[Replay] "Le rugueux" Patrick Mennucci veut croire en son programme

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le 18 Mar 2014
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Il est arrivé comme un coup de vent sur un plan d'eau : téléphone en main, tablette dans l'autre, déjà prêt à faire face aux chausses-trappes et coups tordus des internautes de Marsactu. "De toute façon, je ne vais avoir que des questions politiciennes", regrettait Patrick Mennucci par avance. Cette tension perceptible sur le plateau s'est peu à peu atténuée au fil des minutes et des questions. Dès la première, le ton était donné. Il était question de fond, de propositions concrètes plus que de constitution des listes et la trahison d'amis de 20 ans : les résidences fermées mises en lumière par le récent procès déclenché par les riverains du lotissement Coin-Joli, à Sainte-Marguerite. "Les résidences fermées qui sont légales ne posent pas de problème, a affirmé le candidat. Dans le cas présent le problème est que la fermeture risquait d'enclaver une école. Je ne permettrai pas ce genre de choses. Si je suis maire de Marseille, la légalité sera respectée". Moins définitif que Nathalie Pigamo, candidate dans le 9/10, Patrick Mennucci ne ferme pas la porte aux lotissements avec digicode et portail d'entrée et surtout à leurs habitants qui sont aussi des électeurs potentiels.

Le député et maire des 1/7 est pleinement à l'aise quand il est question de détailler les points de son programme sur lesquels les internautes souhaitent ou espèrent des éclaircissements. Quand il ne sait pas, il le dit clairement comme c'est le cas pour "la rotonde" de la gare Saint-Charles dont la destruction est envisagée. En revanche, il en profite pour détailler les effets attendus des grands travaux prévus à la gare Saint-Charles, qui seraient notamment financés par l'État.

De la même façon, il défend son projet de "grand Borely" en remplacement du terrain de golf et de l'hippodrome, fustigeant "le camp des immobiles" dont Jean-Claude Gaudin serait le chef suprême. Et même si son programme pourrait paraître pléthorique, il assume : "Ce n'est pas un programme de constructions. Nous ne proposons pas un palais de la glace et de la glisse. Nous proposons une valorisation de ce qui nous appartient comme la Corniche".

"Je suis fais comme ça. Je dis les choses"

Sur les questions plus politiques, Patrick Mennucci ne se dérobe pas. A une question sur la fragilité de sa majorité en cas de victoire, il fait un rappel historique : "Les gens sont peut-être nostalgiques du temps où Gaston Defferre constituait des listes en disant c'est comme ça et pas autrement, mais c'est fini. Je suis la tête de liste, je ne suis pas propriétaire de cette dernière. J'ai sur ma liste des camarades socialistes qui ont concouru avec moi aux primaires, je tiens compte de leur influence". Il préfère mettre en avant les accords mêmes tumultueux avec Europe Ecologie-Les Verts ou une partie du Modem 13. Il insisté également sur l'arrivée de Laurence Vichnievsky, "symbole de probité à l'échelle nationale" comme un symbole de la campagne.

D'ailleurs, il ne se froisse pas outre mesure par l'adjectif choisi par cette dernière pour définir son caractère : rugueux. "C'est une question qui est beaucoup utilisée par mes adversaires. Pendant des mois, on a dit  : "Il ne va pas y arriver, il est clivant". Mais existe-t-il un seul homme politique qui a des idées qui n'est pas clivant ? L'essentiel est de ne pas être clivant avec sa majorité". Plus loin il reconnaît cette rugosité que pointent certains : "Je suis fait comme ça. Je dis les choses. Peut-être que je ne suis pas assez diplomate". Après un temps de réflexion, il ajoute : "Vous pouvez peut-être demander à Roland Dumas si [Laurence Vichnievsky] n'était pas rugueuse ?" en référence à la carrière de juge d'instruction de sa colistière.

A propos des affaires justement, il revient sur le refus de l'association Anticor de lui faire signer la charte contre la corruption. A l'inverse de son correspondant local, Jean-Claude Roger, il met en avant les difficultés liées au cumul des mandats de certains de ses colistiers plutôt que la difficulté à rompre avec le passé trouble incarné par les frères Guérini. Sur sa confrontation avec Jean-Marc Nabitz dans le cadre d'un des volets de l'affaire Guérini en novembre dernier, il se garde bien d'en donner le détail. Mais tord le cou à une rumeur persistante qui lui prêtait un rendez-vous plus récent au palais de justice. "Le juge Duchaine a refermé cette partie là du dossier".

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Commentaires

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  1. jeje jeje

    vichnievsky, Duchaine, cet homme là aime les juges!!!!! pauvre de nous!! casques à pointes, cotes de mailles, tout le monde aux abris….

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  2. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Un point de vue intéressant dans Libé, celui de Rémy Bargès, ancien dircab de Guérini, qui connaît de l’intérieur le système féodal en place au CG13 (www.liberation.fr/politiques/2014/03/10/les-elus-tremblent-a-l-idee-d-etre-prives-de-subventions_986012) :

    “Si on voulait transformer les choses brutalement, il faudrait interdire à 80% de la classe politique de se présenter, à droite comme à gauche. Et je ne suis pas certain que les 20% restants soient capables de gérer. Mais la gauche marseillaise est en train de s’émanciper et elle doit continuer, changer le logiciel, arrêter de raisonner en termes de clientèles et de communautés, de territoires à tenir. Dans les propositions de Patrick Mennucci et de Marie-Arlette Carlotti, il y a des éléments clairs, un pacte de gouvernance et de transparence qu’il faudra mettre en œuvre. Il faut tourner la page et en finir avec les années Defferre et Gaudin. Si les équipes en place repassent, alors Marseille entrera dans l’ère de glace.”

    “Par le poids de ses financements, [Guérini] pèse encore. Par exemple lorsqu’il apporte 100 millions d’euros à Marseille pour s’acheter la bienveillance de Jean-Claude Gaudin, qui l’a ensuite sauvé au conseil général, en ne demandant plus à ses troupes de réclamer le vote à bulletins secrets sur le budget, alors que cela permettait à la contestation de s’exprimer sans mesures de rétorsion.”

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  3. Anonyme Anonyme

    Mennucci fricote avec la ligne rouge dans bien des domaines,le Point reprend cette semaine l ensemble des affaires qui lui colle à la peau.
    Il n a que la chance d être du bon côté de la lame ( chancellerie,Élysée,préfecture,la Provence) et des pouvoirs.
    Demain est un autre jour,notamment au sujet de Nabitz et l incinérateur de Fos,c est jamais terminé c est chose là vu les moyens qui semblent être employés à cette époque dixit Nabitz.
    Le choix de la juge “rouge/verte “de le rejoindre est pour moi le signe que l envie de lumière est bien plus fort que la morale pour cette dame.
    Si Anticor de son côté s oppose à la signature de sa charte par Mennuci,cela devrait inviter la juge a se poser des questions non?
    Elle ne pourra pas dire dans quelques temps qu elle ne savait pas si l iceberg se retourne.

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  4. Anonyme Anonyme

    Censure à Marsactu ?

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  5. Valmy Valmy

    Contrairement à Mennucci qui parle projet, programme, Gaudin et son allié Guérini ne s’intéressent pas à autre chose que la politique politicienne, celle qui consiste à faire le vide autour de soi pour conforter son pouvoir. Ce sont des experts sur ces questions là et il sont passés maître dans l’art d’esquiver les question sur le fond car au fond justement, ils méprisent le débat d’idées. Ils s’en foutent pas mal de l’avenir de Marseille. C’est pitoyable mais il faut croire que ça marche puisqu’à 74 ans, usé par 50 ans de vie politique, on peut encore se représenter dans la deuxième ville de France en ayant le culot de revendiquer le changement dans ses affiches électorales… Je serai curieux que les journalistes interrogent un peu Gaudin sur le fond ou l’aspect technique de certains dossiers, qu’il nous explique en détail par exemple le montage complexe du stade vélodrome, ou qu’il nous parle des abattements fiscaux qu’il a supprimé ou des curieux investissements de Marseille aménagement… Là le masque tomberait et on verrait derrière le maire sortant un candidat dépassé par les événements, qui dirige à la papa une ville une dérive. Mennucci est peut être un vrai politique qui ne sait faire que ça, mais il est incollable sur le fond, il a des heures de travail au compteur et il vit au milieu des marseillais.

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  6. Anonyme Anonyme

    Si j’en crois certains partisans de Mennucci sur ce lien il y aurait un complot contre Mennucci.
    Un complot assisté de certains journalistes du Point et Marianne(voyez le grand écart idéologique).
    Si Mennucci n’était pas convoqué par le jude Duchaine ,mis en cause par un témoins dans le dossier Guerini et sur d’autres dossiers personne oserait écrire quoi que se soit.
    Là ou je suis frappé c’est par le soutien inconditionnel d’électeur du 8 ème à P Mennucci (“faute de mieux je vote Mennucci” semble t il dire).
    Comment accepter que notre démocratie accepte et nous présente de tels candidats, il y a tellement d’autres choix possibles.

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  7. Desperate Desperate

    Il va falloir choisir entre la peste et le choléra dimanche. Étant donné qu’aucun des deux (Gaudin et Menucci)ne semble capable de redresser cette ville en lui apportant des industries, des entreprises, de l’espérance et des réalisations dignes de la 2ème ville de France, je propose que tout le monde s’abstienne dimanche pour leur faire peur. Il y a bien longtemps que ces élus ne seraient plus en place s’il y avait eu la communication INTERNET autrefois. Votons au 2ème tour, en sachant que nous aurons au moins eu la satisfaction de les affoler. Si seulement Monsieur TEISSIER avait eu une chance dans cette ville ! Mais non, Jean-Claude GAUDIN lui a toujours barré la route pour éviter que cet homme de qualité soit à la manoeuvre. Réglons les comptes maintenant !

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