Protection de l’enfance : mouvement de grève dans les maisons départementales de solidarité

Actualité
le 17 Mai 2023
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Des agents en charge de la protection de l'enfance manifestaient mardi dans l'hôtel du département. Plusieurs équipes sont en grève pour demander davantage d'effectifs pour suivre les enfants en situation de danger.

Les agents ont manifesté dans le hall du département ce mardi. (Photo : DR)
Les agents ont manifesté dans le hall du département ce mardi. (Photo : DR)

Les agents ont manifesté dans le hall du département ce mardi. (Photo : DR)

Les banderoles ont été brandies dans l’espoir d’obtenir une réaction des élus. En vain jusqu’à présent. Les travailleurs de l’aide sociale à l’enfance (ASE) de plusieurs maisons départementales de la solidarité (MDS) ont manifesté ce mardi matin dans le hall du conseil départemental des Bouches-du-Rhône pour dénoncer un manque de personnel critique. Initiée par les agents de la MDS de l’Estaque (16e) et de Pont-de-Vivaux (10e), en grève reconductible depuis vendredi dernier, le mouvement a été rejoint ce mardi par l’équipe de la Belle-de-Mai. Alors que le nombre d’usagers ne cesse d’augmenter, ils estiment qu’aucun recrutement n’a été mis en place pour leur permettre de sortir la tête de l’eau.

Aujourd’hui, on est hors la loi. On ne peut pas respecter les délais légaux. Pour une procédure d'”information préoccupante”, la loi nous donne deux semaines pour recevoir les familles. Aujourd’hui, on est à un mois et demi de délais”, s’insurge Delphine Moretti, élue CGT au département. Les assistantes sociales disent “avoir peur” et ne plus pouvoir protéger les enfants, même en situation alarmante.

Des enfants qui doivent être placés en famille d’accueil ne sont pas pris en charge. La loi Taquet, en 2022, devait améliorer la protection des enfants, avec l’interdiction de séparation des fratries, un suivi plus régulier, un “droit au retour” au foyer pour un majeur qui en est sorti. Mais aujourd’hui, sur le terrain, les agents disent ne constater aucune de ces avancées. Cette crise généralisée touche aussi les associations missionnées par le département dans le domaine de la protection de l’enfance.

“C’est des enfants, pas des dossiers !”

Entre colère et culpabilité, le personnel est à bout : “La loi Taquet est insuffisante. On est obligés de séparer des fratries, on n’y arrive plus. On leur rajoute de la souffrance en plus, alors qu’on doit les protéger“, regrette l’une d’elle, qui veut rester anonyme. Les assistantes sociales qui témoignent auprès de Marsactu partagent leur tristesse, leur fatigue, et leur rage. “On a des enfants nous aussi, c’est d’enfants qu’on parle, c’est pas des dossiers !”, scande une autre.

Marsactu relatait déjà, en 2017, la situation préoccupante des assistantes sociales de la MDS de la Belle de Mai qui, après deux jours de grève, avaient obtenu cinq nouveaux postes. Six ans plus tard, deux des postes sont à pourvoir depuis plusieurs mois, les anciens agents n’ont pas été remplacés. Selon la CGT, la direction des ressources humaines du département affirme connaître des difficultés de recrutement. Ce dont doutent les agents.

On n’est que trois personnes pour 90 actions éducatives à mener en même temps, il faut aller sur place deux fois par semaine pour chacune.

Une assistante sociale de l’Estaque

À la MDS de l’Estaque, qui couvre un territoire parmi les plus grands et les plus précaires du département, assistants sociaux et éducateurs demandent quatre nouveaux postes. “On n’est que trois personnes pour 90 actions éducatives à mener en même temps, il faut aller sur place deux fois par semaine pour chacune”, déclare une assistante sociale. Avant que sa collègue, remontée, n’enchaîne : “On travaille dans l’urgence tous les jours ! Ça n’a pas de sens !”. L’équipe de la prévention sociale au sein de cette MDS pourrait bien, à son tour, rejoindre le mouvement.

À Pont-de-Vivaux, le personnel, en grève depuis le 12 mai, instaure un tour de rôle. Un jour de grève pour les travailleurs de l’aide sociale à l’enfance et un jour pour la prévention sociale. Les premiers réclament un renfort de quatre postes, deux pour le suivi des enfants placés et deux sur le suivi des “informations préoccupantes”. Les seconds comptent cinq postes non pourvus dans leurs effectifs, selon la CGT.

Sans réponse de l’exécutif

Ce mardi, la délégation n’a pas obtenu de rendez-vous auprès de la présidente Martine Vassal ou de l’élue en charge de l’enfance, Agnès Amiel. Les banderoles ornées de poings levés entourant des slogans “protection de l’enfance en danger“, “MDS Estaque, travailleurs sociaux en grève“, remballés sous le bras, les grévistes ont quitté les lieux vers midi.

Sollicité par Marsactu, le conseil départemental n’a pas donné suite. En attendant, les grévistes affirment ne pas vouloir en rester là. “La responsabilité des enfants, c’est celle du département ! Les enfants sont en danger, un jour il va y avoir un drame” soupire Delphine Moretti.

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Commentaires

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  1. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    « Ce mardi, la délégation n’a pas obtenu de rendez-vous auprès de la présidente Martine Vassal ou de l’élue en charge de l’enfance, Agnès Amiel. »
    Ça alors les bras m’en tombent

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  2. Jeanne 13 Jeanne 13

    On ne peut pas continuer à fermer les yeux tout le secteur social est en manque constant de personnel alors qu il y a de plus en plus de précarité et d urgence
    Les travailleurs sociaux sont eux aussi en danger comme les personnels médicaux comment on fait pour travailler tous les jours dans l urgence en se sentant impuissant et épuisé c est de la maltraitance institutionnelle
    Conséquences des choix politiques qui ont été faits par tous les gouvernements depuis Sarkozy d un côté des réductions des postes dans la fonction publique au service de toute la population de l autre les actionnaires toujours plus riches et les fraudes fiscales..CQFD

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