Ravier : "Quand on gagne le 7e secteur de Marseille, on peut gagner la France"

Ravier : "Quand on gagne le 7e secteur de Marseille, on peut gagner la France"

Le rendez-vous était donné à 14 h 30. Mais les nombreux médias invités ce lundi après-midi pour la conférence de presse du nouveau maire des 13e et 14e arrondissements Stéphane Ravier n’ont pas attendu l’heure dite pour commencer à lui poser leurs questions. L’élection du leader frontiste à la tête d’un secteur de près de 150 000 habitants est le vrai sujet de l’après-campagne. Visiblement, Stéphane Ravier a bien compris quel était le premier intérêt de sa nouvelle écharpe : attirer les médias et s’offrir une tribune légitime au conseil municipal. Pour les détails d’ordre pratique, on verra plus tard.

En effet, si Stéphane Ravier est très à l’aise avec l’outil médiatique, il l’est visiblement moins avec l’outil politique et en particulier ses nouvelles attributions. Et bien que le nouveau maire ait été conseiller d’arrondissement dans ce même secteur, il avoue tout ignorer du “déroulement protocolaire” et du prochain conseil d’arrondissements qui officialisera sa nouvelle fonction le 11 avril prochain. D’ailleurs il ne s’est toujours pas rendu dans sa mairie de secteur. La première visite pour “voir comment ça se présente” est prévue pour ce mardi. À coup sûr, les caméras seront nombreuses pour filmer ses premiers pas. Quant à savoir quelles seront ses actions des premiers jours, ses réponses ne sont pas vraiment claires. Il parle nettoiement avant de se reprendre : ça ne fait pour l’heure pas partie des compétences d’une mairie de secteur. Pour l’heure, il prévoit surtout des tensions avec ses administrés. Il assure en tout cas vouloir aller à la rencontre “des électeurs… des habitants” mais prévient : “C’est à eux de se positionner”. Il s’adresse directement à eux : “Je suis prêt à vous écouter mais il faut que vous m’écoutiez aussi. Il doit y avoir un échange.”

Concernant le personnel municipal, il se pose en quasi-bienfaiteur, affirmant qu’il a entendu “au cours de cette campagne de nombreux employés qui [lui] faisaient part de leur souhait de [les] voir arriver aux affaires”. Et se dit prêt à les rencontrer… Ou plus précisément “à rencontrer tous ceux qui font preuve de bonne volonté”. Message explicite aux fonctionnaires qui voient arriver avec effroi un maire frontiste dans ce secteur historiquement socialiste.

“Harceler” le maire

Ce qu’il voit dans ce nouveau poste, c’est la tribune médiatique qui lui est offerte pour s’adresser directement au maire de Marseille et aux médias qui vont le suivre. Cette focalisation sur le 7e secteur énerve un peu le seul élu frontiste sortant, Bernard Marandat qui préférerait qu’on questionne la stratégie du groupe. Le nouveau leader frontiste finit par s’agacer : “Je ne me suis pas encore octroyé le droit de soumettre les questions que l’on me pose”. Pour être anecdotique, ce court échange prouve que Stéphane Ravier doit encore imposer son autorité sur les 19 élus qui l’accompagneront ce vendredi, dans l’hémicycle de la place Bargemon.

Cette première séance d’exercice d’autorité aura lieu cette semaine lors d’une première réunion de groupe. “Nous allons réunir tous nos élus pour savoir qui va faire quoi, dans quel domaine, parce qu’il y a beaucoup à faire”. Et là, pas de surprise, les thèmes qui seront développés sont ceux du FN à l’échelle nationale : sécurité et fiscalité. “Il ne s’agit que d’une question de volonté. M. Gaudin refuse d’utiliser sa police municipale au service des Marseillais, nous allons le convaincre d’agir autrement”. Ou : “il va falloir que M. Gaudin tienne sa promesse de ne pas augmenter les impôts”. Il se pose donc en opposant politique, désormais de poids, qui n’hésitera pas à “harceler” le maire pour arriver à ses fins.

“Nous sommes nombreux, c’est une opportunité pour pouvoir travailler dans de très bonnes conditions et permettre dans trois ans de présenter un bilan positif. Ce qui permettra à Marine Le Pen de démontrer que le FN est capable de gérer une nation”. Le raccourci est un peu facile mais c’est là la stratégie de conquête du FN : gravir les échelons politiques les uns après les autres. D’ici la présidentielle de 2017, il y aura les européennes, les sénatoriales, les cantonales, les régionales et il y a fort à parier que Ravier sera candidat à tous ces scrutins. Les 13/14 ne sont qu’une marche dans cette progression avec valeur de symbole national : “Quand on gagne le 7e secteur de Marseille, on peut gagner la France.”