Première soirée sans métro : bus de substitution vides et temps de trajet presque triplé

Reportage
le 24 Oct 2023
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Le métro a fermé ses portes pour la première fois à 22 h 00 ce lundi soir, après un dernier départ à 21 h 30. À cette occasion, Marsactu a testé les bus de substitution mis en place. Pour le moment peu fréquentés, ils vont bien moins vite que les métros : pour aller d'un bout à l'autre de la ligne 2, notre temps de trajet a été triplé.

Première soirée sans métro : bus de substitution vides et temps de trajet presque triplé
Première soirée sans métro : bus de substitution vides et temps de trajet presque triplé

Première soirée sans métro : bus de substitution vides et temps de trajet presque triplé

21 h 30 pétantes, on s’est installé dans le premier bus de substitution à l’arrêt Sainte-Marguerite-Dromel, boulevard de l’Huveaune. Il doit couvrir la ligne 2 du métro marseillais en soirée pendant sa fermeture la semaine, du lundi au jeudi, pour une durée de deux ans à peu près, hors grands événements.

La dernière rame de métro a quitté la station et le bus, lui, aurait déjà dû partir 20 minutes plus tôt, pour permettre un “tuilage”. “Ça commence bien”, ironise un agent de la RTM. On n’en saura pas plus sur la raison de ce retard. Le bus est vide. “Est-ce que les clients savent où est l’arrêt ?”, interroge l’agent. “Normalement oui”, lui répond son collègue. Aux abords de la station, une affiche cartonnée indique bien l’escalier à prendre depuis la station pour rejoindre l’arrêt de bus.

21 h 33, on s’arrête au Rond-point du Prado. Deux premiers passagers, dont un homme les bras chargés de courses, entrent dans le bus. Le bus paraît très grand pour le faible nombre de personnes.

21 h 40, arrivée à Castellane. Un jeune homme entré un peu plus tôt à Périer demande à sortir après l’arrêt, ce que le chauffeur accepte. La descente à la demande est possible, comme dans les autres lignes nocturnes. On aperçoit depuis notre siège une équipe de télévision. De nombreux journalistes sont mobilisés pour cette première soirée, malgré le faible nombre de passagers en réalité présents.

21 h 44, le bus emprunte le cours Lieutaud et, comme annoncé, ne remonte pas vers le cours Julien. Il marque l’arrêt à côté de l’entrée basse du métro. Personne.

21 h 51, gare Saint-Charles. Tout d’un coup, il y a du monde qui veut monter, et la confusion règne. Des agents de la RTM sont postés un peu plus haut, dans la gare, pour diriger les usagers perdus. “C’est pas ici pour aller à Castellane ?”, interrogent les passagers. “Non, c’est de l’autre côté”, doit répondre le chauffeur à plusieurs reprises. Soudain, enfin, un heureux qui ne s’est pas trompé de direction entre dans le bus. Il s’exclame : “C’est ça le métro ?”.

Deux bus de substitution M1, qui remplacement la première ligne de métro, passent à la suite. Mais cela fait déjà 15 minutes qu’un père et son fils attendent à côté de la gare l’autre ligne. “Bonjour, il y a bien des M2 aussi qui passent ici ?”, finissent-ils par s’inquiéter.

21 h 55, aux abords de l’arrêt Jules Guesde, c’est maintenant le chauffeur qui est hésitant. “C’est bien là qu’il faut tourner ?”, questionne-t-il à voix haute. Ce trajet est une grande première pour lui aussi. Mais, à Jules Guesde non plus, personne ne monte. On file ensuite directement vers la Joliette, sans faire l’arrêt à Désirée-Clary, comme annoncé. “On ne pouvait pas desservir Désirée Clary et la Joliette, on a choisi de privilégier la Joliette”, expliquait lors d’une conférence de presse récente le directeur de l’offre et de l’expérience client à la RTM. Des navettes, sous formes de minibus, ont cependant été mises en place. Alors le chauffeur trace sa route.

Une dizaine de minutes plus tard, il s’arrête quelques mètres après la station Bougainville. “L’arrêt est là, il faudrait que tu y entres la prochaine fois”, lui souffle son collègue. Tout le monde semble légèrement perdu à l’intérieur du bus. L’affichage connecté et la voix annonçant les arrêts ne fonctionnent plus très bien au fil du trajet. La localisation en direct saute par intermittence.

22 h 13, le terminus à Gèze se profile, enfin. Il aura fallu 43 minutes de trajet pour parcourir toute la ligne 2. En métro, le trajet se fait en seulement 16 minutes. Les parcours de substitution sont donc, à ce stade, deux à trois fois plus lents que sous terre.

“Au moins, on va regarder le paysage, chose qu’on ne pouvait pas faire dans le métro”, positive un homme emmitouflé dans son blouson devant la gare Saint-Charles sur le chemin retour. Il est venu avec son fils en visite à Marseille et s’est heurté à cette nouvelle problématique de transports marseillais à la descente de son train. “À la gare Saint-Charles, je suis descendu au métro jusqu’aux grilles parce que j’avais oublié que le métro allait fermer”, raconte le père de famille.

Au-delà du temps de trajet, amplement rallongé, ce qui frappe, c’est le très faible nombre de passagers. Est-ce juste l’effet d’un lundi soir de vacances ? Le manque d’information ? Ou les voyageurs se sont-ils rabattus sur le tram ou la voiture ? Tous les bus croisés ont pour point commun d’être très peu remplis. Le service a beau être gratuit, il pourrait mettre du temps à trouver son public.

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Commentaires

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  1. Vieux.Port Vieux.Port

    L’arrivée des voyageurs à Saint-Charles, c’est l’enfer. Taxis et Uber pris d’assaut, 45 minutes d’attente. Les Marseillais peuvent dire merci à Vassal ! Les touristes vont adorer venir ici.

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    • Magnaval Magnaval

      Les taxis et Uber sont pris d’assaut à l’arrivée de chaque train, qu’il y ait un métro ou pas.

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  2. Stéphane BASILLE Stéphane BASILLE

    Vous venez faire une grande découverte : le bus va moins vite que le métro.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Je trouve que c’est une découverte intéressante. Elle met en évidence, s’il en était besoin, l’état de déshérence dans lequel se trouve le réseau de bus : peu de couloirs réservés, pas de priorité aux feux.

      Tout cela est techniquement possible et n’est pas très onéreux. Encore faut-il avoir envie de faire des bus un mode efficace. Ici, il est clair que les autorités s’en foutent complètement : même nos “BHNS” se parent pompeusement d’un sigle qu’ils usurpent, car ils n’ont pas les caractéristiques qui sont celles de vrais BHNS.

      En théorie, le redéploiement du réseau en 2025 doit s’accompagner de travaux de voirie pour créer plus de couloirs et augmenter la vitesse commerciale. En théorie : je serais curieux de voir si les actes suivront.

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  3. Peuchere Peuchere

    Et les travaux du tramway créent des perturbations insupportables pour la circulation et des nuisances insupportables pour les riverains qui se retrouvent au milieu des tranchés.
    Donc, on fait quoi?
    On arrête les chantiers?
    Pour le metro c’est pareil. On sait que nous traversons une période difficile mais pour avoir un mieux pérenne après.
    Mais certains préfèrent ne pas avoir de vision et réagir à l’immédiat.

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    • julijo julijo

      on est tous capable de supporter les nuisances d’un chantier…même si on râle, et ça peut être légitime, c’est parfois nécessaire.
      mais il faudrait que ce soit un chantier qui AMELIORE la situation, hors ce n’est pas souvent le cas en matière de transports ! et là ce n’est pas une “vision”, c’est l’expérience !

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      “pas de vision et réagir à l’immédiat” c’est une belle définition de la politique de Vassal et Pila.

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  4. LN LN

    Vécu aujourd’hui Rpt de l’Obélisque (Mazargues) – métro Joliette. Temps normal 35mns
    Départ 7h20, je chercher un vélo de la Métropole sur 3 stations : pas de vélos . Je me rabats sur le B1 pour rallier le métro rpt du Prado. Pas de bus en vue. Je descends Michelet à pied dans l’espoir de choper un 22 qui arrivera plus tard mais jamais de B1 C’est les vacances. J’arrive au métro, il est 7h 55. La rame est annoncée dans 3mns, la suivante 12mns. La première n’arrivera jamais, du coup temps d’attente 15mns. Elle arrive blindée de voyageurs et on va s’entasser comme ca jusqu’à la Joliette. 8h30, nous sortons plutôt énervés et pressés : escalator en panne ! Bousculades, cris, tensions…
    Arrivée à destination 8h35 avec juste 40mns de retard, en transe
    P… de RTM, p…de Métropole

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      La RTM se vante chaque année, par voie d’affichage publicitaire, d’obtenir un “taux de satisfaction” situé entre 85 % et 90 %. Tout va bien, donc : la faiblesse et l’irrégularité de l’offre, l’inconfort des bus surchargés, les défaillances dans l’information aux usagers, ce sont des détails insignifiants.

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  5. Karo Karo

    Article à refaire dans 15 jours un vendredi soir hors semaine des vacances pour voir si les vis se sont remplis !

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  6. FM84 FM84

    Le tout-voiture a ses limites! La comparaison avec d’autres métropoles est affligeante! Lyon a des vélos utilisables tout le temps (gratuit pour tout trajet de – de 30′), pas de trottinettes ou de vélos anarchiquement laissés, de vraies voies cyclables, 25% seulement des trajets se font dans le centre ville en voiture. On se croirait dans une petite ville de province. J’exagère!
    Y’ a du boulot mais pas les bonnes politiques ni les bonnes personnes malheureusement ici!!Continuons comme ça et on va ensemble dans le mur.

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    • Alceste. Alceste.

      Je voyage beaucoup et cela est exactement ce que je me dis à chaque fois que je reviens ici. Je confirme, cette ville est au fond du trou et nos politiques continuent de creuser avec leurs petites pelles.Precision, votre comparaison à une petite ville de province n’est à mon sens pas très juste,j’aurais dit plutôt à une ville du Tiers-Monde.Et encore Alger a un métro climatisé.

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  7. Christiane HERITIER D'ANDRÉA Christiane HERITIER D'ANDRÉA

    Peu de personnes dans ces bus. Ok. Mais vous êtes vous renseignés sur le nombre de personnes transportées habituellement “gratuitement ” par le métro le soir.
    Sans doute guère plus en semaine. Que quelques travailleurs, hélas pénalisés !

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Il n’y a pas grand monde dans le métro après 21h30 pour une raison très simple : une fois que vous en sortez, il n’y a quasiment aucun bus pour finir le trajet !

      Ce n’est qu’une petite partie de la population marseillaise qui habite dans un rayon de 500 m autour des stations de métro de nos deux petites lignes. Pour le reste, l’intérêt de ce mode est limité, sauf à avoir envie – et être capable – de marcher tard le soir.

      Le jour où nous aurons un vrai réseau de transport en commun de soirée, il est très probable que la fréquentation suivra.

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  8. Alceste. Alceste.

    Sur le plan technique vous avez raison..
    Sur le plan fréquentation, je serais moins affirmatif.
    Caubère au théâtre de l’Oeuvre, rue Mission de France,sortie vers 22 heures.Théâtre vers Canebiere à pied pour prendre le tram, le mot interlope concernant la population à cette heure ci est faible. Remarquez, Caubère suivi d’une séance Zombies, c’est la diversité culturelle.

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