Yvon Berland (LREM) coche la case diversité pour contrer le RN au Nord

Actualité
le 31 Jan 2020
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Yvon Berland présente deux nouvelles têtes de liste dans les 2/3 et 15/16 en mettant en avant leur "diversité sociale et de parcours" pour contrer le RN. En revanche, le 13/14 n'a toujours pas de candidat connu.

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Autour d'Yvon Berland, les têtes de liste LREM. William Elman et Maliza Saïd pour le 2/3, Saïd Ahamada et Rachida Tir pour le 15/16.

Autour d'Yvon Berland, les têtes de liste LREM. William Elman et Maliza Saïd pour le 2/3, Saïd Ahamada et Rachida Tir pour le 15/16.

L'enjeu

Yvon Berland a présenté deux nouvelles têtes de listes dans les 2/3 et 15/16. En 2014, Maliza Saïd et Saïd Ahamada militaient pour obtenir des places éligibles pour les listes en lice.

Le contexte

Yvon Berland continue de pointer le rassemblement national comme son principal adversaire dans ces élections. En revanche, la candidate qui représentera le parti dans le 13/14 reste inconnue.

Il y a six ans, ils étaient les “indignés de la cité phocéenne”. Marseillais d’origine comorienne ou mahorais, tanqués loin des places éligibles aux municipales, quelle que soit la couleur de la liste où ils aspiraient figurer.

En janvier 2014, ils avaient réuni plusieurs milliers de personnes au Dock des suds pour réclamer plus de place “pour la diversité” sur les listes en lice de gauche et de droite. Ce travail de lobbying avait permis à quatre d’entre eux d’obtenir des places éligibles sur les listes de Patrick Mennucci, Jean-Claude Gaudin et Lisette Narducci.

Six ans plus tard, deux d’entre eux, Maliza Saïd, membre de la majorité municipale et membre du parti de centre-droit Agir, et le député LREM Saïd Ahamada, se retrouvent têtes de liste du candidat de la République en marche respectivement dans le 2/3 et les 15/16. En seconde position derrière la première, William Elman, par ailleurs directeur de campagne auprès d’Yvon Berland, met en avant sa naissance à la Belle-de-Mai et ses origines algériennes.

Suppléante et assistante parlementaire du député depuis 2017, Rachida Tir sera également en seconde position dans le 15/16. Elle rappelle son ancrage dans ces quartiers Nord populaires, son investissement associatif à la Savine et met en avant son nom comme une forme d’hommage à son père Mahboubi Tir, épicier et homme de bien, qui a donné son nom à une rue de la Busserine où elle a grandi.

“Diversité des origines sociales et des parcours”

Les têtes de liste du jour cochent clairement la case diversité, substantif pudique pour décrire une réalité qui ressemble à la ville et qu’Yvon Berland reprend à son compte en évoquant la “diversité des origines sociales et des parcours”. “Nous souhaitons une large représentation sur les listes, pose-t-il en préambule. Il y a parfois une expression et on n’en voit pas le résultat. Il y a parfois une volonté et le résultat est là“.

D’une place éligible en 2014 à la tête de liste en 2020, l’ascension est indéniable pour les deux amis. On peut aussi le lire comme une assignation à présenter des candidats issus de l’immigration d’après-guerre dans les secteurs de la ville où leurs enfants et petits-enfants, électeurs français, y sont les plus nombreux.

Ainsi le 15/16 est le seul secteur où s’affrontent trois têtes de liste dont les parents sont d’origine algérienne ou comorienne, avec Samia Ghali, candidate à la mairie centrale, qui s’y représente, Moussa Maaskri pour la liste LR et donc Saïd Ahamada pour LREM.

“Quelqu’un qui leur ressemble…”

En réponse à la critique, Yvon Berland met en avant la nécessité de présenter des candidats qui “ressemblent à la réalité et connaissent un minimum le territoire”. “Moi je rêverais de me présenter dans le 6/8”, sourit Saïd Ahamada, tandis que son ancien adversaire à l’investiture fait mine de quitter son siège. Quant à Maliza Saïd, elle met en avant la réponse faite récemment à un journaliste : “C’est plus facile pour eux de parler à quelqu’un qui leur ressemble et surtout qui leur répond…”

Ensemble, ils partagent le constat d’une ville fracturée entre Nord et Sud. C’est d’ailleurs en ce seul endroit que la conseillère municipale déléguée aux financements européens de Jean-Claude Gaudin, Maliza Saïd, ose mettre un coin dans le bilan de l’équipe où elle figurait encore, lundi, lors du conseil municipal. Elle a d’ailleurs tenu un long aparté avec Martine Vassal pour laquelle elle a de “l’estime et de l’affection” et qu’elle a donc informé de son intention.

Le constat partagé d’une fracture

Là où Caroline Pozmentier se refuse à poser un regard critique qui justifierait son ralliement à LREM dans le 6/8, Maliza Saïd évoque clairement une “fracture” dans le transport, l’emploi et le logement entre ces deux Marseille que la majorité sortante refuse de voir. “Quand j’ai dit que je voulais m’investir dans les quartiers Nord, on m’a répondu ‘pff… Pour quoi faire ?”, glisse-t-elle en aparté à propos de ses anciens collègues LR.

Avant ce grand chantier de couture entre les deux Marseille, le député met en avant la nécessité de battre le RN, “là où il est le plus fort”. “Chacun sait que je me suis engagé en politique au lendemain de l’assassinat d’Ibrahim Ali, rappelle-t-il. Mes convictions n’ont pas changé“. Il retrouvera sur sa route la conseillère régionale RN Sophie Grech, qu’il avait battu aux législatives, sans réussir toutefois à convaincre les électeurs de sa circonscription de revenir en masse aux urnes. “Depuis les choses ont changé. On peut élire quelqu’un qui travaille, qui fait de la politique, pas de la magouille, en promettant des emplois ou des logements”, tacle-t-il tout en refusant de désigner un autre adversaire immédiat que le RN.

L’inconnue du 13/14

Il reste dans cette priorité affichée du combat électoral, un trou béant. Car le secteur où le RN est réellement sur ces terres est le 13/14 voisin, pour lequel la liste soutenue par le parti présidentiel n’a pas encore de nom. L’arithmétique paritaire veut que ce soit une femme alors que sur six secteurs où le candidat est connu, une seul femme occupe pour l’heure la première place. “Je préfère la parité réelle au moment de la distribution des postes d’adjoints et de maires de secteur plutôt que celle qui consiste à envoyer une femme dans un secteur ingagnable”, note Saïd Ahamada, qui ne dit pas s’il siégera à la mairie de secteur ou à l’Assemblée nationale en cas de victoire.

Sa collègue Alexandra Louis pourrait faire l’affaire. Mais, pour l’heure, cette dernière reste en retrait, préférant mettre en avant “son équipe”, comme les avocats Gérard Blanc ou Benjamin Hachem. Yvon Berland ne cite aucun nom si ce n’est ceux des partenaires de la République en marche, “l’UDI, le Modem, Agir…” 

Il répond directement à la critique formulée quelques minutes avant la conférence de presse LREM par Jean-Philippe Agresti. L’ex candidat à l’investiture LREM qui vient de se rallier à Martine Vassal l’accuse de vouloir s’allier “à l’ultra-gauche” que constitue à ses yeux le Printemps marseillais.

“Avec Agresti, nous avons parlé de poste et de position”

“Je veux bien être sur du discours soft mais pas quand il y a du mensonge, tacle-t-il. Je n’ai jamais parlé une seconde avec Jean-Philippe Agresti du programme ou de ce que serait ma position au second tour. Nous avons parlé de poste et de position”. Son porte-parole, Saïd Ahamada se fait plus dur : “le 4 juillet dernier, Jean-Philippe Agresti était au Silo au côté de Martine Vassal. Il n’en est jamais sorti”. Soulignant même qu’il n’avait jamais fait officiellement acte de candidature à une investiture ou à un soutien.

Publiquement, personne n’évoque donc de discussion possible avec les mouvances de gauche qui tentent de s’unir dans le 13/14. “Il y aura un candidat LREM là-bas”, ajoute Saïd Ahamada encore, même s’il se dit attentif au processus de rapprochement en cours que sa collègue Cathy Racon-Bouzon souhaite plus clairement rejoindre. Dans l’entourage des candidats, on reconnaît que des discussions existent. Sans forcer trop l’espoir que celles-ci aboutissent et forment un arc progressiste, du communiste Jérémy Bacchi au parti présidentiel.

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    “we are the world…” et au final la république en miettes appliquera la même politique destructrice que le roi macron

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  2. Félix WEYGAND Félix WEYGAND

    Je ne peux que recopier ma conclusion sur un autre post : “Quel dommage que les révolutionnaires en peau de lapin sectaires nous aient mis dans ce cul de sac interdisant cette alliance entre progressistes…” et ajouter espérons qu’au moins dans le 13/14 elle pourra voir le jour…

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  3. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Je ne peux que restituer mon commentaire précédent :
    @ Félix WEYGAND (30 janvier 2020 à 20h26)

    Ainsi a en croire Felix Weygand, le socialiste en peau de lapin de la fédération du parti socialiste i et aujourd’hui porte-parole de Berland, marionette de Macron, seraient des progressiste celles et ceux qui ont poursuivi et accentué la démolition du code du travail, poursuivi le démantèlement de l’inspection du travail, réduit considérablement l’indemnisation du chômage, veulent repousser sans cesse l’âge de départ en retraite, veulent mettre en place un retraite à points avec des points soumis à des risques une dévaluation indépendante de la valeur de la monnaie seraient des progressiste ! Mais c’est La Régression en Marche ainsi que La Répression en marche avec toutes les exactions des violences policières !

    et j’ajoute concernant la “diversité” de la liste Berland qui resemble fort à la conformité libérale :

    Berland tout comme son maître Macron ne fait que du marketing politique en « cochant des cases » comme le résume très bien le titre de Marsactu. Ses candidats de la diversité, pour les plus connus, participent activement, comme député ou suppléante -assistante, à une majorité parlementaire qui vote les lois les plus anti-sociales qui ait jamais existé en France.

    La vraie question est la suivante : qu’à fait Macron, ministre de l’économie de Hollande puis président de république, qu’ont fait ces éminents représentant d ela diversité au pouvoir à Paris pour défendre les intérêts des populations de la vraie « diversité » ? Tout au contraire l’un des mesures de son ministre de l’éducation nationale Blanquer a été de remplacer le diplôme national « universel » qu’était le baccalauréat par un diplôme qui va permettre de différencier les bacheliers des quartiers nord de ceux des « beaux »quartiers en rajoutant une ségrégation supplémentaire à celle de l’état civil ou du domicile.

    Ainsi à l’abus de langage des macroniens que je dénonçais dans mon commentaire sur l’article « Jean-Philippe Agresti passe chez Martine Vassal» s’ajoute la pratique du trompe l’œil qui ne trompera personne.

    Les populations de la « diversité » nous les voyons bien plus à l’avant garde des manifestations contre la loi retraite de Macron puisqu’elles font partie à part entières des travailleurs les plus modestes ou de celles et ceux qui occupent les emplois les plus difficiles et elles s’expriment avec une intelligence et des arguments tout à fait percutants dans les débats télévisés. Les intérêts qu’ils défendent sont ceux de l’ensemble de la population française

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