Face à sa première grève métropolitaine, Jean-Claude Gaudin joue la montre
Le conseil métropolitain se réunira ce jeudi dans un contexte de grève à l'appel de la CGT. Un mouvement élargi à tout le territoire de la métropole après dix jours de grève de la collecte des déchets dans le centre de Marseille. Face à des agents inquiets sur les conditions de l'harmonisation de leurs anciens statuts, l'administration demande du temps.
Face à sa première grève métropolitaine, Jean-Claude Gaudin joue la montre
Pour une première séance inaugurale dans l’hémicycle du Pharo, les élus métropolitains seront accueillis par des grévistes de la CGT, qui a choisi ce jour de séance pour le démarrage de son préavis global et reconductible. Global, c’est-à-dire étendu à tous les services et agents des six anciennes intercommunalités, fusionnées dans la métropole depuis janvier 2016. Une première dans l’histoire de la jeune institution.
Depuis 10 jours, c’est le volet “collecte des déchets” et ses conséquences visibles sur le grand centre-ville de Marseille qui focalisent l’attention. Et la réponse du président de la métropole Jean-Claude Gaudin concerne également ce volet déchets ménagers : “C’est un mouvement très minoritaire. Une quinzaine d’agents a pris en otage l’outil de travail en bloquant la collecte dans six arrondissements. Nous serons amenés à discuter dans les instances paritaires où tous les syndicats sont représentés mais pas avant que la grève soit levée”, a-t-il déclaré mercredi, lors du déjeuner de préparation de la séance du conseil métropolitain.
Mais si le conflit est parti de chauffeurs et ripeurs du garage de la Cabucelle (lire notre article), il s’inscrit bien dans des problématiques métropolitaines. Un enjeu qui semble surtout électoral pour Jean-Claude Gaudin : “Il y a un fond de rivalité entre les syndicats et nous sommes pris au milieu, ils préparent les prochaines élections [professionnelles].” Au diapason, le président du conseil de territoire Marseille Provence (ex-MPM) Guy Teissier parlait la veille d’une “opération politique”, dans la foulée du premier vote des 7 500 agents métropolitains, en décembre 2016, et en prévision du prochain, en 2018. “La CGT, qui est minoritaire, essaie de conquérir de nouvelles parts de marché face à Force ouvrière qui n’a plus la majorité absolue.”
Harmonie et couacs
Gaudin et Teissier ne cachent toutefois pas le point autour duquel gravite cette grève : l’harmonisation des statuts à partir des six anciennes intercommunalités. “Par exemple à Marseille, ils ont les tickets resto et pas à Martigues”, a illustré Jean-Claude Gaudin. Mais près de quatre mois après les élections professionnelles, elles-mêmes organisées un an après la naissance de l’institution, le président et son administration demandent encore du temps.
De quoi alimenter les craintes des agents. “La grève part du mouvement des agents [de la Cabucelle] mais aussi du manque d’information sur la future organisation de la métropole. Ils ont peur de ce qui va se passer dans le cadre de l’harmonisation, chacun a un bout d’information via ses élus du conseil de territoire mais qui sont parfois contradictoires”, justifiait la semaine dernière Dominique Maccari, membre du bureau de la CGT métropole.
Mardi 21 mars, la première réunion du comité technique, l’une des “instances paritaires où tous les syndicats sont représentés” évoquées par Jean-Claude Gaudin, n’a pas balayé ces doutes. “On nous a expliqué que les harmonisations se feraient dans le cadre strict de la loi et des contraintes budgétaires de la métropole”, rapporte la syndicaliste. Jean-cLAude Gaudin ne dément pas cet impératif financier. Ce que la CGT traduit en “harmonisation par le bas”.
Réorganisation reportée
L’ordre du jour officiel de ce comité technique n’a pas davantage permis de poser des jalons. “On nous a proposé un document de 70 pages sur la future organisation, une semaine avant”, raconte Dominique Maccari. “En huit jours, on n’avait pas le temps de négocier”, abonde Roger Aymard, secrétaire général de la FSU territoriale, deuxième syndicat derrière Force ouvrière qui n’a pas déposé de préavis mais “soutient le mouvement”. Face aux protestations, ce dossier qui devait être présenté au vote du conseil métropolitain ce jeudi a été retiré, de même que les critères de promotion des agents en commission administrative paritaire (CAP).
Des promotions qui semblent de toutes façons lointaines. “Il est scandaleux et inadmissible que le personnel soit si peu considéré car certains agents vont subir deux années sans CAP. La prochaine n’est annoncée que pour le mois d’octobre dans le meilleur des cas”, dénonçait l’intersyndicale dans une “déclaration générale” ouvrant le comité technique. Pour sa part, Force ouvrière est resté silencieuse sur le comité technique comme sur le conflit. Ses représentants n’ont pas répondu à nos appels.
Ces discussions, Guy Teissier explique y être, de fait, étranger. “Le président du conseil de territoire que je suis n’a pas reçu le préavis de grève et néanmoins je suis chargé de la propreté. (…) Je n’ai pas la compétence des ressources humaines. Je ne recrute plus, je ne note plus, je n’appartiens plus aux CAP… Mais je continue à recevoir tous les syndicats, pas seulement le majoritaire, c’était ma méthode à MPM.” Jean-Claude Gaudin la reprendra-t-il ?
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Commentaires
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Après avoir lu l’article, je ne sais toujours pas pourquoi il y a grève, pourquoi les poubelles débordent dans la rue ?
J’ai cru comprendre qu’il y a des inquiétudes au sujet d’éventuelles promotions et de jalousies pour des tickets de restaurant ??? inquiétudes dont profiterait un syndicat pour gagner des voix lors de prochaines élections syndicales ???
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Sur 20 ans on peut dire ceci: des voyous prennent régulièrement en otage les citoyens pour sauver quelques avantages injustes acquis sur Marseille dans la logique clientèliste des politiques qui se sont succédés . L’enjeu? C’est que le coût de l’extension des acquis (“fini-parti”, poubelles “oubliées”, jours de grèves dédommagés” etc …. ) à toute la Métropole est exhorbitant.
Que ceux qui soutiennent Fillon, la droite dure, dont Teissier, Tian, et l’actrice d’opérette qui compte les électeurs de Fillon qui se cachent, montrent et vite leur capacité à remettre en ordre et à en finir avec des actions politico-clientelistes d’un autre âge. Gaudin ne fera jamais ce qu’il n’a jamais fait. Tian, élu fugace du Centre-ville, et lâcheur, Bernasconi de substitution, montrez et vite votre intérêt pour le secteur Longchamp-St Charles.
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Et pendant ce temps les ordures s’amoncellent, pas un mot de ces hommes politiques “responsables” sur la situation sanitaire et le quotidien insupportable des marseillais., pas un mot sur le respect de cette ville et de ceux qui y habitent. Ce n’est plus un fossé entre ces individus qui ont fait main basse sur ce territoire et les habitants, c’est un gouffre sans fond. Espérons que les électeurs s’en souviennent au moment venu
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Curieux que dans un article équilibré certains commentateurs ne lisent que ce que dit l’une des parties en présence (ou plutôt en absence…), à savoir les employeurs, Gaudin et Teyssier, pour déconsidérer ces personnels. Ça ne m’amuse pas du tout de voir les poubelles s’amonceler à côté de chez moi, mais depuis des mois et des années on ballade les gens qui travaillent à MPM puis à la métropole sur l’air de “pour les statuts et les rémunérations on verra plus tard ce que vous allez devenir”, pour au dernier moment leur donner un document de 70 pages en disant : “on va négocier ça la semaine prochaine” — vous accepteriez ça et continueriez à ramasser la saleté des autres sans broncher ? Je ne crois pas que j’aurais déclenché la grève comme ça, je crois que j’aurais recherché une unité syndicale la plus large possible (en sachant que le syndicat ex-majoritaire discute dans son coin avec son “adhérent d’honneur” Gaudin sans mettre les autres au courant…) mais je comprends tout à fait ceux qui ont fini par péter les plombs.
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Tout ce qui importe, c’est la situation sanitaire de certains quartiers, le reste excusez moi du peu, est secondaire. Les personnels concernés par les atermoiements de la métropole et l’incompétence des élus ne sont pas les seuls. Merci d’avoir aussi une pensée pour ceux qui travaillent entre autres, dans la distribution, le bâtiment, l’hôtellerie (métiers faciles c’est bien connu…) et qui aimeraient vivre dans des rues qui ne soient pas des cloaques infestés de rats. Çà aussi c’est une lecture équilibrée du problème.
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Ah non ce n’est pas équilibré !!! Pas la bonne “lecture” !
Ce n’est pas parce que c’est pire ailleurs qu’il faut continuer !!! et ne pas tenter d’améliorer sa situation. On pense aussi que dans les corporations citées ils sont syndiqués et peuvent eux aussi revendiquer, non ?
Comme jean-josé je comprends tout à fait les inquiétudes de ces salariés, qui utilisent, malgré tout les tracas provoqués, les seuls moyens dont ils disposent.
Par ailleurs, manifestement, cordier, gaudin et les autres laissent bien volontiers pourrir une situation qu’ils auraient pu tenter de régler rapidement.
En même temps, c’est assez curieux, les radios, journaux….la mairie parlent de mouvement minoritaire, une quinzaine de grévistes excites…et ils arrivent à bloquer tout le ramassage à 15 ???? Il n’y aurait pas -en plus- des problèmes d’organisation ????
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Si la conclusion c’est que les éboueurs n’ont pas le droit de grève. .. Le déséquilibre est flagrant.
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On n’en serait peut-être pas là si M. Gaudin avait pris l’habitude de considérer comme représentatifs – et de discuter avec – tous les syndicats ayant obtenu au moins 10 % des voix aux élections professionnelles, et pas seulement l’un d’entre eux. C’est la lettre et l’esprit de la loi.
Il ne faut pas s’étonner du pourrissement de la situation quand on montre ouvertement à un agent sur deux qu’on le tient pour quantité négligeable en raison d’une appartenance syndicale qui n’a pas l’heur de plaire au patron. De ce point de vue, Guy Teissier semble plus clairvoyant que l’adhérent “d’honneur” (sic) – mais ce n’est pas très difficile…
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L’adhérent d’honneur au-delà de la baisse de capacités cognitives a aussi des problèmes de vue…et d’odorat.
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Ce qui va se passer à terme, c’est le transfert complet du nettoyage urbain à des opérateurs privés. A Marseille, certains arrondissements et les grands axes comme le jarret sont déjà confiés à des opérateurs privés. Pas forcément un drame, ni pour les agents, ni pour les habitants, à condition que les marchés soient passés convenablement. Et ça, c’est franchement pas gagné.
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Dans votre surprenante réflexion de transfert et de privatisation du ramassage des ordures ménagères, vous dites —”que ce n’est pas un drame, ni pour les agents, ni pour les habitants”— Excusez-moi du peu,si pour les agents le transfert au privé ne leur poserait pas de problème de reconversion, car il sont majoritairement titulaires de la FPT, mais seraient basculés de force dans d’autres services du nettoiement de la ville ou bien mutés dans d’autres arrondissements de la Métropole, ce qui induirait une augmentation significative des doublons,car aucune autorité publique n’oserait supprimer les postes de la régie directe du ramassage remplacés par le privé. Mais pour les habitants de la métropole assujettis à l’ impôt et aux taxes de toute nature qui plombent déjà anormalement leur pouvoir d’achat,l’addition deviendrait alors insupportable.Antoinette parfois les travail en régie se trouve autant performant que celui effectué par le privé. Mais à Marseille, c’est une autre histoire car les agents publics ont les meilleurs élus de France…
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