L’ultime cadeau de Gaudin au syndicat Force ouvrière

Jean-Claude Gaudin et Patrick Rué lors des derniers voeux du syndicat au maire. Photo Lisa Castelly.

Les vœux mutuels que s’adressent le maire et le syndicat majoritaire sont une pièce au ressort bien huilé. Y figurent toujours des revendications laissées orphelines, des demandes pressantes et un petit cadeau qui fait figure d’étrennes. L’an dernier, ce présent, gage d’une entente sans cesse renouvelée a pris la forme d’une revalorisation du ticket restaurant des employés municipaux dont le montant est désormais calqué sur celui des agents de la métropole.

Sur la scène de l’Odéon, ce mercredi 15 janvier, Jean-Claude Gaudin s’est même gaussé, en moquant les journalistes qui croient l’échange improvisé. Car l’étrenne syndicale donne lieu à une petite saynète dont les deux hommes ont le secret. Patrick Rué propose, dans son discours et le maire dispose, interrogeant faussement du regard son directeur général des services. La dernière cérémonie de vœux de Patrick Rué et Jean-Claude Gaudin n’a pas dérogé à la règle. Et, retraite oblige, le cadeau est conséquent.

Il concerne cette fois-ci, la participation municipale à la mutuelle des agents. Dans son discours, Patrick Rué regrette qu’à ce jour, “beaucoup d’agents n’ont plus de couverture mutualiste parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers de cotiser”. Alors, il demande :  “Aujourd’hui pour un adulte, la Ville participe pour 15 euros et la métropole pour 54 euros ! Tous les agents devraient pouvoir se faire soigner équitablement. Allez, monsieur le maire on compte encore une fois sur vous !”

“Deux heures après, le cabinet m’a appelé”

Dans son discours, Jean-Claude Gaudin n’a pas répondu favorablement, convenant tout au plus que cette distorsion entre les collectivités “est un problème”. Un problème qui n’a pas eu le temps de s’installer dans la durée. “Deux heures après, le cabinet m’a appelé pour me dire que la Ville allait se caler sur le montant accordé aux agents de la métropole”, explique Patrick Rué, le secrétaire général Force ouvrière des deux institutions.

Il reconnaît bien volontiers qu’il avait discuté de cette revendication deux jours avant avec le directeur général des services. “Mais Jean-Claude Gondard n’était pas très chaud pour nous faire ce cadeau, explique Patrick Rué. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois qu’on faisait cette demande, mais il a toujours dit que c’était trop cher”.

Miracle de Noël avec quelque retard ou cadeau de fin de mandat avec un peu d’avance, le maire accède donc à la revendication du syndicat malgré les préventions de son administration. Vendredi 17 janvier, Patrick Rué sort un tract où il tonitrue sa victoire dans un tract illustré.

Le tout est assorti d’un petit message de service aux accents promotionnels : “Besoin d’une mutuelle pour les territoriaux ? La Mutuelle Marseille Métropole vous propose des garanties santé et prévoyance adaptées à vos besoins”. Celui-ci est assorti d’un lien vers ladite mutuelle, fondée par le personnel et présidée par… Patrick Rué. Bien sûr, la “participation exceptionnelle” ne concerne pas que les adhérents à la mutuelle “maison”.

Le même jour, les autres syndicats recevaient un mail leur annonçant un ajout à l’ordre du jour de la prochaine réunion avec l’administration d’un “rapport concernant la protection sociale complémentaire” des agents. Celui-ci sera effectivement proposé au vote  lors du dernier conseil municipal, ce lundi 27 janvier. Avant cela, il sera discuté en comité technique où siègent l’ensemble des syndicats et des représentants de l’administration. “Ce que je trouve scandaleux, c’est que c’est une revendication que nous formulons depuis que je suis élu au comité technique, regrette Ludovic Bedrossian, représentant de l’alliance CFTC/CFE-CGC. Et là, il suffit que Force ouvrière le demande pour que le maire l’accorde alors qu’on nous a toujours dit que c’était trop cher.”

Quatre millions d’euros de bonus selon FO

Sur le coût global de cette mesure, le rapport mis à l’ordre du jour ne précise aucun montant. “Je crois que cela représente quatre millions d’euros”, avance Patrick Rué. Une paille quand on connaît la tension de la situation financière que le maire va laisser à son successeur. Contactée, la Ville n’a pas donné suite à nos demandes de précision, renvoyant à la tenue, ce jeudi, du déjeuner durant lequel le directeur général des services répond aux questions de la presse.

Quant au caractère pré-électoral d’une telle mesure pour les quelques 12 000 agents que compte la Ville, Patrick Rué le rejette lestement : “Vous savez, s’il avait fait ça l’an dernier, cela aurait été un cadeau pour nous, pour les élections professionnelles. Il y a toujours des élections“. En tout cas, pour Jean-Claude Gaudin, ce cadeau sera le dernier.