Salon-de-Provence : la casserolade de la Fête de la fraise se rejouera au tribunal

Actualité
le 1 Sep 2023
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Un manifestant contre la réforme des retraites comparaitra devant la justice pour avoir organisé une casserolade visant le député Renaissance Jean-Marc Zulesi. L'élu a informé la justice que l'événement lui avait causé une interruption de travail de 15 jours. Qu'il n'a pourtant pas respectée.

Casserolade durant la Fête de la fraise, à Salon-de-Provence fin avril.
Casserolade durant la Fête de la fraise, à Salon-de-Provence fin avril.

Casserolade durant la Fête de la fraise, à Salon-de-Provence fin avril.

“Un acharnement judiciaire”. Voici comment Alexandre Beddock, manifestant accusé d’usurpation d’identité et de violences envers le député Jean-Marc Zulesi (Renaissance), qualifie le traitement qu’il estime subir. Mardi, il était convoqué au tribunal d’Aix-en-Provence pour une audience qui, sur demande de son avocat, a finalement été reportée. Il devait être entendu en tant que prévenu pour usurpation d’identité dans le but d’organiser une manifestation à l’encontre du parlementaire. Ce dernier a récemment versé une nouvelle pièce au dossier : une incapacité totale de travail (ITT) de 15 jours, selon lui causée par l’événement.

En avril dernier, en amont de la Fête de la fraise de Salon-de-Provence, l’opposant à la réforme des retraites s’était inventé une identité, se présentant comme journaliste auprès du cabinet de Jean-Marc Zulesi, pour obtenir les détails de sa participation à l’évènement. Le jour-J, accompagné d’autres militants, il perturbe le déplacement. Casserolade et jets de confettis poussent le député à quitter les lieux. Quelques jours plus tard, le député dépose plainte contre Alexandre Beddock pour “violences”. Avant une seconde plainte de la part du présumé usurpé, Alexandre T., un journaliste du Grand-Est au nom ressemblant à celui utilisé par le militant.

Selon la justice, les poursuites pour violences n’étaient “pas constituées” et ont donc été abandonnées. Toutefois, les deux dépositaires de ces plaintes restent parties prenantes dans ce dossier. Alexandre T. dont l’identité aurait été dérobée, et Jean-Marc Zulesi, “victime indirecte”. Un statut que la cour sera à même d’apprécier, tandis que son avocate, Marjorie Bonzi, indique qu’il est “victime à part entière”.

ITT de quinze jours

“Le procureur considère que l’usurpation d’identité a causé des troubles à M. Zulesi”, note avec stupeur Farid Farissy, l’avocat d’Alexandre Beddock. Des séquelles constatées une semaine après les faits, le 28 avril dernier. Le médecin de famille du député, installé dans sa commune d’enfance, accorde alors 15 jours d’incapacité totale de travail au parlementaire, justifiée par “un état d’anxiété inhabituel (…), une douleur thoracique antérieure avec oppression et essoufflement à l’effort ainsi qu’une anxiété et de l’insomnie”. Le tout provoqué par une “agression verbale de la part d’une quinzaine de personnes inconnues” et par leur “attitude agressive”.

De quoi faire réagir Farid Farissy, l’avocat de l’accusé : “Pourquoi est-on alors face à une plainte contre mon seul client ? Si ce sont des violences en réunion, il faut convoquer tout le monde !” Parallèlement à cet incident, et dans une toute autre affaire, Jean-Marc Zulesi a fait l’objet de menaces de mort dont l’auteur a été écroué fin juillet à 16 mois de prison dont trois avec sursis.

Cette ITT s’accompagnait d’examens complémentaires, dont une radiographie thoracique, qui n’ont, eux, pas été déposés au dossier. Laissant supposer à la défense qu’il ne les a jamais confiés à la justice, voire réalisés, et qu’il serait ainsi légitime de douter de la bonne foi de ce document. “Il n’est pas obligé de les faire. Le préjudice n’est pas que physique, il est surtout moral”, note Marjorie Bonzi, sans plus de commentaire sur demande de son client.

C’est quelqu’un qui arrive à faire abstraction de sa propre santé pour répondre à sa mission, et à son besoin d’être sur le terrain

Marjorie Bonzi, avocate du député

L’état du député ne l’a néanmoins pas contraint dans ses déplacements professionnels sur cette période. L’homme politique s’est rendu à un tournoi de football le 1ᵉʳ mai, avant de se rendre à l’Assemblée nationale le 3 ou encore sur le terrain à Bordeaux pour plancher sur le RER métropolitain. Ne respectant ainsi pas les prescriptions de son médecin. “Jean-Marc Zulesi est extrêmement soucieux et investi dans son mandat. C’est quelqu’un qui arrive à faire abstraction de sa propre santé pour répondre à sa mission, et à son besoin d’être sur le terrain”, justifie son avocate.

Pour Farid Farissy, l’argument du problème de santé n’est pas recevable. “C’est une procédure bâillon. On veut faire peur à mon client car les dommages et intérêts potentiels augmentent avec cette ITT. Ça peut se compter en milliers d’euros, dénonce l’avocat du militant. Car ce document a normalement pour objectif de montrer la hauteur du préjudice.” Alexandre Beddock ajoute pour sa part : “on a la volonté de m’intimider.” 

Rapidité

Pour la défense, ce dossier “plus politique que judiciaire” fait l’objet d’un traitement extrêmement rapide au vu du sujet. “On est habitués à un an de délai avant une audience, sauf urgence. Là, c’est tellement rapide que je n’ai pas pu citer de témoins”, remarque Farid Farissy. “Est-ce volontaire de me juger pour me condamner rapidement ? Est-ce parce que c’est le député ?”, interroge Alexandre Beddock. Une attaque anticipée par Marjorie Bonzi, qui rappelle qu’“aucun passe-droit n’est accordé à M. Zulesi parce que c’est un homme politique”. Et souligne : “Il ne s’est d’ailleurs jamais présenté à l’audience. Je le représente à chaque fois.” 

Au sein du tribunal, on nie aussi toute influence politique, considérant “le délai normal, et cette affaire simple, à présenter devant un juge unique”. Ce qui explique par ailleurs la session dans laquelle l’audience s’est inscrite mardi, entre des affaires de délits routiers. Désormais renvoyée au 16 avril prochain, le prochain passage devant le tribunal signera les un an de cette interminable casserolade.

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Commentaires

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  1. Richard Mouren Richard Mouren

    De l’art d’encombrer les tribunaux et de faire dépenser un pognon de dingue à l’Etat (et à toutes les parties prenantes). Je pense que le plaignant de 35 ans devrait suspendre pour une période conséquente toutes ses participations aux trails et marathons dont il est un habitué, si une agression verbale de personnes inconnues lui déclenche de tels traumatismes. Si ces troubles sont réels, il ne peut que lui être conseillé de remettre sa démission de député et de retrouver un p’tit job peinard d’ingénieur.

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  2. julijo julijo

    très fragile ce député ! un ego abimé aussi, c’est dur de s’imaginer plein de pouvoir et d’arrogance, sûr de lui, et de se faire ramasser à fête de la fraise !
    on peu comprendre qu’il n’ait pas aimé, et qu’il soit particulièrement vexé cependant lui faut il aller jusque là ?
    pauvre victime !

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  3. BernardMounier BernardMounier

    Le rôle du Parquet, en l’absence de contradictoire, eut été de faire réaliser une contre expertise en présence de ce curieux certificat d’ITT, qu’il aurait pu suspecter d’escroquerie au jugement.

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  4. BRASILIA8 BRASILIA8

    Je pensais les députés Renaissance sourds mais pas anxieux au vue de leur comportement pendant les “discussions” sur la réforme des retrites

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