Suppression de postes à Airbus Helicopters : “Pourquoi 582 et pas 580 ou 100 ?”

Actualité
par Benoît Gilles & Clémentine Vaysse
le 27 Oct 2016
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Ce mercredi 26 octobre, le comité central d'entreprise d'Airbus Helicopters a entériné le principe d'un plan de départ volontaire concernant 580 postes dont 544 à Marignane. Ces départs vont concerner les "cols blancs" et s'étaler sur deux ans.

photo : Airbus Helicopters.
photo : Airbus Helicopters.

photo : Airbus Helicopters.

L’annonce était attendue. Elle met un chiffre précis, brutal, sur ce que la rumeur colportait depuis des mois : 544 postes vont être supprimés sur le site d’Airbus Helicopters à Marignane dans les deux prochaines années. 38 autres suppressions de postes sont prévues dans la région parisienne pour arriver à 582 au plan national. Il s’agit là d’une déclinaison concrète du plan Adapt présenté aux représentants du personnel lors du comité central d’entreprise, ce mercredi matin.

La direction de la branche hélico d’Airbus Industrie a aussitôt diffusé un communiqué pour préciser la façon dont ces postes seront supprimés : “L’entreprise a confirmé le lancement d’un projet de plan d’adaptation collectif des effectifs en France et présenté les grands principes de ce plan : il ne prévoit aucun licenciement contraint.” Elle s’est refusée à tout autre commentaire, laissant la parole aux organisations syndicales.

“Quand il y a suppression de postes on ne peut pas parler de soulagement mais le fait qu’il n’y ait pas de licenciement sec, ç’en est un, considère Sylvain Dolza, délégué FO. Le chiffre ne dépassera pas les 582 annoncés. Au contraire d’un plan sauvegarde de l’emploi (PSE), si l’on n’atteint pas le nombre souhaité, il n’y aura de départs forcés.”

“582 et pas 580 ou 400?”

La période de négociations actives qui s’ouvre avec cette première réunion du comité central d’entreprise doit permettre d’éclairer la réalité de ce chiffre. “La première chose concernant ce chiffre est de savoir ce qui le justifie, prévient Didier Hacquard, secrétaire général adjoint de la CFDT. Pourquoi parle-t-on de 582 et pas 580 ou 400 ou 100 ? Je suis volontiers provocateur mais il nous faut établir de manière certaine qu’il s’agit du bon chiffre, conforme à la situation financière de l’entreprise et à sa stratégie.”

La prochaine réunion du CCE, le 3 novembre, mettra sur la table les modalités concrètes de ce plan de suppressions de postes et la manière dont celles-ci seront modulées entre droit à la retraite anticipée, mobilité interne et départs volontaires. “Ce qui est sûr c’est que plus le chiffre est haut, plus c’est compliqué d’être sur du vrai volontariat, reprend Didier Hacquart. On sait que l’aide à la création d’entreprise va concerner une poignée de personnes. Pour la mobilité vers Toulouse, Saint-Nazaire et les autres sites français, le nombre devrait être également limité. Restent ensuite les aides liées au droit au départ anticipé à la retraite. Sur ce point, nous avons des accords au sein d’Airbus.” Depuis le début de l’année, une bonne centaine de salariés de Marignane, ont déjà été envoyés en Allemagne sur la base du volontariat.

Démêler les volontaires des contraints

La crainte du syndicaliste concerne la possibilité que ces départs ne soient pas si volontaires que ça. De son côté la direction met en avant la notion de “double volontariat” : chaque départ doit correspondre à un souhait du salarié et recevoir l’assentiment de l’entreprise, pour éviter le départ de cadres essentiels à la poursuite du développement. Mais cela n’éloigne pas l’inquiétude formulée.

Le dialogue social des mois à venir doit permettre d’éclairer une autre zone d’ombre : celle du périmètre concerné par ces départs. “60% des 8500 salariés sont concernés par ce plan, détaille Sylvain Dolza de FO. Les familles de métier ont été annoncées avec entre autres le management, les fonctions support, la gestion de projets. Ce sont uniquement des cols blancs, tant du côté de la production que du bureau d’étude.”

Pour Didier Hacquart, ce départ des “cols blancs”, cadres et non cadres, n’est qu’en partie lié à la baisse des commandes que le PDG présentait comme motif principal de la nécessaire adaptation de l’entreprise. “Il y a d’autres moyens indirects de faire des ouvriers un outil d’adaptation en jouant sur la sous-traitance et les intérimaires. Je pense qu’ils font le calcul que si la conjoncture reprend dans deux ans, ils auront besoin d’eux pour assurer la production.” Les “cols blancs” constituent donc la variable d’ajustement la plus évidente en période de vache maigre, quitte à recréer les postes quand le chiffre d’affaires remontera.

Premiers départs au printemps

Tous ces sujets vont faire l’objet d’ardentes discussions dans les mois qui viennent. Le montant des indemnités offertes aux volontaires fera bien entendu partie des sujets clefs. “Le plan ne commencera qu’au printemps, les premiers départs devraient intervenir fin mars début avril, détaille Sylvain Dolza. D’ici là, à partir de début novembre, nous aurons une phase de 95 jours de négociations avec la direction sur les modalités du plan. Parmi les négociations, nous allons voir s’il sera possible d’intervertir entre un salarié qui veut partir mais n’est pas dans les services ciblés et un qui veut rester.”

Parmi les partenaires sociaux, certains espèrent encore éviter ces suppressions de postes, toujours douloureuses sur un plan humain et dommageables pour le maintien de l’outil de travail en jouant, par exemple, sur la durée du temps de travail et donc le niveau des salaires. En 2009, au temps d’Eurocopter, c’était la mesure majeure du plan “Safe”. Six ans plus tard, Airbus Helicopters n’en est plus vraiment là.

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Benoît Gilles
Journaliste
Clémentine Vaysse
Ex-journaliste aujourd'hui agricultrice

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