Sécurité à l'aéroport de Marseille Provence, y a-il un pilote dans l'avion ?

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par Maylis Medjadj

le 6 Jan 2011

Soupe à la grimace

Ce soir les dirigeants de l’aéroport de Marseille Provence vont se faire une belle soirée plateau TV, devant le magazine d’information Envoyé Spécial, sur France 2 à 20 H35. Mais avec sans doute un grand bol de soupe à la grimace au menu. Pas de bol justement, car quelques heures après avoir annoncé de bons chiffres de fréquentation pour 2010 ( 7,5 millions de passagers, + 3,2% par rapport à 2009), avoir évité la neige cette année, et avoir pas si mal géré pour l’instant le départ de Ryanair, ils vont devoir traverser dans les heures qui viennent de fortes turbulences médiatiques. » Police privée : la sécurité au rabais » c’est en effet le titre d’un reportage déjà largement médiatisé, où les services de sécurité de l’aéroport de Marignane ont subit un crash test pas bien rassurant.
Deux journalistes ont en effet embarqué en novembre dernier, à deux reprises dans la même journée, avec un pistolet 9 mm (un gros calibre) démonté et réparti dans deux bagages à main. Un premier vol au départ de Roissy-Charles de Gaulle et à destination de Nice-Côte d’Azur. Une expérience qu’ils réitèrent à Marseille, deuxième aéroport régional, lors d’un vol retour sur Paris. Et en ce début de soirée, les passagers sont peu nombreux. Même si le sac est fouillé par un agent de sécurité, celui-ci ne remarque pas l’arme dissimulée à l’intérieur. Une fois encore la journaliste embarque dans l’avion. « La sécurité de l’aéroport de Marseille aurait pu être plus vigilante. L’arme est passée tout simplement. C’est édifiant » constate Valérie Montmartin, de la société Ligne de Mire, qui a produit ce reportage pour Envoyé Spécial, et que nous avons joint tout à l’heure au téléphone. Une des 2 journalistes, Linda Bendali, s’est même filmée en train de remonter l’arme dans les toilettes de ce même avion pour « aller au bout de la démonstration » précise Valérie Montmartin.

Une formation au rabais ?

Une affaire qui soulève la question de la formation de ces agents privés de sécurité. La journaliste se dit « surprise par la faiblesse de la formation ». Avant d’ajouter à nos confrères de La Provence : « Selon les centres, elle se résume à 98 heures de cours. Ces personnes sont censées faire un travail à l’origine effectué par des policiers dont la formation se comptait en années ». La sûreté de l’aéroport de Marseille-Provence est assurée par des compagnies privées comme Astriam qui compte environ 300 agents.

Des personnels de sécurité recrutés au lance-pierre

Un phénomène qui inquiète les syndicats de police. « Cette affaire si elle est vraie, démontre la perfectibilité du système et la nécessité de la présence de policiers lors de la formation des agents de sécurité et pendant les fouilles » a indiqué Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers à l’AFP.
Pour le Syndicat général de la police SGP-FO, cette situation est « inadmissible » « Les personnels de sécurité sont recrutés au lance-pierre« , comme nous l’a expliqué Yannick Danio, délégué syndical du SGP. « Les agents reçoivent une formation d’une dizaine de jours et n’ont aucune connaissance des armes. » Il ajoute : «au niveau de la sécurité au sens large, ces fonctions doivent rester régaliennes au sein d’une République. Mais on est en train de remettre en cause les services nationaux en donnant de plus en plus de pouvoir aux sociétés privées. Il y a des intérêts financiers certains. C’est une attitude que nous condamnons vivement ».
Et du côté de la direction de l’aéroport Marseille-Provence, contacté dans la matinée, on s’est refusé pour l’instant à tout commentaire avant la diffusion du reportage. Bon, on comprend leur agacement, cela aurait pu sans doute être la même chose à l’aéroport de Nantes où de Toulouse. Et oui, mais pas de chance, encore une fois c’est ici que ça se passe, et il va donc falloir assumer.