Le Mémorial de la Marseillaise, le bébé abandonné de Gaudin
Le Mémorial de la Marseillaise, le bébé abandonné de Gaudin
Lundi, fermé. Mardi matin, grille fermée aussi. En fait, le Mémorial de La Marseillaise n'est pas vraiment fermé. A l'intérieur, une trentaine de bambins écoute sagement une jeune femme montrant une carte de France. Il s'agit d'une classe en visite scolaire dans le musée qui retrace l'histoire de l'hymne français à l'endroit même où il a été entonné pour la première fois, en 1792. Pour le "public", il faudra attendre l'après-midi pour parcourir le parcours scénographique avec force effets de lumière, fumées blanches et têtes coupées. De prime abord, le mémorial ne brille pas par l'amplitude de ses horaires d'ouverture. Il était d'ailleurs à l'arrêt en janvier avec toutefois une exception pour le week-end d'ouverture de Marseille Provence 2013.
Inauguré le 8 mars 2011, il y a deux ans tout juste, on ne se bouscule pas au portillon du Mémorial. Et pourtant, si ces horaires sont proches de ceux d'un bureau municipal de proximité, les employés de ce mini-musée ne sont pas fonctionnaires puisque sa gestion a été confiée à une entreprise privée, Vert Marine. Celle-ci est une habituée des délégations de service public mais dans un domaine tout autre, les piscines et les patinoires. Alors pour faire face à la crise de fréquentation, ils ont tendance à faire le gros dos.
Pas de car de Japonais
Avec 4 salariés à temps plein, le Mémorial se serre la ceinture pour mener au mieux sa mission. Faute de recettes, il a réduit ses horaires d'ouverture et renoncé à employer un saisonnier en renfort l'été dernier. Son directeur, Frédéric Frank, explique la baisse de fréquentation par différents facteurs. "En 2011, il y a eu l'effet multiplicateur de l'ouverture et de l'événementiel autour, explique t-il. En 2012, l'été a été très beau – ce qui nuit à la fréquentation des musées – et la rue a été beaucoup en travaux". Il se dit satisfait de la fréquentation des scolaires qui représentent 5 000 visites soit 190 classes : "Compte tenu de notre petite capacité d'accueil, c'est déjà pas mal", argumente-t-il. Il faut dire qu'avec ses 300 mètres carrés d'exposition et sa scénographie, le musée ne peut accueillir que trente personnes à la fois. "Vous imaginez un car de Japonais se garant devant le mémorial ?", ironise l'employé de Vert Marine.
Les touristes semblent tout aussi timides que les Marseillais bien que leur pourcentage soit en hausse. Il atteint 25% en 2012. Du côté de la direction de Vert Marine, on avoue volontiers que le site n'a pas eu le succès espéré. "Tout comme la mairie, nous étions dans l'incertitude quant au potentiel de fréquentation du lieu", explique Philippe Jourdan, responsable de la communication. Mais que sont-ils venus faire dans cette galère?
En 2010, Vert Marine a gagné l'appel d'offres de la délégation de service public (DSP sans difficulté puisque l'entreprise était la seule à remettre une offre. La convention de DSP signée lors du conseil municipal du 8 février 2010 disposait que la Ville allouerait 117 059 euros pour la période de pré-ouverture puis 201 093 euros pour la première année de fonctionnement. Cette somme correspond selon la Ville a une jauge de 40 000 visiteurs par an. Le contrat précise également que "le montant prévisionnel moyen des recettes est évalué par an à 330 000 euros hors taxes" tandis que celui "des charges est estimé par an à 520 000 euros hors taxes".
Le fermier mange son pain dur
En 2011, sachant que le musée n'a été ouvert qu'à partir de mars, 19 759 visiteurs ont été accueillis. L'année dernière, les chiffres étaient bien inférieurs avec un peu moins de 14 000 visiteurs. On est donc très loin de l'équilibre financier. Et dans la mesure où cette DSP prend la forme juridique d'un affermage, c'est au titulaire de la délégation, le "fermier", d'assumer les risques financiers et donc de couvrir les éventuels déficits. Vert Marine perdrait donc 80 000 euros par an dans cette affaire, et ce jusqu'à la fin du contrat soit mars 2014. Mais pas de panique : Vert Marine est loin d'être une start-up au bord de la faillite. "A l'échelle de la société, la perte n'est pas énorme", se console Philippe Jourdan, le responsable de la communication. En effet, la société affiche un chiffre d'affaire de 90 millions d'euros et gère plus de soixante-dix sites en France.
Pour ce qui est du renouvellement de la DSP en mars prochain, rien n'est encore certain. Si ce n'est que Vert Marine ne se rengagera pas dans les mêmes termes. Pour l'heure, la mairie n'a pas l'air angoissée par ces faibles taux de fréquentation. "Dans la mesure où c'est une DSP, j'ignore tout des chiffres de fréquentation", admet l'adjoint à la culture, Daniel Hermann. Celui en profite tout de même pour se décharger sur la communauté urbaine. Pour lui, "rien n'a été fait [par celle-ci] dans le quartier". S'il avoue que le mémorial est un quelque peu isolé, il se dit "sûr que lorsque l'environnement aura changé les visiteurs seront nombreux, ce serait un circuit avec le musée d'Histoire de la ville". A propos du prolongement ou non de la DSP ou encore de la modification de son contenu, l'élu rappelle une date-clef : "Vous savez, elle aura lieu en 2014, année électorale chargée. On verra bien ce que feront ceux qui y seront".
Quant à Vert Marine, elle vise des échéances beaucoup plus proches. En effet, le coeur de métier de l'entreprise se situe du côté des loisirs sportifs. Or, la Ville s'est récemment dotée d'une très belle patinoire également en DSP. Elle a déjà eu les faveurs des deux ex-hockeyeurs qui ont fondé la société. En 2009, ils ont concourru au marché de DSP du palais de la glace et de la glisse. En vain. Mais, de l'aveu même des responsables de l'entreprise, celle-ci s'implante partout où il y a des marchés. La gestion du Mémorial de La Marseillaise était pour eux un excellent "pied dans la porte". Vert Marine est candidate à la gestion de la patinoire rebaptisée depuis Palais Omnisport Marseille Grand Est, dont le contrat de DSP a été largement remanié. On connaîtra en septembre le nom de son futur gestionnaire.
Commentaires
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Je me demande ce que veut dire l’adjoint à la culture quand il dit que le Mémorial marchera mieux quand « l’environnement aura changé »… Ça lui plait pas, l’« environnement » de Belsunce ?
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J’ignorais qu’il y avait un quelconque mémorial à visiter à cet endroit pourtant très souvent attirée par ce drapeau en 3 D… On dirait que cette agence de com passe plus de temps à vendre ses produits Vert marine sur son site plutôt que d’informer les touristes et marseillais de ce lieu à visiter !
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Il y a un autre lieu culturel dont la fréquentation ne doit pas être au rendez-vous, c’est le chateau de la Buzine dont la programmation cinématographique famélique (quasiment aucune séance en soirée, une programmation sans queue ni tête, deux mois d’interruption du son et de l’image du 19 décembre au 26 février…) prêterait à rire si cet équipement exceptionnel (une des plus belles salles de cinéma de Marseille) n’avait pas été financé sur des deniers publics et bénéficiait pas, je crois, d’une subvention confortable. Malgré mes demandes directes auprès de la direction de la salle, je n’ai jamais pu obtenir communication du budget et de la fréquentation. J’ai entendu parler d’une subvention annuelle de plus de 700 K€ qui a mon avis, si elle s’avère exacte, doit faire partie des subventions par spectateur parmi les plus élevés si j’en juge par le faible public présent aux séances auxquelles j’assiste. Comparé au remarquable travail fait par l’Alhambra à Saint Henri, avec selon mes informations une subvention de fonctionnement deux fois inférieure, je reste sidéré par la gestion du site de la Buzine. Encore une DSP qui me semble pour le moins bizarrement négociée.
Peut-être pourrez vous éclairer mes lanternes ?
par avance merci.
un amateur de cinéma dépité.
Eric MAS
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“Dans la mesure où c’est une DSP, j’ignore tout des chiffres de fréquentation”, admet l’adjoint à la culture, Daniel Hermann…mon dieu, qu’est-ce qui peut justifier une telle nullité ??
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Je suis allé à la Buzine cet été, et je n’y retournerai pas de sitôt. Accueil indigne d’un personnel peu concerné et pour tout dire consternant. Une fois de plus et comme dans beaucoup de domaines de la vie Marseille, on ne sent pas de logique, de politique affichée et affirmée. Comme l’Alcazar, la vielle charité, le mémorial, le MAC, …
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Comment peut-on donner un lieu culturel en délégation sans demander une évaluation annuelle du fonctionnement ?
Soit Mr Hermann ne connait pas le dossier, soit le marché n’est pas conforme à la réglementation.
Une fois de plus la Ville de Marseille brille par son incompétence…
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…comment peut-on réunir trente bambins, les faire assoier sagement, et leur conter cette belle histoire de femmes égorgées, d’appel au massacre, de gorger la terre de sang (mais uniquement de sang “impur”, car il et des sang comme des massacres, il y en a des plus pûrs que d’autres, ils doivent l’apprendre), avec pour conclusion un vibrant appel à la vengeance, dût-on y laisser la vie : décidément en phase avec son époque, ce texte…
Mais chut…Puisqu’on vous dit qu’il est intouchable, issu de cette riante année 1792 où tout n’était qu’amour de son prochain et ouverture d’esprit.
HHHAA, le doux été 92…Le 10 août, Les Massacres de Septembre…Effectivement cette année là les sillons allaient dégueuler de matière organique humaine broyée sous les sabots des cheveaux, et encore tout celà n’était-il qu’une ouverture, celle de la Très Sainte Terreur.
Ca aussi on leur raconte, où ça s’arrête à la prise de la bastille ?
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Encore un cuisant échec de la municipalité GAUDIN et vous verrez que les contribuables seront encore les dindons de la farce .
Depuis l’accession de GAUDIN au pouvoir , la politique culturelle est méprisée et confiée volontairement à des personnes qui n’ont aucune compétence ou:et qui approuvrent et signent tout ce que mijotte la poignée de chouchous de GAUDIN;
C’est désespérabnt !
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Quelques précisions complémentaires :
1 – Vert Marine est aussi le délégataire du mémorial de Gaulle à Colombey les Deux Eglises
2 – Le PDG de Vert Marine, Thierry Chaix,a été mis en examen en décembre 2012 par un juge d’instruction rouennais pour avoir “truqué” des marchés (sources : http://www.paris-normandie.fr/article/rouen/entente-illicite-les-dirigeants-de-vert-marine-et-un-autre-chef-dentreprise-mis-en-exa et http://www.paris-normandie.fr/article/rouen/enquete-judiciaire-sur-vert-marine-les-mis-en-examen-ont-verse-515-000-%E2%82%AC-de-caution). Les dirigeants de Vert Marine ont dû verser 515 000 € de caution.
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c’est quand même vrai que les touristes de base ne vont pas faire un détour par Marseille avec un sujet pareil…..en tous cas si j’étais en vacances dans les environs ce n’est pas ça que j’irai voir en premier, mais plutôt une bonne exposition ou un spectacle….Le problème c’est que l’offre est très forte l’été dans la région (festivals de grande qualité notamment). Si Marseille n’a que des sujets pareils pour attirer les touristes, il y a encore du boulot…..
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C’est bien dommage car ce musée est fort intéressant et le spectacle multimédia captivant. Seulement quand on l’a vu une fois, on n’y retourne pas avant un bon moment. Je crois aussi que beaucoup de Marseillais, de gens de la région et de touristes ignorent hélas l’existence du Mémorial de la Marseillaise.
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Le musée est assez “pauvre” ; pas vraiment de documents, objets historiques à voir, à consulter.
L’animation avec les têtes parlantes est pas mal mais assez partiale (qu’est-ce qu’ils sont gentils ces révolutionnaires !)
Le prix est très cher pour une visite qui ne dure pas très longtemps.
Le bon point : le directeur et l’équipe qui présentent bien
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