Un patron de McDo agressé, Kamel Guemari écope de quatre mois de prison avec sursis
Ce mercredi, le leader de la lutte syndicale du McDonald's de Saint-Barthémy comparaissait devant la justice pour violences en réunion et insultes à caractère homophobe à l'encontre d'un patron de restaurant de la chaîne. Le tribunal n'a pas retenu les insultes homophobes mais l'a condamné à quatre mois de prison avec sursis.
Photo : Gaspard Hirschi.
De Kamel Guemari, on connait l’homme qui a voué une partie de sa vie à la lutte syndicale face à la multinationale McDonald’s dans les quartiers Nord. Celui qui, depuis le début de la crise sanitaire, est venu en soutien aux plus démunis en transformant l’ancien fast-food de Saint-Barthélemy en plaque tournante de l’aide alimentaire.
Cette semaine, l’icône du mouvement social se retrouvait au tribunal pour ce qui s’apparente à un sombre fait-divers, le présentant comme un homme violent et homophobe. C’est en tout cas ce qu’a plaidé ce mercredi devant le tribunal judiciaire de Marseille l’avocat du directeur du McDonald’s de Grand littoral. Ce dernier accuse Kamel Guemari de l’avoir agressé et insulté à cause de son orientation sexuelle, le 3 juin dernier.
Placé en garde à vue ce mardi, Kamel Guemari, ainsi que l’un de ses collègues syndicalistes ont été déférés par le parquet en comparution immédiate ce mercredi. Le chef de “violences en réunion en raison de l’orientation sexuelle et menaces de mort réitérées” est lourd. Les versions des deux parties s’affrontent, bien différentes.
Guet-apens ou concours de circonstance ?
Face au tribunal, Kamel Guemari n’a de cesse de se confondre en excuses. Derrière lui, le syndicaliste UNSA d’une entreprise de nettoyage, Abderrazak Djeffel l’accompagne. L’histoire remonte au 3 juin dernier. Nous sommes rue Saint-Suffren et dès les prémices des versions de chaque partie, les scénarios différent du tout au tout.
Du côté de la partie civile, l’avocat Julien Ayoun raconte une véritable prise en chasse, où des coups et des insultes à caractère homophobe ainsi que des menaces de mort sont proférées à l’encontre de son client par Kamel Guemari et son acolyte. “Ils sont venus attendre mon client en bas de chez lui, ils sont du 15e et n’avaient rien à faire ici”, complète en aparté l’avocat.
De l’autre côté, on évoque à l’inverse des provocations de la part du directeur du McDo de Grand Littoral, croisé par hasard. “Il nous a insultés en arabe et crachait par terre”, se défend Kamel Guemari. Le syndicaliste et le directeur du Mcdonald’s de Grand Littoral n’ont jamais entretenu de bonnes relations. Le fast-food où travaille ce dernier appartient en effet à Mohammed Abbassi, le même franchisé qui détenait également le McDonald’s de Kamel Guemari à Saint-Barthélemy. Depuis le début du conflit social et alors que le syndicaliste FO se battait pour sauvegarder les emplois du restaurant aujourd’hui liquidé, le directeur de Grand Littoral n’a jamais soutenu cette lutte, voire, la décriait.
“J’ai honte d’être là”
La partie civile évoque ainsi des coups de pieds et de poings reçus dans la rue, le tout assortis d’insultes du type “gros PD” ou “enculé” et de menaces. Kamel Guemari, lui, nie ces faits. Parole contre parole. Mais l’histoire se poursuit dans le bar le Louis XVI. Là, une caméra de vidéosurveillance vient conforter la suite des événements. En tout cas, en ce qui concerne les gestes. La vidéo est muette. On y voit Kamel Guemari asséner un coup dans la nuque de la victime. Des faits que le syndicaliste reconnaît, et regrette.
“Il y a eu une altercation parce que j’ai cru qu’il me filmait. J’ai perdu mes nerfs et oui, je lui ai donné un petit coup dans la nuque”, a admis lors de sa garde à vue le leader syndical. Devant le tribunal, il poursuit : “J’ai fait une connerie et je l’assume. J’ai honte d’être là. Ce n’est pas digne d’une personne responsable. Je ne veux pas faire de mal, j’ai eu une faiblesse et je m’en excuse. Mais je ne suis pas du genre à tenir des propos homophobes. Pourquoi il ment sur le fait que le l’ai frappé dehors ? Sur les insultes ?”, insiste-t-il. Deux témoins présents dans le bar ont d’ailleurs assuré ne pas avoir entendu de tels propos.
Oui il y a eu violence en réunion, et les répercussions psychologiques démontrent cette violence
Le procureur de la République
Sur une autre image de la vidéosurveillance on voit l’ami syndicaliste de Kamel Guemari “ceinturer” le directeur du McDo de Grand Littoral. “C’était pour récupérer le téléphone”, se défend le second prévenu. La victime s’est vu octroyer cinq jours d’interruption de travail et un rapport médical évoque des griffures et des ecchymoses. Pour le procureur, la violence ne peut être écartée. “Oui il y a eu violence en réunion, et les répercussions psychologiques démontrent cette violence”, assène-t-il avant de demander six mois d’emprisonnement assortis de sursis pour Guemari et quatre pour son collègue ainsi qu’une interdiction de contact et une obligation d’indemnisation. La violence en réunion sera effectivement retenue par le président. Mais, au bénéfice du doute, pas les menaces et insultes homophobes.
Aucun casier judiciaire, mais de nombreux actes administratifs liés à ses combats syndicaux, voilà comment la justice peut retracer le passé de Kamel Guemari. “À quel moment cet homme a-t-il exprimé la volonté de casser du PD, puisque c’est de cela que l’on parle ?, interroge rhétoriquement son avocat. Et excusez-moi mais à Marseille on change d’orientation sexuelle à chaque feu rouge. Il faut lui donner un sens au PD et à l’enculé.”
Quant à la violence, elle s’inscrit comme le rappelle le procureur, dans un contexte bien particulier. “Vous menez une lutte syndicale particulièrement vigoureuse et vous l’avez dit vous même, il y a des tribunaux pour ça. Cela serait bien que ça reste dans ces tribunaux et ne vienne pas faire des incursions dans le domaine pénal.” À l’issue du délibéré, le tribunal condamne Kamel Guemari à quatre mois de prison avec sursis, assorti de l’interdiction d’approcher la victime. Abderrazak Djeffel écope de trois mois de sursis. Le tribunal décide également d’une indemnisation solidaire de 800 euros pour le préjudice moral subi par la victime. Le président a conclu : “Cela ne peut pas être qualifié de guet-apens mais c’est intolérable, même pour les causes les plus nobles”.
Commentaires
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On aimerait une telle rapidité à rendre la justice dans bien d’autres affaires!
Enfin rendre la justice ou mette la pression sur un syndicaliste qui gène les puissants.
Comme pour l’infirmière à Paris, on pousse à bout des travailleurs, on les dénigre et quand ils craquent on leur tombe dessus.
Merci à celles et à ceux qui se sont mobilisés pour que Kamel et son ami soient soutenus comme ils le méritent.
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Ceci dit, 4 mois avec sursis, cela élève notre Kamel au rang de “notable”. Ils sont si nombreux à s’en être sortis avec si peu.
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“A Marseille on change d’orientation sexuelle à chaque feu rouge. Il faut lui donner un sens au PD et à l’enculé.” Je ne sais pas si ces mots ont été prononcées, mais je trouve que l’avocat de Kamel Guemari s’engage là sur un terrain bien discutable. Qu’on le veuille ou non, qu’on estime ou non qu’ils font partie du langage courant, ces mots sont rarement prononcés pour dire un compliment : il s’agit d’insultes homophobes, point.
Cela n’enlève rien au fait que, comme c’est dit au dessus, la justice est bien plus rapide et bien plus sévère quand il s’agit de punir un “petit” que quand il s’agit de sévir contre un puissant.
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Allez expliquer ceci à Fillon , et pourtant chaque fois que je le vois j’ai une furieuse envie de me gratter. De même pour les faux attachés parlementaires . Faut arrêter avec ces clichés et ces portes ouvertes enfoncées perpétuellement .
Les juges d’instructions suivant les dossiers et la complexité de ces derniers mettent les moyens qu’ils ont et le temps qu’il faut.
La France est un pays de Droit. Vous pensez sérieusement , si l’on suit l’actualité , que l” affaire Balladur ” est simple a cerner. Imaginez cinq minutes la complexité des montages .Aboyer est une chose démontrer en est une autre.
Ce “monsieur” traite le patron de Mc Do de tous les noms d’oiseaux , visiblement sans délicatesse, vous voulez quoi ,une procédure de 10 ans ?
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Pour Répondre à Brallaise, PD et Enculé ne sont pas des noms d’oiseau, ce sont des insultes homophobes punies par la loi, ne vous en déplaise, au m^me titre que les insultes racistes. Si elles n’ont pas été retenues dans cette affaire, c’est parce que la vidéo est muette.
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Oui. Quoi qu’on en dise, en France la justice est lente, dure, et impitoyable avec “tout le monde”*.
En flag et en comparution immédiate ça va très vite. Sinon tout est long : 1) malheureusement parce que le budget de la justice est clochardisé comme celui de beaucoup de services publics. 2) heureusement parce qu on n’expedie pas le sort des prévenus et des victimes en 3 coups de cuillères à pot.
*”tout le monde” mais la justice n’échappe pas à la sociologie et aux rapports de domination. Elle est toutefois plus égalitaire que bien d autres institutions.
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Monsieur Le blanc, j’ai employé le terme d’oiseaux pour justement ne pas répéter ces mots d’enculé et de pédé dont j’ai horreur. Mais visiblement vous ne l’avez pas saisis
Donc à ce titre et à mon prochain dîner de cons vous êtes le bienvenu
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Ne pas perdre ses nerfs…
Ne pas traiter quiconque de PD ou d’enc…
Ne pas être syndicaliste…”Aucun casier judiciaire, mais de nombreux actes administratifs liés à ses combats syndicaux, voilà comment la justice peut retracer le passé de Kamel Guemari.” Actes administratifs…!!!???
Ne pas être une ”personnalité publique”…
Ne pas avoir une tête de Nord’af…
Si vous cocher les cases, vous passerez à travers les contrôles d’identité et les mailles d’une justice en déshérence.
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Il faut tout de même ne pas oublier que Kamel a porté plainte pour des menaces suite à son activité syndical combative chez Mac do et que pour l’instant cette plainte n”a pas abouti. Etonnant, non!
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très juste
pour les insultes, si je vois à Marseille un manifestant se faire tabasser par les FDO et que je hurle “mais arrêtez, putain!”, je suis misogyne ?
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C’est juste pour les insultes. Elles n’ont pas été retenues d’ailleurs.
En revanche Kamel Guemari reconnait lui avoir mis un taquet (je pense que le marseillais est de rigueur) et l’autre, certificat médical à l’appui dit que c’était plutôt une rouste (idem).
Ce sont ces faits reconnus des deux parties qui sont sanctionnés.
Toute cette histoire n’aurait jamais dû se retrouver devant un juge, mais puisqu’elle y est ont ne peut pas reprocher à la justice de fonctionner.
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