Reprise de La Provence : après le dépôt des offres, Niel reste le favori malgré la CMA-CGM
Le magnat des télécoms, déjà actionnaire minoritaire du groupe, conserve l'avantage sur la CMA-CGM. En dehors de lui, la compagnie maritime est le seul concurrent à s'être positionné pour racheter La Provence et Corse-matin avant la date limite, ce 30 novembre.
Le siège de La Provence, dans le 15e arrondissement.
Il était en position de force au moment de l’appel à candidatures, il l’est encore après le dépôt des offres. Xavier Niel, le patron de Nice-Matin et Var-Matin, entend bien mettre la main sur La Provence et Corse-matin trustant ainsi les trois quotidiens les plus importants de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le seul de l’île. Sa société NJJ Press, qui détient aussi des parts dans d’autres médias dont le groupe Le Monde, a déposé son offre auprès du tribunal de commerce de Bobigny. C’est là qu’avait été placé en liquidation le groupe Bernard-Tapie (GBT), propriétaire actuel de 49 565 actions, soit 89 % du quotidien.
En détenant déjà 11 % des parts, Xavier Niel, par ailleurs fondateur de Free, ne dispose pas que d’une partie du capital du journal. Mais aussi d’un droit de préemption à trois niveaux, comme l’a expliqué Challenges. Il détient d’abord un droit de rachat prioritaire des titres de son co-actionnaire, hérité du précédent propriétaire belge Nethys. Selon l’article 9 des statuts du journal, comme l’a détaillé Mediapart, les membres du conseil d’administration, dont les représentants de NJJ, bénéficient d’un droit d’agrément des nouveaux entrants : par défaut, ils sont prioritaires pour racheter. Troisième avantage, le prix peut alors, si un accord n’est pas trouvé avec le cédant, être fixé par un expert. Deux expertises ont déjà estimé à environ 40 millions d’euros la valeur de ces parts.
“Un potentiel de développement important”
Xavier Niel s’engage sur l’indépendance éditoriale et l’absence d’intervention de sa part.
C’est fort de cette position que Xavier Niel avance, décidé à remettre à flots La Provence comme l’avait expliqué devant le comité social et économique son bras droit Anthony Maarek : “NJJ est convaincu que La Provence – une marque puissante inscrite dans notre patrimoine régional et national – a un potentiel de développement important sur nos territoires. C’est ce projet de pérennisation du modèle économique de la Provence et de Corse-Matin [dont le groupe La Provence détient désormais 100 % des parts, ndlr], de sanctuarisation de leur indépendance éditoriale, et de développement de leur activité, qui nous anime.”
Vendredi 26 novembre, le même a, devant les salariés, rappelé que les titres détenus par le magnat des télécoms n’avaient pas occasionné d’intrusions dans les questions éditoriales. À ce stade, aucun montant n’a filtré pour l’offre. Il serait, selon nos informations, équivalent aux dernières évaluations des experts. Le prix de rachat proposé sera scruté, mais aussi le montant de l’investissement prévu dans le développement du journal. Le projet de mutualisation des imprimeries des trois journaux du Sud au Cannet-des-Maures serait poursuivi, dans la foulée du “plan filière” proposé par le gouvernement.
Un “trou de souris” pour la CMA-CGM
Face à ce groupe en position de force, seule la CMA-CGM s’est finalement proposée, le groupe Fiducial propriétaire de Sud-Radio et La Dépêche du Midi ayant finalement renoncé à intervenir. L’armateur implanté à Marseille et dirigé par Rodolphe Saadé s’est lancé dans une véritable opération séduction pour tenter de s’immiscer dans la bataille. Celui-ci est persuadé que la seule existence d’un appel d’offres montre que le jeu est ouvert. Il existe “un trou de souris”, a estimé en interne un des organisateurs de cette concurrence. Une autre source, proche du dossier, indique que cette option pourrait consister en la convocation d’une assemblée générale par le liquidateur de GBT dans le but de dissoudre le conseil d’administration et les droits afférents.
Rodolphe Saadé a rencontré les représentants syndicaux à plusieurs reprises.
Flanqué de Denis Olivennes, le directeur général de Libération, Rodolphe Saadé a cherché tout d’abord à crédibiliser son offre sur le fond puisqu’il s’agit pour lui d’une première expérience dans les médias. Il a rencontré à plusieurs reprises, comme l’a raconté Le Monde, les représentants syndicaux allant jusqu’à défendre son offre dans le local syndical “au milieu des drapeaux de la CGT”, sourit-on en interne. L’armateur leur a indiqué qu’en investissant dans les deux journaux et notamment dans le numérique, il espérait bien retrouver l’équilibre d’ici à cinq ans, alors que le groupe a perdu 13,5 millions d’euros ces deux dernières années.
L’armateur cherche à s’attirer les faveurs de la rédaction
Si le doute demeure sur ses intentions qu’il résume comme le fruit de son amour pour Marseille, Rodolphe Saadé entend proposer un maximum de garanties d’indépendance. Les journalistes se sont vus promettre un droit d’agrément sur le choix du directeur de la rédaction ainsi que la création d’une instance tripartite les associant à la direction et à une personnalité qualifiée pour démêler les éventuels litiges. Les inégalités salariales liées au genre, que des femmes du journal avaient dénoncées, feraient aussi partie des dossiers mis en avant. Précédemment pressenti pour rester à la tête de La Provence, Jean-Christophe Serfati, avec qui les représentants du personnel ne s’entendent pas, quitterait le journal, qui vient de vendre son siège de l’avenue Roger-Salengro.
Quel que soit le repreneur, il aura à redresser deux titres en difficulté. Loin de ses années phares, la diffusion de La Provence est en chute libre. Depuis 2017, le journal a enregistré une baisse d’un quart de sa diffusion payée pour atteindre au dernier pointage, en juin, 74 000 numéros distribués quotidiennement sur les trois départements couverts.
Actualisation le 01/12/2021 à 20 h 30 : ajout d’une information concernant le montant de l’offre de NJJ.
Commentaires
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Quelque soit le résultat et comme tous les journaux à grande diffusion, La Provence sera donc entre les mains d’un grand patron.
Et comme ces derniers sont politiquement tous situés entre le centre droit et la droite plus extrême et qu’ils n’achètent pas ces journaux qui perdent de l’argent pour des prunes, le discours politique en France reste quasi exclusivement de droite.
Avec le temps cela fait et continuera à faire son œuvre dans les sondages et dans les urnes.
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La Provence résumé son utilité aujourd’hui aux avis de décès.Pour le reste tout est à jeter.
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@Pascal L
Il est certain aujourd’hui que les mass media (presse écrite et audiovisuelle) sont entre les mains de groupes dont la presse d’information n’est pas le métier et que si ces groupes et leurs patrons ont pris des positions dans ces activités peu rentables, voire franchement déficitaires comme la Provence, c’est parce que cela sert leur influence sur ce qui les occupe vraiment.
Ceci posé, je ne les mettrais pas tous aussi vite sur le même plan, en particulier je trouve que c’est faire vite de confondre le regrettable Bolloré sponsor de Zemour et Ayatollah de Canal + et Xavier Niel, qui n’est sûrement pas un gauchiste mais, qui jusqu’à présent a l’air d’avoir joué le jeu de l’indépendance éditoriale, notamment au Monde.
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Je ne les mettais pas sur le même plan puisque j’ai précisé du centre droit (Niel selon moi) à la droite extrême (Bolloré selon moi). Entre les deux Bouygues qui contrôle plusieurs chaines de télé.
Il est vrai que Niel qui a fait sa fortune entre autre grâce à 3615-“DUCUL” est forcément beaucoup plus libéral qu’un traditionaliste catholique.
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Félix , 74000 lecteurs ,un journal qui relate les apéros des anciens combattants,les noces d’or des papys et des mamys avec une ligne politique l’OM. Même 20 minutes fait mieux.
La rubrique politique de ce journal se réduisant aux pages achetées par la mère Vassal.
De mass media nous en sommes très , très loin.
Remarquez cela suffit peut-être aux autochtones, à ce titre j’aimerais connaître la diffusion du Monde ou du Figaro sur Marseille.
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C’est vrai qu’elle est un peu “patrimoniale”, notre Provence. Je la lis à chaque fois que je bois un café dans un bar, ça me fait du bien de me connecter à mon terroir … Je serais même prêt à verser un euro à chaque fois dans une tirelire posée à cette attention sur le comptoir ! (en même temps qu’une pièce pour le service).
Tiens, c’est peut être la solution ?! une souscription permanente, pour un paiement à l’usage et non pas un achat de papier … Moderne non, comme montage financier ?!
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Si votre temps de dégustation de votre expresso est égal au temps de lecture de la Provence, c’est encore pire.
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@Braillasse, en tout cas ça s’érode : https://www.acpm.fr/Support/la-provence
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Merci de ce lien, à ce niveau c’est une cause perdue, mais il est vrai que Mazerolle plus FOG sous la direction de Serfati, un véritable désastre
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oui, les chiffres sont cruels.
et le mouvement est descendant.
évidemment, la brochette de mazerolle à giesbert n’a pas aidé, mais je crois qu’il y a peut être environ une petite dizaine d’années que ce journal a perdu tout intérêt.
alors aujourd’hui que ce soit niel ou tartempion, ça m’intéresse, mais bof bof ; au vu de la “pluralité” des idées diffusées par les organes de presse “classiques” ou “régionaux”, je me suis organisé pour trouver des infos plus sérieuses ailleurs.
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Dans le calcul de la visibilité, ne négligeons cependant pas les “vues” sur internet.
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Et les “vues” dans les cafés …
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https://www.acpm.fr/Support-Numerique/site/laprovence-com
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@Marc, les vues dans les cafés sont comptées dans l’audience (=Diffusion X “taux de reprise en main” par plusieurs lecteurs) ;-D))
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@Félix, Merci pour cette précision. J’imagine que ce paramètre “taux de reprise en main” a été soigneusement ajusté, après enquête et étude des comportements des lecteurs. Et notamment les buveurs de café dans les bars comme moi ! Parce qu’il doit avoir une incidence importante sur l’estimation globale, s’il est appliqué en coef multiplicateur sur l’ensemble des tirages.
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Pour revenir à ma plaisanterie sur la “Tirelire La Provence” dans les bars …. A la réflexion, l’idée n’est peut être pas si niaise que ça : ça peut se mettre en œuvre sous forme numérique. Imaginez un QR Code sur les pages de La Provence, une appli sur Smartphone, qui vous permet de flasher le QR-Code pour verser 0,5 € ou 1€ quand vous l’avez lue dans un bar (ou tout autre lieu public) ….
La presse “papier” à l’ère de la modernité : on remplace l’acheteur de journal par le flasheur de QR-Code ! Je serais curieux de faire une estimation Marketing du concept, on pourrait avoir des surprises !
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ah l’idée n’est pas niaise du tout ! mais par contre, le “produit” s’y prête-t-il ?
je vais parfois boire un café dans un bar, et parfois je feuillette la provence…mais je ne suis pas du tout volontaire pour payer quoique ce soit pour avoir tourné les pages pendant…5 minutes ? … pas plus, et m’être aperçu de son insipidité !
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Les bars ont plus souvent La Provence que la Marseillaise à la disposition des clients.Une ambiance bruyante, un café amer ou un alcool frelaté sont peu favorables à une lecture au long cours.
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Oui, certes, La Provence, on n’y trouve rarement du sensationnel, ou du scoop, ou des analyses originales sur des sujets inattendus.
Mais enfin, “c’est du local”, et je pense que ça a quand même le mérite d’exister. Et puis le graphisme, la présentation, la mise en page, les couleurs, la photographie, conservent de la tenue par rapport à d’autres publications plus “débraillées” … ça mérite un effort de préservation de cette espèce menacée ! Allez, 5 minutes ? 5 centimes ! A chacun de voir … la finance numérique moderne, ça s’accommode de tous les montants, petits ou gros.
Pour ce qui est du concept du support papier collectif payé à la lecture, d’autres produits vont peut être y venir … Je persiste, le papier, ça garde un charme. Et le mode de financement par les lecteurs, c’est peut être ce qui garantit le mieux l’indépendance (Marsactu confirmera !). ça pourrait même lui redonner de la vigueur et de l’audace à notre vielle dame, sans l’ombre tutellaire de tel ou tel milliardaire, et nourrie par des lecteurs-citoyens-buveurs de café.
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