mais ce dont on a besoin, c’est de transversalité. Jusqu’à présent, Marseille épluchait les dossiers européens en se demandant s’il y en avait un qui pouvait nous intéresser. Désormais la volonté c’est que sur chaque projet municipal, on essaye de trouver un financement européen. Chaque projet doit infuser au niveau de la direction générale des services avec ce prisme.

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Commentaires

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  1. Andre Andre

    Les transports, les bateaux de croisière, l’isolation thermique des bâtiments,. les centres de données, tout cela est important mais la Ville a besoin pour traiter ces sujets d’un assentiment et d’une collaboration étroite de la part de la Métropole, du Port, de l’État, du secteur privé…
    Il y a un pourtant un domaine pour lequel la Ville dispose de toutes les compétences, ce sont les espaces verts et naturels. Bizarrement on n’en parle pas! On a oublié ? A moins qu’on évite le sujet car ne peut pas, dans ce domaine, se cacher derrière un partenaire obligé qui dispose des compétences nécessaires…
    Il est pourtant d’une extrême importance, en matière d’écologie et de qualité de vie, pour une ville étendue comme Marseile, de doter son territoire et sa population d’espaces verts à la mesure de sa superficie et de sa démographie. On a déjà raté Euromed sous les précédents mandats, c’est le moment de mieux faire. Ces espaces sont à trouver en ville et aussi en périphérie en aménageant et rendant accessibles certains espaces collinaires tout proches.
    Cela ne se fait pas du jour au lendemain, certes. Il faut des études, une planification, des concertations, une inscription budgétaire, des services dédiés à la hauteur de la tâche. Il faut aussi, le cas échéant se battre avec la Métropole pour faire modifier le PLU et geler des terrains en prévision de leur aménagement et aller dans les ministères chercher les subventions avec les dents.
    A ma connaissance rien de tout cela. Dans mon secteur, pourtant déficient en parcs urbains, aucun projet nouveau. La direction des espaces verts est toujours aussi peu crédible et son organisation aussi indigente qu’avec Gaudin qui l’avait negligée,
    Alors? Plus que 4 ans et demi….

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Cher impatient André. Je ne sais si vous êtes un votant de l’ancienne majorité un peu amer ou un votant de la nouvelle majorité qui aurait aimé que tout changeât au lendemain du grand soir. Vous faites une analyse précise et lucide des efforts nécessaires pour modifier les politiques précédentes et apporter de nouvelles solutions aux problèmes hérités. Par contre, il semble que vous ayez une connaissance particulière de l’administration de la municipalité et spécialement de la Direction des Parcs et Jardins, connaissance vous permettant une critique radicale de cette direction et de son incompétence à affronter les problèmes. Enfin, j’aimerais reprendre votre formule; Celà ne se fait pas du jour au lendem

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      au lendemain pour conclure: Encore 4 ans et demi…….

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    • Andre Andre

      Pour ne rien vous cacher, j’étais en 2020 un électeur potentiel du PM si celui- ci ne s’était pas désisté dans les 13/14 en faveur des vassalistes. Du coup, je suis allé me promener car je suis opposé au principe même du soit disant “front républicain”. On en connait les conséquences lors du “troisième tour”. Mais c’est un autre débat.
      Pour revenir au sujet , je ne suis pas impatient et, pour avoir conduit des projets, je ne sais que trop que la démarche est longue et complexe. Raison de plus de ne pas attendre pour lancer les opérations avec toutes les phases préparatoires nécessaires. C’est en cela que je suis déçu.
      Dites moi si je me trompe mais où en est le plan vert des pistes cyclables, celui des emprises du canal de Marseille, le chantier du parc Athéna à Château Gombert, la valorisation des espaces naturels de l’Etoile, et j’en passe. Sans oublier la gestion, indispensable pour que ces lieux restent ouverts à tous, avec des équipes de gardiens de parcs renforcées et des budgets d’entretien en conséquence.
      Quant à la direction des P et J (cela ne concerne pas tous las agents) c’est bien vous qui avez parlé d’incompétence, je n’avais pas osé employer le mot.
      Comme l’exprime un autre commentateur, on trouverait là la matérialisation d’une ambition écologique de la municipalité tout en favorisant cette démocratie locale si souvent invoquée.

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  2. Cé

    André a raison – entre une élue qui se désintéresse de la question et a été temporairement suspendue de ses fonctions; une DGA ancienne diplomate spécialiste de la culture, pour qui les espaces verts sont la cinquième roue du carrosse, une direction incompétente héritière de la mandature passée, les espaces verts à Marseille sont mal partis!
    Un grand impensé de la municipalité. Pourtant, avec relativement peu de moyens publics, c’est un objet d’intervention urbaine qui pourrait transformer profondément le quotidien des habitants de Marseille, au nord comme au sud – outre qu’il aurait l’avantage d’incarner l’ambition de transition écologiste et de se prêter facilement à des formes de démocratie locale que professe la majorité.

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  3. polipola polipola

    “Il faut soit mettre en cohérence les choses, soit trouver des innovations qui permettent de rendre compatibles les data centers avec la transition écologique”

    Oui, quelle bonne idée de toujours penser que la technologie va nous sauver. Du coup, pas besoin de vraiment changer ni d’affirmer une rupture o combien nécessaire et fondamentale avec les modes de vie et de production désormais installés. Il est navrant de constater que le discours d’une ville qui dit souhaiter la transition écologique est aussi celui qui prône de continuer sur le même chemin qui conduit à notre perte. Mais non, la technologie va nous sauver ! Vive les data centers !

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  4. Pierre12 Pierre12

    Martine déroule ses actions sur la provence, le pm…sur marsactu.
    On se demande si ce n’est pas l’élu qui s’est posé les questions à lui-même, tellement elles sont clémentes. Essayez au moins de faire l’effort que ça ne se voit pas trop.
    Sur le fond, avant de se rendre à Bruxelles, ou à son retour comme il veut, que l’élu écologiste demande à son collègue adjoint (le nouveau s’il y en a un) aux espaces verts, de veiller à ce que les équipes municipales entretiennent correctement les espaces verts, les ronds points, les parcs, parce que tout est l’abandon.
    Des arbres sont morts depuis 3 ans à l’entrée de la la l2 dans le 12ème et toujours debout, je serais élu, j’aurais honte en passant à coté.
    Même les syndics font mieux leur boulot, c’est vous dire.

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    • Alceste. Alceste.

      A la diffèrence, que la communication de votre gâtée Martine se paye sa communication et son soutien dans la Provence avec nos impôts , alors qu’à notre connaissance le Gabian ne bénéficie d’aucun subside.Pour l’entretien des jardins vous avez un ingénieur élagueur en la personne du chevalier de coeur de Martine à svoir le Rué qui effectivement ne fout rien avec ses syndiqués non pas depuis 3 ans , mais depuis plus longtemps. Alors si vous avez une réclamation à faire écrivez au palais du Pharo à qui vous savez.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Brallaisse, je trouve que vous minimisez les mérites de l’ingénieur-élagueur. Il a si bien taillé les arbres de Marseille que la moitié de ceux qu’on trouvait sur la voie publique ont été supprimés en deux décennies, selon la feuille gauchiste “Les Echos” : https://www.lesechos.fr/politique-societe/regions/marseille-tapis-rouge-aux-promoteurs-pas-aux-logements-sociaux-1170531.

      Dans ce même article, on voit d’ailleurs la part étique du budget municipal consacrée aux espaces verts sous l’ère Gaudin : ça aussi, ça doit changer.

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    • Mars, et yeah. Mars, et yeah.

      Pierre12, les arbres de la L2, c’est de la compétence CD13 (car la L2 est un ouvrage départemental) déléguée à la Métropole. La Ville n’y est pour rien, sur ce coup. Le charme du gloubi-boulga des répartitions de compétences incompréhensibles pour les non-initiés, c’est à dire les citoyens.

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  5. Alceste. Alceste.

    Vous avez raison cher 8e ,et mon petit doigt me dit que si certaines associations des 4&5 ème arrondissements n’avaient pas élaborés un dossier avec des scientifiques pour contrer des analyses erronées émises par ancienne municipalité,pour êtres courtois, la massacre aurait continué.il faudra qu’un jour l’on se penche sur les marchés publics marseillais et métropolitains.

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      L2 Partenariat Public Privé passé par l’Etat

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  6. petitvelo petitvelo

    Bruxelle ça sonne plus pragmatique que la Floride sous la précédente mandature, qui a failli ne pas réussir à dépenser les fonds européens pour la piste cyclable de la corniche, mais n’a pas oublié de subventionner un circuit de Formule 1 varois.
    Mais notre bon élu PM a t’il commencé à interroger le fonctionnement de sa collectivité ? a t’elle toujours le plus grand parc auto des mairies de France ? Comment ses agents vont et viennent travailler ? ceux qui le peuvent télé-travaillent-ils autant que possible? les toits municipaux sont-ils tous équipés de panneaux solaires ? les batiments municipaux tous bien isolés ? les écoles ? Quand on voit comment il faut refaire 20 fois le dossier pour décrocher la subvention de X ou Y pour la pose d’isolant, pas sûr qu’un “guichet unique” déclenche un enthousiasme délirant du privé. Plus que 4 ans et demi …

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