Passé le tumulte de la campagne, Renaud Muselier et sa majorité à l’unisson
Le président sortant LR a été, sans surprise, réélu à la tête de l’exécutif régional, ce vendredi 2 juillet. Le temps d’une séance sans débat ni éclats, dans lequel il a défendu sa majorité plurielle, face à un Rassemblement national éteint.
La nouvelle majorité de Renaud Muselier est composée d'élus sortants mais aussi de nouveaux visages, notamment venus de LREM. (Photo Emilio Guzman)
L’homme passe presque inaperçu quand il s’assoit au bout d’une rangée de chaises face à l’écran offert au public, dans le grand hall de l’hôtel de région. C’est que, malgré ses cheveux ébouriffés, lunettes rouges et bague à tête de mort, le professeur Didier Raoult n’est pas le héros du jour. Le médecin star renvoie les importuns (“je ne parle pas à la presse”) et assiste, en spectateur, à l’élection de son ami, le docteur Renaud Muselier.
Du spectacle ? Peu. Cette plénière d’investiture de Renaud Muselier, président sortant Les Républicains à la tête de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur succédait à une campagne tendue. Ce vendredi, dans l’hémicycle, les couteaux sont rangés. Le climat est discipliné. Il est 9 h 06 quand André Garron, doyen au bénéfice de l’âge ouvre la séance et 10 h 15 lorsqu’il tend à Renaud Muselier l’écharpe sang et or de président. Sur les 123 conseillers régionaux, 117 sont présents, 6 ont donné procuration et 84 ont voté Muselier, soit la majorité absolue. Les 39 élus du Rassemblement national ont glissé des enveloppes vides dans l’urne. Ils n’avaient pas présenté de candidat. “Cela ne présentait aucun intérêt, pose Thierry Mariani, investi par le RN pour ces élections. Il y a un résultat, on le respecte.”
Soigner la photo de famille
Renaud Muselier ne prend même pas le temps d’attendre les décomptes officiels de ce scrutin dont il est l’unique acteur. Debout, au milieu des travées de bois clair, il lève ses poings serrés, s’offre un petit bain de foule au milieu de ses colistiers et envoie quelques baisers de la main à la loge du public.
Après Game of Thrones nous avons eu Game of Paca.
Renaud muselier
Surtout, avant d’entamer le premier discours de sa nouvelle mandature, le sortant fait le choix d’un geste politique fort. Installé dans le siège du président, il appelle à la tribune : Christian Estrosi et Hubert Falco (les maires de Nice et Toulon ont quitté LR après avoir soutenu sa démarche d’ouverture à la majorité présidentielle), mais aussi Dominique Santoni, Martine Vassal et Jean-Marie Bernard (tous trois élus présidents LR des départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Hautes-Alpes, hier). Ces figures de la droite ancrées localement viennent s’installer au côté de Sophie Joissains (deuxième de liste dans les Bouches-du-Rhône), François de Canson (tête de liste dans le Var), Chantal Eymeoud (Hautes-Alpes), Bénédicte Martin (Vaucluse) et David Gehant (Alpes-de-Haute-Provence).
Le symbole de la photo de famille unie tient du message politique, la droite régionale fait sa démonstration de force. Autant auprès de ses concurrents locaux directs qu’à l’égard des appareils nationaux. Au milieu, Renaud Muselier veut en incarner le nouvel homme fort et rassembleur. Comme dimanche, au soir de sa victoire, il reprend d’ailleurs son argumentaire : sa stratégie d’ouverture était la bonne quoi qu’en disent ses détracteurs dont il n’a manifestement pas digéré les critiques. “Muselier : collabo, traitre, vendu, lâche, peureux, manipulé ! Tu vas perdre et avec le déshonneur en prime”, égraine-t-il avant de railler les médias qui l’ont toujours donné perdant et ont “renationalisé” la campagne jusqu’à en faire une nouvelle série : “après Game of Thrones nous avons eu Game of Paca”.
“Revenir à la vie”
Désormais le voilà à la tête d’une “dream team”, assure-t-il. Un assemblage de dix composantes politiques (LR, Modem, LREM, entre autres…), “loin des appareils politiques, loin des pressions nationales, loin des ministres et des parlementaires.” Bien sûr, chacun sera libre de “choisir son champion” lors des prochaines échéances, prend garde de souligner le meneur, conscient que la présidentielle 2022 viendra forcément mettre à l’épreuve la solidité de sa majorité.
Avec cette équipe, il se donne “six mois pour revenir à la vie” et “six ans pour aboutir à une région sans masque, apaisée et prospère.” Son discours de politique générale esquisse les grandes lignes à suivre dans ce territoire qui est pour lui “un petit pays” : une région plus sûre, plus verte aussi (être la première région neutre en carbone d’Europe et autonome en gestion des déchets en 2030), une augmentation du budget de la culture de 10%, la qualité du service de transports… Tout cela sans augmenter les impôts, mais en frappant à toutes les portes. Il ambitionne, notamment, de glaner quelque 10 milliards d’euros de fonds européens sur six ans.
Le sacrifice de la gauche salué
À la tribune, Renaud Muselier n’oublie pas de remercier, pour son sens des responsabilités, Jean-Laurent Félizia “qui [lui] a fait confiance en sacrifiant sa liste”. Les rangs de l’opposition RN silencieux jusqu’alors ricanent. De nouveau, le sortant promet que, tout comme la liste de Jean-Marc Governatori (Cap Ecologie), les forces du Rassemblement écologique et social “pourront exprimer leur voix tout au long de ce mandat.” Convié ce vendredi matin, Jean-Laurent Félizia a décliné. Il dit désormais “attendre la date et le lieu d’une rencontre pour mieux connaitre les modalités de l’engagement” de Renaud Muselier.
Benoît Payan est venu, lui. Un saut de puce du maire socialiste de Marseille, en tout début de séance pour saluer le vainqueur et immortaliser une poignée de mains devant le drapeau régional. Un pur symbole ? “Cela a un intérêt politique, répond Renaud Muselier. Il voulait montrer qu’il veut travailler avec la région. Autant que moi je veux travailler avec la Ville de Marseille : j’aurai d’ailleurs un plan spécial à proposer pour l’aider.”
Dans l’opposition, un RN atone
Il ne faudrait pas que l’opposition élue ait moins de droits que celle qui s’est retirée.
Thierry Mariani (RN)
Dans l’hémicycle, cette représentation de forces politiques de gauche et écologiques qui n’ont pas pris part au second tour fait grincer. L’opposition Rassemblement national – est-ce le contrecoup de la défaite ou la chaleur estivale ? – se montre singulièrement atone. Loin de la plénière d’investiture de 2015 où Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi n’avaient cessé de s’écharper, loin de la violence de dernières semaines de campagne. Mais après avoir offert ses félicitations républicaines au vainqueur, Thierry Mariani met en garde : “Il ne faudrait pas que l’opposition élue ait moins de droits que celle qui s’est retirée.” Au sortir de la plénière, il prolonge : “Il y a des gagnants et des perdants, des élus et des non-élus. Quand j’entends que les non-élus auront la possibilité de former des vœux ou des motions, je trouve ça un peu surréaliste !”
Dans le patio intérieur de l’hôtel de région, les élus se tiennent en rang sous le soleil pour la photo protocolaire. Renaud Muselier répond aux questions d’une équipe de télévision. La séance est bientôt terminée. Après une interruption de séance, il ne restera plus qu’à élire les vice-présidents et les membres de la commission permanente – le gouvernement régional (lire ci-dessous). La nouvelle mandature pourra alors commencer.
Les quinze vice-présidents de la région1. Christian Estrosi, président délégué aux grands événements, aux relations internationales et à la francophonie
2. Chantal Eymeoud, en charge du plan montagne et des affaires européennes
3. François de Canson, en charge du développement économique, de l’attractivité, du tourisme, de la prévention des risques majeurs
4. Sophie Joissains, en charge de la culture
5. David Gehant, en charge de l’aménagement du territoire, de l’aide aux communes et des intercommunalités
6. Bénédicte Martin, en charge de l’agriculture, la viticulture, la ruralité et du terroir
7. Jean-Pierre Colin, en charge des finances et des partenariats de coopération
8. Véronique Borré, en charge de la sécurité, de la défense, du soutien aux forces de l’ordre et de l’innovation pour une région apaisée
9. Nicolas Isnard, en charge de la formation professionnelle et de la politique de l’emploi
10. Marie-Florence Bulteau-Rambaud, en charge de l’éducation, des lycées, de l’orientation et de l’apprentissage
11. Serge Amar, en charge de l’artisanat, du commerce, des TPE et PME
12. Virginie Pin, en charge de l’art de vivre, du patrimoine et des traditions
13. Jean-Pierre Serrus, en charge des transports et de la mobilité durable
14. Jacqueline Bouyac, en charge du renouveau démocratique, de la participation citoyenne et du renforcement des services publics
15. Ludovic Perney, en charge de la jeunesse, des sports et de la vie étudiante
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60 pour cent de 30 pour cent, ça fait combien? Il est surtout Président de ses copains, pas autre chose. Et malheureusement, pas plus que Payan n’est représentatif des Marseillais et Macron des Français!
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