Rencontre avec Seu Jorge, avant son concert du 2 novembre à l'espace Julien à Marseille

À la une
par fbonnard
le 31 Oct 2010
0

La dernière fois que les marseillais ont pu voir et écouter Seu Jorge, c’était à la Fiesta des Suds en 2004. A l’époque, le brésilien était encore un quasi inconnu et l’esprit du Dock des Suds n’avait pas encore disparu en fumée. Autant dire que c’était il y a une éternité. Toutes les raisons sont donc réunies pour courir à l’Espace Julien, mardi 2 novembre, se déhancher au son de la voix grave et sensuelle de Seu Jorge.

Marseille, c’est d’abord un souvenir très particuliers pour lui, une anecdote qui l’a profondément marquée. Nous sommes à l’automne 2004, « Monsieur » Jorge est en concert à la Fiesta des Suds, il n’est pas tête d’affiche et se balade anonymement autour du Vieux-Port avec son producteur parisien Jérôme Pijon. Soudain, sur le Cours d’Estienne d’Orves, une bande jeunes adolescents les interpèle. « Ils se sont mis à jouer à leur manière et avec leurs moyens, une scène marquante de la Cité de Dieu sorti un an plus tôt, une scène où j’apparais, se souvient celui qui jouait alors le rôle de Manu le Coq, je n’en revenais pas, ils avaient retenus tous les dialogues! C’est la première fois qu’on me reconnaissait ainsi! »

Car le grand public a d’abord découvert ce chanteur à la voix chaude et sensuelle au cinéma au printemps 2003. Un film bouleversant qui décrit, avec une lumière troublante, l’évolution d’un quartier défavorisé de Rio (ndlr, la cité de Dieu) des années 60 jusqu’au milieu des années 80. Le spectateur découvre le quotidien très réaliste et ultra-violent de jeunes enfants armés et livrés à eux mêmes dans une jungle urbaine. C’est le quotidien de l’enfance de Jorge Mario Da Silva, et la vie de milliers de jeunes encore aujourd’hui que les deux réalisateurs alors méconnus Fernando Meirelles et Katia Lund voulaient modestement dénoncer. Au Brésil et partout dans le monde, La Cité de Dieu a marqué les critiques et reçu de nombreux prix. « Ce film a fait le tour de la planète. C’était incroyable. Et ce succès inespéré a aussi fait connaître ma musique au monde entier » raconte Seu Jorge.

Dès l’année suivante, les studios américains s’intéressent à ce nouveau visage encore peu connu.  Wes Anderson lui offre un rôle de composition sur la dernière croisade scientifique du loufoque océanographe Steve Zissou (alias Bill Murray). Dans La Vie Aquatique, il traîne ses cheveux en bataille, sa guitare sèche et ses mélodies chaloupées sur le pont du Belafonte. Il signera, pour conclure, la majorité des titres de la bande originale du film avec des reprises très personnelles des chansons de David Bowie… en portugais. « Beaucoup de gens me reconnaissent également depuis ce film. Certains viennent à mes concerts parce qu’ils se souviennent des chansons que j’interprétais. »

Une musique singulière

Après l’Amérique du Nord cet été, Seu Jorge sillonne l’Europe et la France depuis un mois. La vie de bohème, il aime ça, c’est l’essence même de son métier. Chaque soir il remplit des salles de taille modeste où la proximité avec le spectateur est un luxe qu’il ne pourrait pas refuser. Chaque soir, il offre un voyage musical singulier en proposant aux spectateurs les chansons de son surprenant nouvel album (Seu Jorge and Almaz – sorti le 27 juillet dernier) composé entièrement de reprises. De vieilles chansons populaires brésiliennes revisitées et des grands tubes internationaux entièrement déstructurés, comme une version envoûtante d’Everybody Loves The Sunshine de Roy Ayers, une nouvelle traduction personnelle de Rock With You de Michael Jackson et une stupéfiante variante de Das Modell des Allemands Kraftwerk. Le reste de l’album présente des mélodies brésiliennes sensuelles et mélancoliques sur lesquelles Monsieur Jorge pose sa chaleureuse voix grave.

Cet exercice de libre expression est né d’une rencontre imprévue avec Antonio Pinto, producteur et bassiste reconnu. C’est cet homme influent qui lui a présenté Lucio Maia (Guitare) et Pupillo (batterie) du groupe Naçao Zumbi, une formation de mangue-beat très populaire au Brésil. « C’est une expérience très enrichissante. Cet album n’a pas été commandé par la maison de disque mais par nos envies réciproques de partager des références communes tout en recréant des arrangements et un univers neuf. C’est deux ans de travail passionné» témoigne celui qui milite pour une « musique  libre ». Depuis son brillant deuxième album Cru (2005), enregistré entre Rio et  Paris, les critiques saluent à nouveau la qualité de cette musique si singulière.

A 40 ans, Seu Jorge le francophile est ravi aujourd’hui de faire une étape à Marseille. Même s’il  connait peu la ville, son ami le chanteur Jehro, qui a grandi dans le Panier et à qui il avait offert la première partie de sa tournée de 2006, lui a beaucoup parlé de ce public chaleureux et passionné.

Réservez vos places pour mardi 2 octobre à 20 h sur le site de l’espace Julien c’est 25 €

Un lien Seu Jorge, Brésil de la tentation sur Libération Next du 22 octobre dernier

Un lien Seu Jorge sur Youtube , reprise de Bowie, Life on Mars, forcément….

geo_mashup_map

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire