Sur le climat, Renaud Muselier a surtout une com’ d’avance
Le plan climat baptisé "Cop d'avance", fait partie des étendards du président sortant. Marsactu a passé au crible le bilan réalisé par la collectivité. Entre rhabillage de mesures déjà existantes et réelle intégration des mesures environnementales dans les différentes actions de la région, la principale réussite, c'est la communication.
Renaud Muselier en 2019. Photo Emilio Guzman.
“Je ne vais pas me peindre en vert”, s’amuse le candidat. Mais le pot est déjà bien entamé pour son bilan. Dans cette campagne des régionales, Renaud Muselier (LR) met volontiers en avant sa “Cop d’avance”, le plan climat voté fin 2017, censé illustrer la façon dont la région prend sa part des accords de Paris. Le président du conseil régional revendique d’avoir fait de cette thématique “la priorité du mandat”, avec 1,3 milliard d’euros sur trois ans et 30 % du budget total sur la dernière année.
Quant aux promesses, elles sont déjà contenues dans la deuxième mouture du plan climat, votée en avril 2021, pour un total de 2,7 milliards sur six ans. L’élu LR reconnaît “ne pas être un écologiste” mais s’est “entouré d’écologistes” et revendique “des résultats, même s’ils sont évidemment perfectibles”.
Le premier résultat mis en avant révèle d’emblée les limites de cette Cop d’avance, qui n’hésite pas à mettre les bouchées doubles sur la com’. “Notre région est devenue la première pour l’agriculture biologique”, signale Renaud Muselier dans tous ses discours sur le sujet. Oubliant que c’est le cas depuis au moins 2004… Même présentation partielle sur la fin des lycées chauffés au fioul. Si la conversion des quatre dernières chaufferies a bien été votée en toute fin de mandat, en octobre 2020, l’équipe de Michel Vauzelle en avait fait autant lors du précédent mandat.
Deux tiers du budget pour faire rouler des trains
Dans les plaquettes en papier glacé, d’autres mesures prennent une place inversement proportionnelle à leur coût. Il en va ainsi de l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques La région a largement dépassé l’objectif d’une borne toutes les 100 kilomètres, d’autant plus facilement que la mesure ne représente en définitive que 3,75 millions d’euros pour quelque 500 prises.
Le détail des budgets, qui s’étend sur près de 200 pages, révèle que la part du lion – 850 millions sur 1,3 milliard – concerne en réalité le contrat avec la SNCF pour l’exploitation des TER. Rien de très nouveau sous le soleil de Provence puisque c’est une des compétences de la région de faire rouler les trains sur le réseau ferré. Si le budget a effectivement augmenté de 8 % en six ans, difficile de l’attribuer à une hausse équivalente de la fréquence.
L’écologiste Christophe Madrolle, nouveau soutien de Muselier et candidat sur la liste des Bouches-du-Rhône, souligne surtout que désormais “toutes les politiques publiques sont vues à l’aune de l’environnement”. La dissémination de ces problématiques dans toutes les politiques régionales est en effet une caractéristique notable de ce plan. Ainsi, à côté des budgets “verts” (biodiversité, énergies renouvelables, etc.), l’administration s’est donnée les moyens de comptabiliser des mesures plus isolées.
Dans le “plan de croissance de l’économie touristique”, on trouve des drapeaux verts qui identifient les mesures qui concourent aux objectifs de la Cop. Ce passage au tamis va plus loin, avec le recensement des subventions aux entreprises. En 2018 et 2019, 37 millions d’euros, soit 32 % du budget, seraient allés à des structures “porteuses d’enjeux environnementaux”. Il en va de même avec les aides aux communes, que la région oriente de manière croissante vers ces politiques.
Impossible comparaison
Un travail de fourmi qui ne va toutefois pas jusqu’au stade de la comparaison avec la situation précédente, alors qu’une bonne part des 100 “mesures” rhabillent en vert des politiques déjà existantes. Alors, le budget de la région est-il vraiment plus écolo qu’avant ? Tête de liste de l’union de la gauche dans les Bouches-du-Rhône en 2015, Christophe Madrolle défend aujourd’hui une “prise de mesure de l’urgence climatique” de Renaud Muselier par rapport à “Michel Vauzelle, qui n’était vraiment pas écolo, avec des arbitrages souvent défavorables”. Il cite un effort “sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE), c’est-à-dire l’accompagnement des entreprises qui jouent le jeu de la transition écologique”. Un discours que les chiffres disponibles semblent accréditer, avec une hausse de plusieurs centaines de milliers d’euros par an.
À plusieurs reprises, le conseil économique, social et environnemental régional a regretté l’absence de lisibilité budgétaire DE ce plan climat.
Mais au-delà, bien malin qui pourra démêler l’écheveau des changements de périmètre et de nom des lignes de crédit. À plusieurs reprises, le conseil économique, social et environnemental régional (CESER) – une instance consultative regroupant syndicats, patronat et monde associatif – a regretté l’absence de lisibilité budgétaire qui entoure ce plan climat.
Du côté de la liste d’union de la gauche et des écologistes de Jean-Laurent Félizia (EELV), on critique la poursuite du soutien à de nombreux projets routiers et le “très fort décalage” entre les objectifs de développement du photovoltaïque et le rythme observé. Ce dernier sujet avait déjà été relevé en décembre 2020 par un bilan du CESER. “Actuellement, nous sommes dans l’incapacité totale de parvenir à la neutralité carbone visée en 2050, il faudrait multiplier les budgets par 10 ou 20”, résume Jean-Yves Petit, président de la commission développement soutenable, environnement, énergie et climat, qui a mené ce travail d’évaluation. Par ailleurs ancien élu régional (EELV), il regrette “l’absence d’évaluation des impacts” des mesures de la Cop d’avance.
Un “observatoire indépendant” pour la prochaine
Le plus criant est l’évolution des émissions de gaz à effets de serre du secteur des transports. L’un des “objectifs ambitieux” fixés par la Cop d’avance était de les réduire de 25 % “d’ici 2021”. La première mesure qui visait à réduire ces émissions était une taxe sur les poids-lourds en transit dans le territoire pour mieux financer les projets de transports en commun. Une taxe jamais mise en place par Renaud Muselier car un peu en avance sur le cadre légal qui permet aux régions d’expérimenter dans ce domaine.
Avoir plus de trains qui arrivent à l’heure est une des réponses, avec la multiplication des bases de covoiturage.
CHRISTOPHE MADROLLE (UCE), SOUTIEN DE RENAUD MUSELIER
En avril 2021, au moment de voter la suite de son plan climat, la région n’était évidemment pas en mesure de prédire le futur. Renseignement pris auprès d’AtmoSud, qui coordonne les statistiques en la matière, il faudra même attendre 2023 pour disposer de données solides sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre en PACA. Mais les derniers chiffres disponibles laissent penser que nous sommes loin du compte, sauf accélération nette depuis 2018. “C’est sûr qu’il faut aller plus fort et plus vite”, reconnaît Christophe Madrolle, qui rappelle toutefois “qu’avoir plus de trains qui arrivent à l’heure est une des réponses, avec la multiplication des bases de covoiturage”.
C’est pourtant sans aucune référence à la réussite ou non de ce défi que la région en pose un nouveau : – 28 % d’émissions de gaz en 2026. “Il faut toujours se fixer des objectifs pour quantifier les choses”, a défendu le candidat ce mardi, lors de la présentation du volet environnemental de son programme. Cette fois-ci, il promet “un observatoire de la Cop d’avance, avec des moyens financiers propres, une totale autonomie pour garantir l’indépendance de ses conclusions”. Histoire que la com’ soit raccord avec l’avancée de la Cop.
Avec Lillie de Pavant
Commentaires
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L’article met bien le doigt sur ce qu’est vraiment la COP d’avance : pour la plupart des mesures (pour en avoir vu passer un certain nombre sous mes yeux), c’est du pipeau vert, du greenwashing, un tampon “écolo”.
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pipeau vert ! belle expression :))
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Que de faux débats, que de palabres , de faux semblants et de temps perdu surtout.
Alors Muselier , comme les autres peuvent se peindre en vert,rose ou bleu, il suffisait hier de voir la bouillasse sur Marseille doublée de la peine à respirer grâce à l’ozone.L’ete marseillais est bien là.
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C’est vrai il y a une ”écologie” de droite et/ou de gauche. Pour moi ce n’est pas l’environnement, l’écologie. Mais comme disent certains commentaires, y a du greenwashing, du vernis écolo dans certaines formations politiques.
À commencer par le ”bio” et le développement dans des parcelles suffisantes qu’a fait le beau Muselier…???
Mais, las, pour que les élus, du moins certains, faudra de nombreuses canicules ou de grands désordres climatiques pour qu’ils (elles) comprennent. Ce n’est pas Mariani qui bougera le petit doigt…Mais la Région va passer à l’extrême sans coup férir…Sale temps pour le climat et pour la démocratie.
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du vide !
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Dans cette veine de communication, la Région vient de lancer deux appels d’offre relatifs à la communication :
– Mise en place d’opérations d’influenceurs pour la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (https://achat.maregionsud.fr/avis/index.cfm?fuseaction=marchesP.rechM&IDS=1694)
– Prestation de conseil et d’accompagnement du cabinet du Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (https://achat.maregionsud.fr/avis/index.cfm?fuseaction=marchesP.rechM&IDS=1694)
Marchés étonnant lancés en période d’élections, mais révélateur des besoins de com’ de la région.
Et pour tout savoir des vrais risques du réchauffement climatique sur le pourtour méditerranéen, c’est là : https://www.medecc.org/new-medecc-infographic/
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