Quand Paris Match rencontre Drucker en Provence… et oublie sa villa litigieuse

Quand Paris Match rencontre Drucker en Provence… et oublie sa villa litigieuse

Il y a des fois où l’on se dit que l’on rate quelque chose en ne lisant pas la presse people. Ainsi ce reportage sur les terres de Michel Drucker, à savoir le « « triangle d’or », entre Aureille, Maussane-les- Alpilles et Saint-Rémy-de-Provence« , selon l’expression de Paris Match.

Stars, lavandes et petits oiseaux

On y suit un animateur suant sur son vélo à arpenter tôt le matin les routes escarpées des Baux-de-Provence. Puis boire un jus de fruit dans un resto tenu par « des amis belges« . L’indétrônable locataire de France 2 a d’ailleurs beaucoup d’amis dans « le pays que s’était choisi son père » : les commerçants, comme la crêpière qui s’inquiète pour sa santé, un Provençal de 70 ans qui l’accompagne parfois à vélo. Et surtout une ribambelle de « people », qui eux aussi ont succombé aux charmes du Lubéron : Pierre Arditi, Charles ­Aznavour, Christian Clavier, Alain Prost, Patricia Kaas, Jamel Debbouze et Mélissa Theuriau, Pierre Bergé… Et tant pis pour l’image d’enfant du pays qu’on commençait à se former.

Car un peu auparavant, Match nous raconte qu’ »il y a quinze ans, Michel choisit un grand terrain à Eygalières, non loin de la petite chapelle Sainte-Sixte. Il y fait bâtir une grande demeure en pierre des Alpilles, très claire, ouvrant sur une piscine bordée de lavande et d’oliviers. Avec son épouse, il recueille des animaux dans un refuge installé au fond du jardin. Vingt-cinq chiens, des chats, des oiseaux et même un âne y finissent leur vie. » C’est beau.

Trois villas dans le village

On comprend que la journaliste n’aie pas souhaité briser l’harmonie en glissant une allusion à un certain conflit qui oppose notre compagnon du dimanche avec la Ligue de défense des Alpilles (LDA). Et qui concerne justement le fait que sa villa soit située « non loin de la petite chapelle Sainte-Sixte« . Mais on s’est peut être trompé de bâtiment, puisque l’animateur aime tellement Eygalières qu’il y fait construire actuellement une troisième maison (293 m2 avec piscine s’il vous plait).

Pour ceux qui auraient loupé les épisodes précédents, l’association de défense de l’environnement reproche au maire de l’époque Félix Pélissier de lui avoir accordé en 2008 un permis de construire à moins de 500 m de la chapelle et dans un site classé au titre de la directive « Paysage Alpilles ». Et au maire actuel René Fontès de ne pas avoir retiré l’autorisation lorsqu’elle l’a prévenu de cette erreur. Et aux services de l’Etat, qui ont instruit la demande, de s’être passé de l’avis de l’architecte des Bâtiments de France, pourtant indispensable… Des mauvaises langues ont même pensé que les exploits cyclistes de Michel Drucker (avec l’ami Nicolas Sarkozy, pas avec un obscur provençal à la retraite) y sont pour quelque chose… D’ailleurs, même si la LDA prend bien garde de rappeler qu’elle « ne s’attaque pas à un personnage médiatique mais à un permis de construire contestable », l’ami des grands de ce monde a cependant le tort d’avoir continué tranquillement les travaux, qui sont quasiment achevés…

Permis retoqué par le conseil d’Etat

Paris Match aurait d’autant plus été avisé de poser la question à Michel Drucker, voire aux riverains qui pour certains ont fait les frais de refus de permis pour moins que cela, que le Conseil d’Etat a récemment confirmé une décision du 26 novembre dernier du tribunal administratif de Marseille. « Le juge des référés a pu, sans commettre d’erreur de droit ni dénaturer les pièces du dossier qui lui était soumis, retenir, en l’état de l’instruction, comme de nature à créer un doute sérieux sur la légalité du permis de construire litigieux, le moyen tiré de ce qu’il serait entaché de fraude ». Fraude, le mot n’est pas anodin…

Et maintenant ? La procédure suit son cours sur le fond et notre cycliste ne semble pas disposé à suivre l’exemple de l’ex-secrétaire d’Etat Alain Joyandet, qui a renoncé il y a peu de temps à un permis de construire bidonné pour sa villa varoise qui l’a par ailleurs amené à la démission. Il s’était pourtant sagement rangé au refus de « poser son hélicoptère sur le golf de Servanne », non loin de là, comme l’expliquait Bakchich l’année dernière. Quant à la LDA, elle décidera lors de son conseil d’administration à la rentrée si elle dépose une nouvelle plainte ou non (la première ayant été écartée par le procureur de la République de Tarascon).

« Après le déjeuner – salade, huile d’olive pressée à quelques kilo mètres, jamais d’alcool –, Michel Drucker fait la sieste, obligatoire l’été dans cette région« , nous « révèle » Paris Match. Rêve-t-il de sa prochaine villa ?

Joyandet coulé par le bétonnage, sur Marsactu

Le conseil d’Etat confirme le retrait du permis de construire, dépêche AFP

Une défense en béton pour Michel Drucker, dans Le Point