SNCM : quatre offres "sérieuses" de reprise sous le couperet européen

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le 4 Fév 2015
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SNCM : quatre offres "sérieuses" de reprise sous le couperet européen
SNCM : quatre offres "sérieuses" de reprise sous le couperet européen

SNCM : quatre offres "sérieuses" de reprise sous le couperet européen

Les obstacles sont loin d'être tous levés mais on connaît désormais quels sont les candidats sur la ligne de départ. Ce mercredi, les administrateurs judiciaires ont présenté "succinctement" les sept offres déposées au tribunal de commerce avant le 2 février aux élus du comité d'entreprise. Selon les participants à cette réunion, seules quatre offres ont été qualifiées de "sérieuses". "Les trois autres étaient présentées par des personnes physiques mais étaient parfois proches de l'absurde, affirme Jean-François Simmarano, représentant CGT des personnels sédentaires. Une des offres consiste à racheter la compagnie pour 100 euros."

Ces quatre offres dont celles de Daniel Berribi, armateur français installé à Miami, Christian Garin, ancien président du port dont Le Marin a publié une interview détaillée le jour même, l'entrepreneur ajaccien Patrick Rocca dont la lettre d'intention s'est transformée en offre ferme dans les derniers jours de janvier et le groupe de ferries grec Attica dont l'offre se limite pour l'heure à une lettre d'intention "à mèche courte", selon l'expression de Maurice Perrin de la CFE-CGC pour dire qu'elle devrait très vite se transformer en offre ferme. 

De son côté, par voie de communiqué, la direction s'est réjouie de ce quarté de repreneurs : "C’est une bonne nouvelle : les activités de la SNCM suscitent de l’intérêt et des offres sérieuses sont désormais dans les mains des administrateurs judiciaires pour conduire les discussions." En appui de ses dires, elle insiste sur l'absence de "reprise partielle" qui élimine toute vente à la découpe dont la possibilité avait été évoquée par Bruxelles dans un premier temps. L'ensemble restreint le périmètre de l'activité de la compagnie à la délégation de service public de liaison avec la Corse à partir de Marseille en laissant de côté les lignes déficitaires de Toulon et Nice. L'autre pôle économique des activités conservées concerne la liaison avec le Maghreb qui reste encore aujourd'hui une source stable de revenus pour la compagnie et un axe porteur de développement.

"50% de personnel en moins"

Cette nouvelle étape dans la course d'obstacles du redressement judiciaire de la compagnie est loin d'écarter toutes les inconnues. La première étant sociale. "Ces quatre offres prévoient toutes 50% de personnel en moins", constate Jean-François Simmarano. En effet, si le nombre de départs varie d'une offre à l'autre, elles proposent toutes de passer de 1600 à 800 pour Daniel Berrebi et 896 personnels permanents pour l'offre de Christian Garin. Très clairement, la reprise globale de la compagnie passe par un lourd plan social et la renégociation des accords sociaux signés au sein de la compagnie. Ainsi Daniel Berrebi a très clairement fait savoir qu'il entendait mettre à plat les conditions de travail dans l'entreprise.

"À titre personnel, je considère qu'il s'est disqualifié", souffle Jean-François Simmarano. "Les conditions de ce plan social seront discutées à partir du 12 février, indique pour sa part Maurice Perrin de la CFE-CGC qui s'étonne toutefois de n'avoir à ce jour aucun nouvelle du financement de ce plan par les actionnaires. Ces offres sont à la fois dures sur le plan social et particulièrement faibles et fragiles sur le plan économique." 

En effet, les quatre offres sérieuses sont assorties de "conditions suspensives" dont la levée dépend de l'accord de "Bruxelles, des Corses et du tribunal de commerce", note la direction. Ces clauses prennent la forme de garanties de passif, liées notamment à la levée du remboursement des 440 millions d'aides d'État réclamées par la commission européenne après jugements de la Cour européenne de justice. "Les administrateurs judiciaires doivent remonter à Bruxelles dans les tous prochains jours, reprend Jean-François Simmarano. Mais ils nous ont d'ores et déjà confirmés qu'ils ne redescendraient pas avec un engagement écrit de la Commission européenne."

Un plan B pour la continuité ?

La Commission doit donner son avis sur le caractère discontinu de l'activité de la compagnie une fois reprise, ce qui la mettrait à l'abri de tous risques de remboursement des aides publiques incriminées. "Mais rien ne dit qu'elle accepte ces offres globales alors qu'elle était plutôt sur un schéma de vente à la découpe", poursuit Maurice Perrin. De son côté Jean-François Simmarano rappelle que la commission européenne avait également donné un feu vert lors de la privatisation de 2006 "et ensuite la cour de justice européenne a rendu des jugements qui contredisait ces décisions."

L'un et l'autre conservent l'espoir qu'un "plan B" finisse par émerger en maintenant une continuité de l'entreprise notamment dans la poursuite du contrat de délégation de service public. "Cette solution est toujours évoquée par les administrateurs judiciaires", constate l'élu CGT. En effet, si ces derniers ne parviennent pas à lever les réserves de la commission européenne à la fin du mois de mars, le tribunal de commerce pourrait prononcer la liquidation de la compagnie ou opter pour une solution de maintien de l'entreprise que les syndicats appellent de leurs vœux depuis des années. Depuis cet été, le gouvernement a clairement affiché son choix d'un passage par le tribunal de commerce, ajoutant par la voix du secrétaire d'Etat aux transports, que le dossier de la SNCM devait être "exemplaire".

Attendu à Marseille ce lundi, le premier ministre Manuel Valls devrait croiser sur sa route des représentants des salariés de la SNCM qui entendent pousser jusqu'au bout cette hypothèse d'une survie de la SNCM sous sa forme actuelle.

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Commentaires

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  1. Rachlim Rachlim

    La SNCM et le mythe de Sisyphe . On injecte de l’argent , çà vogue quelques mois , et on recommence . Toute autre société aurait été mise en faillite d’office mais il est difficile et il faut trop de courage pour s’attaquer à un système MAFIEUX . Ma fille et son compagnon ont travaillé sur le Danielle Casanova puis sur le Napoléon mais , usés par le comportement de leurs “collègues” de travail , ont démissionné tous les deux . Leurs commentaires acides sur leurs vies à bord permettraient de remplir un livre … Avec la moitié du personnel effectuant son travail , cela serait amplement suffisant . Mais à Marseille les maîtres chanteurs sont les rois . Pour mes prochains détracteurs , j’ai travaillé 40 ans et 40 heures par semaines : pas de RTT , pas 5 semaines de congés , … et à la retraite à 62,5 ans . La France va mal car plus personne n’est responsable de rien : “c’est toujours la faute aux autres” . Pour critiquer ou contester un employeur , encore faut-il avoir le “derrière propre” .

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  2. Anonyme Anonyme

    « C’est d’abord une affaire de perception. Ne pas être de gauche, c’est quoi ? c’est un peu comme une « adresse postale ». Partir de soi, la rue où l’on est, la ville, le pays, les autres pays, de plus en plus loin. On commence par soi et dans la mesure où on est privilégié et où on est dans un pays riche, on se dit « Comment faire pour que la situation dure ? ». On sent bien qu’il y a des dangers et que cela ne va pas durer. Oulala la Chine …comment faire pour que l’Europe dure encore, etcetera. Etre de gauche, c’est l’inverse. C’est percevoir d’abord le pourtour des choses. Le monde, le continent, l’Europe, la France, la rue de Bizerte, moi. C’est un phénomène de perception, percevoir d’abord l’horizon. Ce n’est pas par générosité, ni par morale, c’est une question d’adresse postale. Tu vois à l’horizon, tu sais simplement que cela ne pourra pas durer, ces milliards de gens qui crèvent de faim et cette injustice absolue. On considère que ce sont là les problèmes à régler. Et ce n’est pas se dire simplement : il faut diminuer la natalité. C’est trouver des arrangements, les agencements mondiaux. Etre de gauche, c’est souvent que les problèmes du tiers monde, sont plus proche de nous que les problèmes de notre quartier. C’est vraiment une question de perception. Pas de belle âme. C’est ça d’abord être de gauche pour moi». Gilles Deleuze

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  3. Trésorier Trésorier

    – 1 000 € EMPLOIS !!!!

    Sacré plan social a prévoir sur Marseille !!!

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