Zone d’activité de Pertuis : la métropole persiste mais réduit la voilure

Décryptage
le 18 Avr 2024
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Après la forte contestation de 2022, la commission chargée de réévaluer le projet d'extension de la zone d'activité de Pertuis a rendu ses conclusions. Elle propose d'urbaniser 40 hectares au lieu des 86 initialement prévus. Les élus écologistes et associations continuent de dénoncer la bétonisation de terres agricoles.

Le projet d
Le projet d'extension de la zone d'activités de Pertuis, sur des terres pour certaines agricoles et cultivées, suscite l'opposition. (Photo C.By.)

Le projet d'extension de la zone d'activités de Pertuis, sur des terres pour certaines agricoles et cultivées, suscite l'opposition. (Photo C.By.)

La mobilisation pour les terres agricoles en bord de Durance à Pertuis, rebaptisées “zone à patate (ZAP)” par leurs défenseurs, pourrait bien repartir de plus belle. L’extension de la zone d’activité d’entrée de ville sur 86 hectares avait été contestée par une ZAD en 2022, avant que la présidente de la métropole Martine Vassal (divers-droite) décrète un moratoire il y a un an et demi. La commission d’élus métropolitains chargés de réfléchir à une nouvelle mouture du projet a rendu ses conclusions ce mercredi 10 avril, a appris Marsactu.

Quarante hectares au lieu des 86 prévus dans le cadre de la déclaration d’utilité publique de 2020, sont désormais retenus pour être urbanisés. Pas de quoi apaiser les opposants, qui appellent, dans le sillage de l’association Terres vives Pertuis, à une manifestation devant le palais du Pharo à midi ce jeudi 18 avril, en amont du conseil métropolitain.

24 hectares d’espaces naturels, 22 agricoles

La réduction de plus de moitié de la surface prévue initialement à aménager est présentée, par une diapositive montrée en commission métropolitaine, comme “un nouveau projet conciliant espace économique, terres agricoles et maintien des espaces naturels”. 24 hectares de “zones à enjeux écologiques”, situés vers le sud seraient conservés comme espaces naturels et la vingtaine d’hectares restant au nord laissés à l’activité agricole.

Les bénéficiaires de l’urbanisation devraient être d’hypothétiques sous-traitants du projet de fusion nucléaire ITER, des acteurs de l’agroalimentaire… mais aussi des sociétés ayant appartenu ou appartenant toujours au maire de la cité vauclusienne de 20 000 habitants et conseiller métropolitain Roger Pellenc. Soit Pellenc SAS, Pellenc Bâtiment, Pellenc Energy, Pellenc Selective technologies, sur plusieurs dizaines d’hectares. Ce que pointent les opposants comme un conflit d’intérêts.

“Alors qu’aucun projet économique majeur ne s’impose sur ce territoire, la métropole choisit clairement de bétonner 40 hectares de terres agricoles parmi les plus précieuses de notre territoire et irrigués par un système gravitaire”, dénoncent dans un communiqué commun les conseillers métropolitains écologistes Sébastien Barles et Aïcha Sif, par ailleurs adjoints à la transition écologique et adjointe à l’agriculture urbaine à Marseille.

“Pseudo moratoire”

Joint par téléphone, Sébastien Barles fustige un “pseudo moratoire” de la métropole qui n’a eu comme finalité, selon lui, que de maintenir l’ambition de Roger Pellenc de faire gonfler la zone d’activités. “Ce sont des terres hyper fertiles qu’il faudrait toutes sanctuariser”, affirme l’élu marseillais. À ses yeux, le foncier que doit rendre accessible la métropole aux entreprises est à chercher ailleurs, là où “il y a des friches importantes, à Gardanne ou à Berre”. Il promet de se mobiliser avec les associations et collectifs.

“La simple idée d’artificialiser des terres agricoles cultivées, irriguées et en zone inondable”, ne passe pas non plus pour Bernadette Cailleaux Puggioni, de Terres vives Pertuis, et riveraine potentiellement expropriée d’une partie de son terrain. “La métropole nous ignore. Nous avions demandé à participer à la commission en tant que société civile”, regrette-t-elle. Le nouveau projet devrait être mis en délibération au conseil métropolitain de juin. Par la suite, “dès que l’arrêté du préfet sera publié, les travaux pourront débuter”, s’alarme la militante associative.

Avant que les constructions ne soient engagées, d’autres étapes administratives devraient néanmoins être franchies. “Ces terrains sont fléchés en zone à urbaniser 2 AU, si un jour il y a des besoins qui doivent être justifiés”, nous précise Jean-David Ciot, le conseiller métropolitain à la planification du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) du Pays d’Aix, à qui Marsactu apprend les conclusions de la commission métropolitaine. “Par rapport aux règles d’application du PLU, il faudra engager une révision générale de celui-ci avec une enquête publique”, ajoute celui qui est par ailleurs maire (PS) du Puy-Sainte-Réparade.

Contactés, ni les services de la métropole, ni Amapola Ventron la présidente de la commission en sa qualité de vice-présidente à l’environnement, n’ont répondu à nos sollicitations. “Le maire ne souhaite pas s’exprimer, étant donné que le sujet a été transmis à la métropole”, nous indique-t-on par ailleurs en mairie de Pertuis. Nous insistons en rappelant qu’il est aussi conseiller métropolitain et membre de la commission. La réponse est sibylline : “Il ne souhaite pas interférer”.

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Commentaires

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  1. Richard Mouren Richard Mouren

    L’entrée sud de ville est déjà un vrai repoussoir. D’autre part, les intérêts de Monsieur Pellenc, maire de la cité, me semblent terriblement impliqués dans ce projet, puisqu’il semble que seules ses entreprises sont candidates à l’installation, les autres étant hypothétiques (éventuels sous-traitants d’Iter). Deux raisons majeures pour envoyer ce projet aux oubliettes.

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Je me demande comment ce projet s’insère dans l’objectif “zéro artificialisation nette” prévu par la loi Climat d’août 2021.

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  3. Stéphane Coppey Stéphane Coppey

    Entre l’objectif ZAN et l’évident conflit d’intérêt, il y a là tous les ingrédients d’un procès hors norme sur les dérives de l’autocratie.

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