SNCM : le poker menteur entre l'État, Veolia et la Corse

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le 1 Mar 2013
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SNCM : le poker menteur entre l'État, Veolia et la Corse
SNCM : le poker menteur entre l'État, Veolia et la Corse

SNCM : le poker menteur entre l'État, Veolia et la Corse

Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. On connaît la chanson, la SNCM, un des derniers armateurs français, personne n'en veut. Non non, merci beaucoup, mais non. Des bateaux qui coulent, des marins cégétistes qui mangent les enfants, des comptes rouge-cravate-Mélenchon, un feuilleton judiciaire avec la commission européenne long comme un hiver bruxellois, un État Ponce-Pilate et une relation amour-haine avec la Corse. "On s'appuie toujours sur le figuier qui penche", dit-on à Bastia.

Mal privatisée en 2005, après un aller-retour aussi rapide que lucratif pour Walter Butler, l'armateur marseillais s'était ensuite invité chez Veolia, qui n'en voulait déjà pas. Mais c'était le Veolia d'avant crise, quand tout allait encore bien, époque Proglio, alors vice-roi de France et de Marseille, qui ne pouvait refuser grand chose à son ami Chirac. Pendant des années Veolia a donc géré en plus ou moins bon père de famille sa pièce rapportée. Le chiffre d'affaires a toujours tourné autour des 200 millions d'euros, avec des pertes d'un peu moins de 30 millions. Pas non plus la Méditerranée à boire pour une multinationale qui faisait largement son demi-milliard de résultat chaque année.

Cadeau bonux

Entre la généreuse recapitalisation opérée par l'État en 2005, la vente d'une participation dans la Méridoniale et celle du siège social pour en faire le casino-dont-Valls-ne-voudra-jamais, la SNCM n'a en fait jamais coûté trop d'argent à son actionnaire. Ça n'a pas empéché le remplaçant de Proglio, son faux-frère Antoine Frérot, d'essayer de refourguer l'an dernier ses bateaux et marins marseillais en cadeau bonux à la Caisse des dépôts. Car pour l'instant Veolia n'était présente dans la SNCM que via Veolia Transdev, sa filiale commune à 50/50 avec la Caisse.

Mais les anciens et actuels patrons de la Caisse dép' ont été clairs : OK pour monter à 60% au capital de Veolia Transdev, mais sans les 66% de participation dans la SNCM. Ils en ont même fait un deal breaker comme disent les banquiers (casus belli pour les non initiés). Pourtant, que la SNCM reste dans la branche transport de Veolia Transdev, avec la Caisse des dépôts – donc indirectement l'État – comme actionnaire majoritaire, ça avait stratégiquement du sens et ça plaisait bien du côté des salariés et des syndicats. Ça enchantait en revanche un peu moins le STC (Syndicat des travailleurs corses) qui rêve de récupérer la SNCM pour en faire une compagnie régionale et ça faisait hurler au ton de "non à la renationalisation" le concurrent de toujours, les jaunes de Corsica Ferries qui n'aiment pas trop les aides publiques, sauf celles qu'ils touchent.

"Marseille capitale européenne du chômage"

Du coup, depuis des mois, la CGT, l'ensemble des syndicats de personnels – hors STC – et la direction ont mis la pression et fait jouer leurs réseaux pour que la Caisse des dépôts conserve la SNCM. Michel Vauzelle a écrit deux fois au président Hollande, Paul Giacobbi et Dominique Bucchini les patrons de l'Assemblée territoriale corse aussi, Patrick Mennucci et Roland Blum à Frédéric Cuvillier le ministre des Transports, le tout en copie à Jean-Marc Ayrault. Et Caselli vient de s'y mettre à son tour. Tout ça pour rien. Même pas une lettre, même pas un coup de téléphone en retour. Le bide intégral.

Pourtant Jean-Pierre Jouyet, le nouveau patron de la Caisse des dépôts est l'ami de 40 ans du président de la République. Mais la SNCM fait très peur aux énarques, surtout de la promotion Voltaire. D'ailleurs, dans la nuit précédent le lancement officiel de Marseille capitale culturelle 2013, la SNCM avait fait très discrètement déplacer son navire, le Danièle-Casanova, qui mouillait du côté de l'esplanade du Mucem car les grandes oreilles du président de la République savaient que le PR et ses invités VIP allaient être accueillis par un beau tifo made in CGT déployé sur le ferry : "Marseille capitale européenne du chômage". Ça aurait un peu cassé l'ambiance. Et hop, ni vu ni connu, on a remplacé le résistant Casanova par le plus calme Girolata de La Méridionale. Et de toute façon, Hollande est resté à Paris, Mali oblige.

Un rachat pour un euro

Malgré tous ces efforts, c'est donc bien Veolia qui va (de nouveau) récupérer la SNCM. Ça s'en va et ça revient, écrivions nous l'an dernier. Cela a été annoncé officiellement par Veolia en fin de semaine dernière, au moment de la présentation de leurs comptes 2012. Un rachat pour un euro symbolique plus 76 millions de dettes, mais dont une grande partie a déjà été provisionnée dans leurs comptes comme l'a déclaré Pierre-François Riolacci, le directeur financier de Veolia aux Echos.

Il reste encore 10 millions à risque dans les comptes Veolia

En réalité, cet aller-retour ne va pas changer grand chose. Car les Veolia's boys n'ont en fait jamais cessé de piloter la SNCM. Et c'est bien là tout le problème. Car pour avoir une chance de survie, la SNCM doit gagner le nouvel appel d'offre (2013/2023) lancé en début d'année par l'Assemblée territoriale corse. Et la collectivité cherche à faire des économies. Pour faire simple, les Corses sont d'accord pour financer des cargos-mixtes (fret + passagers) toute l'année mais ne veulent plus verser un euro pour les ferries l'été, et ne veulent pas entendre parler d'une DSP à Toulon, mais seulement à Marseille. Et exigent que le bénéficiaire de la DSP ait un actionnariat stable.

Afin de limiter la casse, Marc Dufour, le président du directoire de la SNCM, a imaginé un plan, appelé "Changeons" en interne, qui permettait de sauver les meubles, sans trop de casse sociale, même avec une DSP allégée. L'idée était de vendre la flotte actuelle pour la remplacer par une flotte uniquement composée de cargo-mixtes, fonctionnant au gaz naturel liquéfié. Une flotte plus propre, plus productive et plus rentable. Et si possible construite dans les fameux chantiers navals de STX à Saint-Nazaire, en difficulté et chers au Nantais Jean-Marc Ayrault. Eh, eh.

Seul petit problème, si Dufour a très bien vendu ce plan à la presse, qui l'a acheté avec enthousiasme, son actionnaire Veolia n'a jamais vraiment signé. Plus concrètement, Dufour a beau assurer avoir trouvé un montage financier de plusieurs centaines de millions pour payer ses nouveaux navires, permettant à Veolia de ne pas porter cette nouvelle dette, son conseil de surveillance n'a pas officiellement donné son feu vert à "Changeons". Et la défiance s'est largement installée entre le patron de la compagnie et son actionnaire.

Interventions politiques

Le PDG de Veolia a même parachuté le mois dernier à Marseille un commando de Veolia's boys pour tenir le stylo de l'appel d'offre et être bien certain que Dufour allait proposer le "service minimum" et pas ses histoires de nouveaux bateaux. Selon nos informations, la proposition déposée au final par la SNCM serait néanmoins un mix du plan Dufour et de celui de Veolia, grâce à quelques interventions politiques de dernière minute, l'État conservant 25% du capital de l'armateur. Des négociations sont actuellement en cours entre la Corse, la SNCM et les deux autres candidats : la Corsica, qui a proposé un prix ridiculement bas histoire de bien mettre le oaï dans la négo, et la Méridionale qui est allié avec l'armateur du boulevard des Dames. Un allié de circonstance, mais un allié tout de même.

La Corsica bénéficie grâce à son pavillon italien de coûts sociaux et de conditions de travail "low-cost", une concurrence jugée déloyale pour les syndicats de la SNCM qui réclament que seuls les armateurs battant pavillon français de premier registre puissent bénéficier de la délégation de service public entre la Corse et le continent. Impossible, Bruxelles ne l'acceptera jamais, a répondu le pouvoir socialiste. Une loi défendue par le ministre des transports Frédéric Cuvillier est néanmoins en cours d'examen, elle a été votée la semaine dernière au Sénat et arrive ces jours-ci à l'Assemblée. Insuffisant pour la CGT. Une vraie révolution pour le ministre, qui s'est d'ailleurs agacé que la sénatrice marseillaise socialiste Samia Ghali s'y soit opposée, comme les sénateurs communistes.

Les hommes du président

Avec ce projet de loi, le gouvernement veut montrer qu'il ne se désintéresse pas du sort de la SNCM. Des conseillers de Cuvillier étaient d'ailleurs encore la semaine dernière au siège du boulevard des Dames pour rencontrer les organisations syndicales. Avant d'entrer au gouvernement, Cuvillier a vécu, en tant que député maire de Boulogne-sur-mer, le triste épisode de Sea France : il n'a pas envie de voir se rejouer la même pièce à Marseille.

Un autre à qui la situation n'évoque pas que des bons souvenirs, c'est Pierre-René Lemas. Ce très proche de Hollande qui l'a nommé secrétaire général de l'Elysée, ancien préfet de Corse, avait vécu le détournement du Pascal-Paoli, et s'était pris une roquette sous les fenêtres de son bureau ajaccien. L'actuel préfet de police de Marseille, Jean-Paul Bonnetain connaît lui aussi très bien la SNCM, quand il était secrétaire général des affaires régionales auprès de Christian Frémont, le préfet de l'époque en 2005. Un dossier que ces "hommes du président" maîtrisent donc de A à Z et dont le risque d'embrasement social ne leur a pas échappé. Mais pour l'instant, malgré la pression des élus locaux, et les provocations de Veolia, ils se sont bien gardés d'intervenir, au moins publiquement. Le poker menteur entre l'État, Veolia et la Corse continue, chacun retient son souffle. Une partie à 2000 emplois. 

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Commentaires

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  1. Anonyme13 Anonyme13

    Merci pour cette synthèse lumineuse ! résultat des courses le ?

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  2. Anonyme Anonyme

    …un peu trop synthétique, justement…
    … « La Corse » est tout sauf un seul et unique interlocuteur..
    Buchinni et Giaccobi ne sont pas les seules composantes : si la gauche est bien majoritaire avec un peu moins de 37% de l’assemblée territoriale, vous faites peu de cas des presque 36 % des Natios, je trouve…
    M Buchinni est effectivement un représentant, élu par consensus, rien de plus.
    Quant à Paul-emploi, depuis qu’une méchante brise de terre a balayé ses portes flingues (le voilà réduit à accepter une protection policière, le pauvre homme!), on peut se demander combien de temps encore le Clan PRG va régner (premier élément de réponse aux prochaines municipales de Bastia, qui promettent d’être un grand moment).
    M. Menucci peut bien écrire à qui il veut à Paris, la question se règlera en Corse.
    Et là-bas, une majorité de citoyens, lassés des réveillons de Noël et autres départs en vacances passés dans la voiture, à quai, pris en otages, ne rêvent que d’une chose : voir la SNCM rendre gorge. Et ce quel qu’en soit le prix.

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  3. pmo pmo

    chronique d’un naufrage annoncé…

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  4. pmo pmo

    chronique d’un naufrage annoncé…

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  5. Marius Marius

    Je squis très étonné de lire, dans le message signé “Anonyme”, qu’une majorité de résidents corses seraient “lassés des réveillons de Noël et autres départs en vacances passés dans la voiture, à quai, pris en otages, ne rêvent que d’une chose : voir la SNCM rendre gorge.”.

    Car les grèves à répétition ne sont pas exclusivement le fait de la CGT, le Syndicat des Travailleurs Corses en a sa part.

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  6. Trésorier Trésorier

    Je dois reconnaître que la SNCM a mauvaise réputation sur le continent et encore plus sur l’île….
    Ayant des connaissances dans ce service public, je dois reconnaître que son fonctionnement l’assimile un peu à une bureaucratie kafkaïenne…..

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  7. jardin jardin

    Il est temps de relire mon post, publié sur votre site, il y a plus d’un an, pour voir s’il contenait des erreurs. Je n’est rien touché.
    CHRONIQUE D’UN NAUFRAGE ORGANISE… DE LONGUE DATE
    Vous avez, presque, raison d’écrire : « (…) cette fois les jaunes qui ont gagné ». Vous auriez pu écrire : « pour une fois, les jaunes ont gagné ». Car cette « blitzkrieg juridique » n’avait quasiment vu que des défaites des « jaunes ». Mais voila, dans ce genre de guerre, une seule torpille suffit à vous couler, alors que personne ne tire sur les « jaunes », on se demande bien pourquoi. Nous allons tacher d’y répondre.
    L’affaiblissement de la Délégation de Service Publique et le départ de Veolia, ressemblent aux derniers (avants derniers ?) actes d’une pièce écrite à l’avance.

    LA DÉCISION DE LA COUR D’APPEL ADMINISTRATIVE DE MARSEILLE
    Cette décision « habille » une autre décision prise, de longue date, dans les cabinets feutrés des ministères et des hauts fonctionnaires. Sans doute, il y a près de quarante ans, et oui.
    Un des points de l’arrêt de la cour d’appel, est de déclarer inutile le financement public du« service complémentaire ». Autrement dit la justice administrative demande à l’assemblée de Corse de ne plus subventionner le service des car ferrys. Cela veut dire que pour la SNCM c’est, au minimum, la fin de huit cent (800) emplois. Ce n’est pas une surprise, c’est bien l’habillage juridique de quelque chose de connu depuis longtemps. Et que les responsable politiques -de tous bords- de la région PACA ne jouent pas les étonnés. Ce projet de disparition des ferrys était une demande récurrente d’une série d’articles publiés par feu le journal « LE PROVENÇAL ». Il y a plus de vingt ans, il y avait donc des journalistes qui savaient, parce que « on » leur avait dit. Ces « ont » venaient principalement du milieu politique des deux rives, en PACA et en Corse. Cherchez dans les archives du « PROVENÇAL ».

    QUEL NAUFRAGE ?
    Bien sur il faut bien employer des termes forts pour capter l’attention, mais dans le détail il faut expliquer le « naufrage » et le plan. Car il y a bien un plan. Dans les archives du quotidien marseillais (et son édition corse intitulée « La Corse »), vous lirez que déjà on dit que : « les ferrys coutent trop cher ».

    LE PLAN
    Résumons-le, tout de suite, en allant à la fin du film. Il s’agit de partager le marché Corse-continent de la façon suivante : le fret pour la Compagnie Méridionale de Navigation et les passagers pour la Corsica Ferries.
    En supprimant le financement public des lignes de ferry, on enlève 30 millions d’euros à la SNCM et on offre 380 000 passagers (le nombre de personnes transportées l’été 2011 par la SNCM sur ses ferrys), majoritairement aux « jaunes ». Aucune compagnie ne peut résister à un tel séisme. Ceux qui font cela le savent. Il ne reste plus qu’à habiller ce naufrage organisé.

    LA DERNIÈRE TORPILLE ?
    « Organisé », pourquoi ? Si on regarde toutes les décisions antérieures, on voit qu’elles vont toutes dans la même direction. Dans un de vos articles, du 17 Février 2011, intitulé « Il faut imaginer Sisyphe heureux », vous écrivez que c’est « (…) l’histoire d’un marché qui marche sur la tête ». C’est vrai, mais ce marché a été organisé ainsi pour arriver au résultat décrit, ci-dessus.

    LE CONTEXTE DE « CRISE »
    Ce n’est pas par hasard si ce naufrage arrive maintenant. Il s’agit d’une des nombreuses décisions qui habillent la « crise » et qui la justifie. La majorité des entreprises « à statut » sont désignées comme « trop cher » et vouées au naufrage. La SNCM est de celles-ci.

    L’EXEMPLE DE L’ AÉRIEN
    Il se passe la même chose dans le domaine des transports aériens. Au moment où on (la presse) annonce « d’importantes suppressions d’emplois » à Air France, on continue à valoriser (la presse et des politiques) le modèle des compagnies low cost.
    En Corse, il se passe la même chose avec l’aérien. Avec des nuances. L’assemblée de Corse a voté, le 15 Décembre, le principe d’une augmentation (+ 11 millions d’euros par an) des subventions du service public aérien, au moment même ou on prévoit une baisse de près de trente millions dans le maritime. Air France prend le chemin du désengagement de Corse. Il n’y a que les 45 « indignés » (45 CDD qui campent dans les aéroports pour réclamer un CDI) pour croire qu’ils vont être titularisés par Air France. Cette rallonge budgétaire, dans l’aérien, prépare deux choses : le désengagement de la compagnie nationale et son remplacement, sur certaines lignes, par la compagnie régionale Air Corsica. Nous parlons là des lignes nationales (Corse-continent). Les lignes avec les aéroports étrangers sont toujours aussi squelettiques et saisonnières. Elles sont assurée par des low cost… souvent subventionnés et pas si « low cost » que cela.

    EXEMPLE DE FIGARI
    L’aéroport de Figari, dans le sud de l’île, accueille la compagnie Ryanair, en haute saison, sur deux lignes avec Charleroi et Bergame. Un groupement « ad hoc » (hôteliers, CCI, municipalités…) subventionne le low cost qui, selon les sources, toucherait entre 300 et 400 000 euros, pour transporter….. quatre vint cinq milles passagers. Autant d’argent pour si peu de monde ! Pourtant là, personne ne dit « cela coute trop cher en subvention ». A qui profite ce système ? Pour le comprendre on peut regarder de documentaire réalisé par un journaliste, Enrico Porsia, sur le système Ryanair.
    http://veritelowcost.com/index.php?option=com_k2&view=item&layout=item&i

    Des « ÉCONOMIES », POURQUOI FAIRE ?
    Dans le maritime, c’est la même chose. Un low cost est encouragé. Là il y a silence des autorités, nationales et régionales. Les « jaunes », bien que subventionnés par l’assemblée de Corse, n’emploient que 150 personnes résidant dans l’île contre près de 800 pour la SNCM. Pourtant cette situations n’offusque personnes, ni les élus corses en général, ni les nationalistes pourtant toujours prompts à demander la « corsisation des emplois ». Pourquoi ce silence ? Parce que le naufrage de la SNCM et les économies qui vont avec, arrangent ceux qui sont à l’affut. Chacun espère ramasser des miettes du naufrage. Les hôteliers insulaires (qui rêvent d’une réaffectation des subventions en des prêts hôteliers très bas), Air Corsica (pour les raisons décrites ci-dessus), les « jaunes » pour sortir de leur spirale de pertes financières récurrentes.
    Il n’y a pas que les politiques qui ne s’offusquent pas Il y a les autorités et la presse. Comment une société, sur un marché concurrentiel, peut-elle toucher des subventions publiques, alors que l’on ignore l’état exact de ses comptes qui se trouvent en Suisse. La holding de tête (LOZALI) n’est pas tenue de publier ses comptes, alors que les règlements européens obligent les sociétés à publier leurs comptes consolidés. Tiens, dans ce dossier Bruxelles ne fait pas preuve de curiosité, pas plus que l’ État français qui paye sans rien regarder. On peut voire également l’enquête du site amnistia. net sur ce dossier
    http://www.amnistia.net/doss_pdf/dosmaritime-1.pdf

    QUEL RÉSULTAT FINAL ?
    Si on accepte le raisonnement des « nécessaires économies », on peut admettre que tout ce cynisme est justifié. Mais de quel résultat parle t-on ? In fine, il restera deux compagnies privées en situation de duopole, comme avant 1996. Les tarifs augmenterons (voir l’exemple sarde), des centaines d’emplois convenablement payés (chose rare en Corse) disparaitront. Tout ça pour un tel résultat ?

    DU FAUX MONOPOLE PUBLIC AU DUR MONOPOLE PRIVE
    Les compagnies se concentrent et les tarifs bondissent. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir l’exemple d’une autre île, la Sardaigne. La compagnie publique a été privatisée, elle est au bord du naufrage et les tarifs ont explosé. L’administration italienne enquête sur une entente illicite entre plusieurs compagnies sur les tarifs à la hausse. Parmi ces compagnies qui ont augmenté leurs prix, on trouve la Moby Lines, la Corsica-Sardinia ferries, et le groupe de l’armateur napolitain Aponte, dont vous parlez dans votre article (accord avec la CMA)
    Lisez l’enquête en cours effectuée par le service anti trust de l’ État italien :
    http://www.informare.it/news/gennews/2011/20110852-indagine-Antitrust-su
    LA CMN, UNE COMPAGNIE RICHEMENT DISCRÈTE
    La seule compagnie dont tout le monde (nationalistes, élus…) dise du bien c’est la Compagnie Méridionale de Navigations « bien gérée, taille humaine » (la presse), et surtout c’est une compagnie de… cargos mixtes. La formule qui devrait être finalement retenue pour être subventionnée, comme par hasard. Bien gérée, parlons en. C’est la seule qui fasse des bénéfices. Heureusement, pour seulement trois navires, elle touche plus de 23 Millions de subventions par an. Ce montant est supérieur à son bénéfice. Voila du bon capitalisme à la française.

    Nous espérons avoir été assez clairs. Tout cela n’a pas été improvisé. Mais le bilan de ces « économies » revendiquées, risque de couter très très cher.
    PS: Charybde et Scylla sont situés dans l’actuel détroit de Messine. Entre la Sicile et la Calabre, tout un symbole.
    LE PLAN… SUITE
    La Méridionale, plus qu’une bouée de sauvetage
    On peut estimer que, vue la forte personnalité de son principal dirigeant -le PDG de la maison mère, le groupe STEF TFE- la “bouée” est en fait la locomotive du plan. Car,c’est bien la Méridionale qui reprendrait les cargos de la SNCM en cas de confirmation du naufrage de cette dernière. Certains élus corses ont beau agiter la solution d’une Société d’Économie Mixte, tout le monde sait que la SEM ne peut se faire. La CMN veut les cargos de la SNCM, elle ne veut pas partager le gâteau aux sein d’une SEM qui serait une alliance public-privé (Assemblée de Corse et CMN). Non, la Méridionale veut tout le marché des cargos mixtes avec le fret. Un bémol, il n’est pas sur que l’appétit sans fin des jaunes lui permette de tenir longtemps. En effet comment peut on tenir face à une compagnie dont on ignore les comptes réels et le niveau de pertes et de dettes.
    Voila comment on coule un concurrent en l’accusant de “surcompensation financière”, alors que l’on ne fait soi même des bénéfices que grâce aux subventions publiques que l’on reproche aux autres. Même méthode pour les “jaunes”. Vous allez dire que tout cela “ce sont des fables”, Sinon les autorités seraient intervenues. Pourtant tout cela est un secret de Polichinelle dont la SNCM est le pantin. Au final l’État aura instrumentalisé les nationalistes pour un résultat lamentable. Il y aura une grosse casse sociale, mais les “économies” réalisées sur le dos des chômeurs se perdront dans les sables de la petite (étroite) politique corse: Un peu à toi, un peu à moi et finalement pas grand chose à la notion de bien public; un concept absent de la sphère culturelle, politique et intellectuelle de l’île.

    Alors, tout cela n’était pas préparé par les services de l’état?
    N’y a t-il pas eu délit d’initié?
    Les élus corses et de PACA ne font ils pas semblant de découvrir la “bombe” qu’ils ont contribué à amorcer?

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  8. jardin jardin

    MARSEILLE CAPITALE DU CHÔMAGE
    Votre intertitre est bien vu. Voici pourquoi, selon moi.
    Depuis des années le STC (Syndicat des Travailleurs Corse), d’obédience nationaliste, réclament lé “corsication des emplois”. Il va l’obtenir, par défaut. Comment? Il n’y aura pas d’embauches supplémentaires (de corses) à la SNCM. Il y aura une “marseillisation” du chômage.
    Ce que l’état et les élus ont négocié, c’est d’éviter un tsunami social en Corse. La compagnie emploie autour de 750 résidents en Corse. Ce seront les moins touchés par un démantèlement de la compagnie.
    Alors, on entend plus les élus de PACA?
    Comment, ils n’étaient pas au courant?
    Ils devraient lire marsactu.

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