Quel avenir pour le solaire en Provence ?
Quel avenir pour le solaire en Provence ?
C’est, en tant que réalité géographique acquise, le point d’entrée généralement utilisé pour souligner l’évidence de l’intérêt de l’énergie solaire en Provence-Alpes-Côté d’Azur : c’est la région la plus ensoleillée de France. Derrière, vient inévitablement un autre chiffre : c’est aussi depuis 2010 – après le rattrapage d’un retard à l’allumage sur Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Aquitaine et Midi-Pyrénées – la première région en terme de production solaire photovoltaïque (électricité, avec d’après le dernier tableau de bord du ministère du Développement durable, 165 mégawatts (MW) installés au 31 mars 2011 sur 1 337 en France) et thermique (chaleur, 27 494 installations recensées en 2010).
Et, point moins souvent développé, le potentiel est énorme : une étude menée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) l’a chiffré, pour la seule production d’électricité, à une puissance de 7 750 MW en 2030. Soit, traduit en terme d’énergie qui rentrera dans les prises de courant, une production annuelle de 9 300 gigawattheures (GWh) par an. De quoi couvrir 23% de ses besoins actuels en courant, avec qui plus est une « production [qui] coïncide avec les pics de consommation constatés en été », note l’Ademe.
De quoi se passer – un peu – des 62% d’importations du réseau national (Paca est avec la Bretagne une des deux « péninsules électriques » très dépendantes du reste du pays) et des plus de 10% de fossiles (gaz, fioul, charbon), sachant que l’hydraulique en assurait en 2009 déjà 25% (chiffres de 2009).
L’industrie encore balbutiante
Pour autant, derrière ce beau tableau ensoleillé, ce potentiel se traduira-t-il en installations, en emploi, en naissance d’une filière industrielle majeure et solide ? On l’a vu la pente est ascendante en terme de puissance installée. Mais pour les emplois et l’industrie, si nous n’avons pas de chiffres régionalisés dans les 25 000 emplois décomptés en 2010 par le Syndicat des énergies renouvelables, la tendance livrée par l’Observatoire de l’investissement de Trendeo – même s’il ne se concentre comme son nom l’indique que sur les créations d’emplois accompagnées d’un investissement et non sur des embauches isolées – est claire : « Pour le solaire, nous avons enregistré depuis janvier 2009, en France, 4 477 créations nettes d’emplois. En Paca, seulement 56 créations nettes. De fait, Paca accueille beaucoup de fermes solaires, mais celles-ci ne s’accompagnent pas d’un grand nombre de créations d’emplois. Rhônes-Alpes a accueilli des emplois importants dans la R&D, l’Aquitaine dans l’assemblage de panneaux solaires », résume David Cousquer, gérant de Trendeo. Soit au total respectivement 1 310 et 1 068 pour ces deux dernières.
Difficile de ne pas penser à l’Américain First Solar, qui après avoir envisagé d’implanter une usine en Haute Provence puis dans la région aixoise, a finalement opté pour les environs de Bordeaux, même si le projet a capoté par la suite. Ou à l’échec localement symbolique d’un projet qui avait pris une envergure nationale : Silpro dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Délégué général d’Enerplan, une association de professionnels du secteur, Richard Loyen relève tout de même de beaux exemples, notamment via le pôle de compétitivité Cap Énergies, dans le solaire thermodynamique, thermique, ou la technologie émergente du photovoltaïque à couches minces, sur laquelle travaille Nexcis à Rousset. L’une des rares collectivités de la région à proposer des aides financières dans ce domaine (voir le recensement d’Enerplan), le conseil général des Alpes-de-Haute Provence a également mis sur pied un schéma des énergies nouvelles avec un volet industriel et de formation, avec entre autres l’ambition de développer une Vallée des énergies nouvelles.
Coup de froid
A suivre. Sauf que, même si « compte tenu de son ensoleillement » la région reste « la plus propice pour développer » cette énergie et connaît un contexte « moins désastreux qu’ailleurs en France », glisse Richard Loyen, elle n’échappe pas au « marasme » provoqué par les revirements et incertitudes politiques du gouvernement. Rappel en quelques lignes. Si le solaire avait déjà été touché courant 2010 par une crise médiatique après la multiplication des plaintes concernant des installations plus ou moins douteuses chez des particuliers, 60 millions de consommateurs criant « Halte aux dérives » des « éco-délinquants », c’est la fin de l’année dernière, avec la remise d’un rapport assassin d’un ancien ponte d’EDF, Jean-Michel Charpin, suivie d’attaques sur sa répercussion sur les factures (les fameux 3% de hausse, un chiffre erroné), les « panneaux solaires chinois » et la « bulle spéculative », que l’ambiance s’est franchement assombrie.
Pas totalement dénuées de fondement, ces critiques ont surtout permis de faire passer un coup de frein brutal sur l’aide au développement de cette énergie : un coup de rabot de moitié sur le crédit d’impôt aux particuliers pour les panneaux photovoltaïques et une baisse en cascade – avec là encore communication hasardeuse et incertitudes réglementaires – des tarifs de rachat de l’électricité produite, accompagnée d’un moratoire de 3 mois sur le rachat des kWh issus des projets non-résidentiels.
Le gouvernement assure qu’il s’agit simplement de refroidir un secteur en surchauffe : « l’essor
spectaculaire du photovoltaïque français démontre que la phase d’amorçage de la filière est achevée. Le développement entre désormais dans une phase de maturation », explique la page du ministère qui présente le nouveau dispositif. Là encore, si une évolution état peut-être nécessaire, la France n’ayant pas prévu – à la différence par exemple de l’Allemagne de baisse automatique en fonction de la puissance totale installée – le brouillard, peut-être plus que le refroidissement, en a fait fuir plus d’un.
Exit le Vélodrome solaire, mais des parcs à gogo…
« Le marché résidentiel a très fortement ralenti », assure Richard Loyen. Et, au niveau local, du Vélodrome au Grand Port Maritime de Marseille, les projets ont été annulés ou ajournés. En revanche, si nous n’avons pas pu avoir de point clair de la part de la mairie de Marseille, pour cause de congés de l’adjointe en charge du dossier, l’objectif de 200 000 m2 semble suivre son cours avec 33 052 m² promis pour fin du premier trimestre 2012. Quant aux projets de parcs au sol qui fleurissent, ils risquent d’être revus à la baisse et devront de toute manière passer par la nouvelle procédure d’appels d’offres instituée par le gouvernement, explique Richard Loyen.
Localement, en terme de puissance installée, cela n’est pas forcément une mauvaise nouvelle : « les appels d’offres étant extrêmement simplifiés, uniquement indexés sur le prix et non pas l’intérêt territorial par exemple, on va avoir quasiment tous les projets dans le Sud », décrypte Joël Vormus, chargé de projets énergies et environnement au Comité de liaison des énergies renouvelables. « Avec tous les problèmes de pression foncière et sur la biodiversité que cela pose, et on ne valorisera pas des terres au Nord » avec moins d’enjeux, comme des carrières, ajoute-t-il.
Avec peu d’emplois à la clé
Et derrière cela, si la France s’est jusqu’à présent distinguée par une volonté de favoriser l’intégration aux bâtiments plutôt que l’occupation de champs, le passage à une logique d’appels d’offres couplée au coup de froid sur les aides aux particuliers suscite des inquiétudes sur l’emploi. « Le segment des centrales au sol (visé par ces appels d’offres, ndlr) est celui qui crée le moins d’emplois, et les tâches sont parfois assurées par des travailleurs Espagnols, Polonais ou Slovaques, avec des modules le plus souvent chinois », affirme Richard Loyen. « Plus les projets sont grands, moins ils représentent proportionnellement des emplois », résume-t-il.
Un discours partagé par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Paca qui, outre les parcs dans des friches et des carrières, privilégie l’installation sur des bâtiments d’entreprises, de collectivités, de supermarchés, et a fortiori résidentiels. « C’est la logique française : on passe d’une centrale nucléaire à une méga-centrale photovoltaïque, mais on n’arrive pas à penser l’échelle intermédiaire et encore moins à penser dans une perspective territoriale », déplore Micaël Gendrot, qui sait bien que « la recherche d’une rentabilité maximale, car qui dit grands projets dit grands sites d’un seul tenant, facile à aménager, accessibles » n’y est pas étrangère.
D’après l’étude de l’Ademe sur le potentiel de la région, les parcs sont appelés de toute façon amenés à remplir un rôle important. Mais reste la manière. Pour éviter que les maires cèdent chacun dans leur coin aux sirènes des développeurs, quitte à laisser sous le tapis des conséquences négatives, « nous encourageons les régions et les départements à faire l’inventaire des terres qui ont peu de valeur économique ou de biodiversité et à le tenir à disposition », précise Joël Vormus. Eldorado annoncé, la Provence serait bien inspirée de chercher de la cohérence, faute de quoi une opposition comme celle que connaît l’éolien, accusé de mitage, pourrait éclipser les avantages de cette énergie.
Actualisation le 22/07 avec Joël Vormus
La carte des parcs en construction et en fonctionnement sur le site de l’Observatoire régional de l’énergie, qui regroupe par ailleurs de nombreuses données sur le photovoltaïque et le thermique.
Commentaires
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Si on rajoute a ce tableau le fait que de nombreuses initiatives locales dans le domaines sont restées au stade d’effets d’annonce, on peut se demander si le solaire n’est pas en train de devenir…du vent
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Et si on commençait par le début!La provence ,par son exposition est,c’est vrai une des
régions les plus ensoleillées de nôtre pays.C’est aussi l’endroit oû beaucoup de gens
aimeraient vivre!(mis à part fos,port de bouc,port st louis,martigues,etc…)
Depuis les années 60,l’attrait de cette région,a fait que de riches acheteurs anglais,
hollandais,ou autres ,des gens du show..,du ciné,et d’autres,armés de leurs magots,
face à des agriculteurs plus que modestes ,n’ont pas eu trop de peine à convaincre
ces derniers de vendre leurs terres et leurs MAS .!!
Dotée d’environ 80% de tres bonnes terres maraichaires
capables de sortir trois récoltes par an de légumes primeurs,il ne reste aujourd’hui
qu’à peine 5à10% de terres productrices.Les Mas ont été achetés,par des gens qui
y viennent un mois par an!!On installe une piscine devant la maison, et tout le reste est en friche.Je ne raconte pas une histoire,il n’y a qu’a regarder avec google : vu d’en haut c’est
flagrant!! Qu’ont fait les Saffer,?
On ne compte plus les permis de construire distribués en zone agricole non constructible.
A ce niveau,ce n’est plus un “mitage” mais une” destruction massive”
Alors bien sûr ,au point où on en est ,pourquoi ne pas tout raser?
Dans les années 60,dans la cuvette située entre ,Cavaillon,Avignon,Tarascon,St Remy,
on sortait plus de 300 tonnes de légumes frais par jour,qui, chargés dans des camions
venant de Marseille avec quelques agrumes ,etaient distribués dans toute la France.
La provence est certainement la région la mieux irriguée
de nôtre pays! Nos parents,ont ,à la pelle(à main bien sûr) travaillé comme des forçats
pour effectuer le curage des canaux.(Celui de Jouques par exemple,mon père y etait.)
ET,si en plus maintenant,on cherche à implanter des centrales
photovoltaïques ,on va faire quoi??
Paradoxe d’un système:on importe des légumes pour alimenter nôtre région!Et mème
du Japon a’t’on appris lorsqu’ils ont subi leur catastrophe nucléaire.Allez dans un super marché à St Remy,vous ne trouverez pas de légumes frais du” quartier des jardins”qui
à deux minutes du magasin
Et si tout simplement on commençait par conseiller
la pose de chauffe eau solaire à chaque demande de permis de maison individuelle.?
Dans nôtre région,c’est 80% d’eau chaude gratuite et sans polution.Quatre m² suffisent
pour l’eau chaude pour une famille..Avec 20m² de capteurs thermiques,on peut faire de
l’eau chaude et allimenter une partie du chauffage l’hiver,et faire du froid l’été dans la maison..
Tout ça pourrait aussi créer des emplois!!
Hélas,on vit dans un système où on veut poser la toiture avant d’avoir monté
les murs!!
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Titoune on vit dans un système,ou l’on occupe tellement les gens avec les problèmes mondiaux,qu’ils ne se rendent même plus compte,de ce qui se passe devant leurs portes.
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