Pour son second mandat, Martine Vassal continue d’endetter le département

Actualité
le 21 Oct 2021
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Pour la première fois depuis sa réélection en juin, Martine Vassal présentait mercredi les orientations budgétaires du département pour 2022. La présidente LR continue de miser sur l'endettement pour financer ses investissements.

La présidente du département a présenté ce mercredi les orientations budgétaires de l
La présidente du département a présenté ce mercredi les orientations budgétaires de l'année à venir. (Photo : BG)

La présidente du département a présenté ce mercredi les orientations budgétaires de l'année à venir. (Photo : BG)

Les têtes ont changé, l’équilibre entre les groupes politiques aussi. Çà et là, certains élus ont changé de bord dans l’hémicycle, renforçant la majorité de Martine Vassal (LR) depuis sa réélection en juin. Et pourtant le débat lui-même n’a changé ni de ton, ni de teneur alors que l’assemblée départementale examine les observations budgétaires pour l’année 2022.

Formellement, il s’agit pour les élus de débattre de la politique départementale pour l’année qui vient à travers les grands équilibres financiers de la collectivité. Comme le dit le nouveau vice-président délégué aux finances, Yves Moraine, il s’agit de “tracer des perspectives”. Et l’orateur se réjouit à ce titre : “Nous pouvons regarder loin et viser haut au service de nos concitoyens.”

L’austérité… des documents budgétaires

Le document qui suscite tant d’emphase a l’austérité grise des documents comptables. Pas question de couleur pour égayer les camemberts ou de jolies photos d’illustrations avec enfants et fleurs pour ce rapport d’orientations budgétaires. Sur le fond, le contenu varie peu. Une fois de plus, le département des Bouches-du-Rhône a massivement recours à la dette pour financer ses investissements.

Le département prévoit d’investir 550 millions d’euros par an jusqu’en 2025. Dont 305 millions seront empruntés.

Noyée dans de longues considérations sur la situation nationale dans le document soumis aux élus, le recours à l’emprunt est toujours le principal moteur de l’investissement, évalué, lui, à 550 millions par an jusqu’en 2025. Sur ce chiffre conséquent, 305 millions vont être empruntés sur les marchés financiers chaque année. “Après une envolée en 2020, sous l’effet du développement du territoire, l’endettement devrait continuer de s’accroître dans les années à venir”, écrit ainsi Martine Vassal dans la délibération. Selon les projections soumises au vote, la dette d’1,6 milliard en 2022 grimperait jusqu’à 2,1 milliards en 2025, soit 1109 euros par habitant.

“C’est une dette maîtrisée et sécurisée, très au deçà des ratios recommandés par Bercy, rassure Yves Moraine. Ainsi la capacité de remboursement de nos 1,6 milliard d’euros s’améliore avec six ans et quatre mois fin 2021 quand le taux recommandé est de dix ans”.

Une dette triplée en deux mandats

Pour le groupe communiste, Audrey Garino s’inquiète de “l’explosion de la dette” – un triplement en deux mandats. Pour elle, cela empêche le département d’investir “à un haut niveau au service du développement du territoire et en particulier en matière de solidarité”. Dans le même temps, elle appelle pourtant la majorité à “dépasser les dogmes de l’austérité pour répondre aux urgences” et donc à augmenter la part des dépenses de fonctionnement et d’investissement en matière de solidarité. “Malgré vos propres prévisions d’aggravation de la précarité sur le territoire l’ensemble des champs de la lutte contre la pauvreté, l’insertion, la protection maternelle infantile, l’aide à l’enfance vont voir leur budget baisser”, fustige l’adjointe marseillaise chargée des politiques de solidarité. Effectivement, cette baisse est notable en 2021, mais principalement à cause d’un grand écart avec l’effort fourni pendant la crise sanitaire et sociale.

Yves Moraine préfère insister sur le développement des investissements, avec quelque 700 millions d’euros prévus en 2022. Sur cette somme, 220 millions seront consacrés aux infrastructures dont 100 millions à la seule mobilité métropolitaine. Un budget équivalent ira dans des subventions aux communes et aux particuliers.

Le retour de l’aide aux communes

Au vu de votre précédent mandat, les habitants des Bouches-du-Rhône ne sont pas tous égaux.

Anthony Krehmeier, président du groupe socialiste

Le président du groupe socialiste et maire des 2/3, Anthony Krehmeier choisit d’enfourcher ce cheval de bataille dans sa réponse à Yves Moraine : “L’aide aux communes est la pierre angulaire de votre politique. Au vu de votre précédent mandat, les habitants des Bouches-du-Rhône ne sont pas tous égaux. Ainsi un village de 507 habitants, Mas-Blanc-des-Alpilles, peut percevoir 3,6 millions d’aides soit 1200 euros par habitant quand un habitant de Fos-sur-Mer n’en perçoit que 129 euros. Il faut baser votre aide sur les données socio-économiques de la commune et pas seulement sur les projets du maire”. Logiquement, il cite en appui de ses dires, l’aide à Marseille qui aurait, du temps de Gaudin, été inégalement répartie entre les quartiers Nord et Sud.

Mais l’exemple fosséen fait doucement rigoler le maire divers gauche de Grans, Yves Vidal, nouveau venu dans les rangs de la majorité Vassal. “La commune de Fos a une taxe d’habitation à zéro depuis des années, constate celui qui est aussi un élu du conseil de territoire d’Istres. Elle fait même un chèque à ses habitants en fin d’année. On ne peut pas comptabiliser l’aide aux communes par tête d’habitant, ça n’a pas de sens.”

Chargé des communes hors métropole, Lucien Limousin, maire divers-droite de Tarascon, en remet une couche : “Le Mas-Blanc-des-Alpilles a un budget de 500 000 euros. Et pourtant elle a besoin d’une école, d’une crèche et d’une maison des associations. Pour cela, elle a besoin du département”. Sur le même banc, le maire LR d’Allauch, Lionel De Cala demande de “l’équité, en prenant en compte la particularité de chaque commune”. Ce qui n’est, selon notre examen détaillé des aides des années passées, pas toujours garanti.

L’ombre de Guérini

Et quand Martine Vassal propose à Yves Moraine de répondre à “nos jeunes collègues”, ce dernier entonne un air facile : “C’est osé de la part d’un élu socialiste marseillais de venir dénoncer le manque d’équité dans l’aide aux communes. Je vous rappelle que quand vos amis dirigeaient cette institution, il n’y a pas eu un euro pour Marseille”. Ou plus exactement 38 millions d’euros dans les trois dernières années de mandat de la gauche au bateau bleu. Même si l’ancien président du conseil départemental, Jean-Noël Guérini, récemment condamné, ne siège plus dans cette assemblée, son spectre continue d’être agité d’un bord à l’autre. “J’étais pas né”, rétorque Anthony Krehmeier. “Vous avez tout de même 18 ans ?”, interroge faussement Yves Moraine. Vérification faite, en 2011, lors de la mise en examen de l’ancien patron du PS local, le maire des 2/3 avait même 24 ans et faisait déjà partie des piliers du Mouvement des jeunes socialistes.

Sur le même air, en guise “d’aparté humoristique”, Martine Vassal rappelle que son institution a investi 58 millions entre 2015 et 2021 dans les écoles marseillaises quand “neuf millions seulement ont été investis entre 2003 et 2015”. Et elle conclut sur la confiance renouvelée lors des élections départementales : “Les électeurs ont bien montré que la gestion du département était la bonne. Nous avons été élus et réélus à une très large majorité alors que les oppositions se réduisaient à peau de chagrin”. Le chemin inverse de la dette du département.

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Commentaires

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  1. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    c’est que ça coute cher de faire un rond-point ! Ces élus de gauche, qui n’ont que le social à la bouche, n’en savent rien…
    En tous cas quelle riche idée que d’avoir confié la vice-porésidence des finances à Moraine. Un vrai expert. Vivement que la CRC se penche sur sur la gestion du département

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  2. Alceste. Alceste.

    Vassal à ruiné Marseille,mais pas toute seule,Moraine était déjà là aussi.Vassal à ruiné la métropole avec la même équipe, elle va finir en apothéose avec le département.
    L’endettement par habitant est bien entendu situé dans le top français.Faites le calcul par habitant de l’endettement de ces trois institutions,cela est édifiant.
    Mediocre un jour, médiocre toujours et ce pitre de Moraine qui se croit dans ces discours a l’assemblée générale de L’ONU.Ce type est pitoyable.

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  3. Dark Vador Dark Vador

    Pitoyable en effet, à l’image de ses collègues et amis, mais ils nous coûtent un pognon de dingue! 😡

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  4. Alceste. Alceste.

    Moraine a un argument fatal, la dette est sécurisée, sécurisée oui ,par la capacité des banques à se faire rembourser par nos impôts,car la garantie c’est nous,et pas eux en l’occurrence Vassal et Moraine.
    Et si cela tourne mal et à cette allure nous y allons tout droit,Plic et Ploc auront la solution miracle, la même que Cristiani, que l’État rachète la dette départementale.
    Pôvre de nous.

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  5. Patafanari Patafanari

    On elit nos représentants légitimes et sur le mur derrière eux, on oublie d’effacer un
    tag provocateur !

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    • Alceste. Alceste.

      Vous êtes qualifié pour la finale de la meilleure vanne de l’année 👍

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  6. petitvelo petitvelo

    Petit problème de mathématique pour CM1. “Le Mas-Blanc-des-Alpilles a un budget de 500 000 euros. Et pourtant elle a besoin d’une école, d’une crèche et d’une maison des associations.” A Marseille avec 850 000 habitants, de combien a t’on besoin de crèches, écoles et maison des associations ?

    solution : 1 700 écoles, 1700 crèches et 1700 maisons des associations :))

    après une rapide revue sur internet, il y à peu près 300 écoles primaires publiques et privées soit 1 pour 2833 habitants, idem pour les crèches

    Pour les associations , on a une seule “cité des associations” , bien moins d’un centre de loisirs par école, …

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      C’est la règle de trois de Moraine. Pendant les municipales il avait déclaré que les marseillais voulaient un emploi (à la métropole, au département ou à la mairie), un logement (du parc HLM de la métropole, du département ou de la mairie) et une place pour leur enfant à l’école (privée bien sûr).

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  7. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Je viens de comprendre, enfin, pourquoi la droite marseillaise a un tel talent de gestionnaire. C’est l’impayable Moraine qui l’explique ici : “Ainsi la capacité de remboursement de nos 1,6 milliard d’euros s’améliore avec six ans et quatre mois fin 2021 quand le taux recommandé est de dix ans”.

    Monsieur Moraine se trompe juste sur un léger détail : dix ans, ce n’est pas “le taux recommandé”, mais le *plafond* recommandé. Un seul mot change, et tout est changé. Et on comprend mieux pourquoi ces gens-là coulent les finances de toutes les collectivités qu’ils “gèrent” (tout en prêchant à Paris pour la rigueur budgétaire). C’est peut-être difficile d’être avocat et de comprendre quelque chose aux chiffres.

    Quant à l’exemple si judicieusement choisi du Mas-Blanc-des-Alpilles, dont les 520 habitants auraient besoin de tas de choses pour eux tout seuls (et pourquoi pas un stade de 15 000 places pendant qu’on y est ?), je n’en tire pas la même conclusion que Monsieur Limousin : si ce village “a besoin du département” chaque fois qu’il doit remplacer un lampadaire, c’est qu’il n’est pas viable financièrement. Il faut en tirer les conséquences et réformer la carte des communes pour parvenir à des collectivités réellement autonomes : le département ne peut pas accueillir toute la misère communale.

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    • Félix WEYGAND Félix WEYGAND

      Soyons sérieux ! les misérables habitants de la campagne aixoise, surtout à Mas Blanc des Alpilles où la moindre masure coûte plusieurs centaines de milliers d’€ méritent que la solidarité départementale s’exerce à leur bénéfice : vous ne voudriez pas qu’en plus de vivre dans la grande ruralité ils paient de leur poche l’aménagement des espaces publics !

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  8. Alceste. Alceste.

    Vous avez raison Félix , c’est la grande ruralité , à tel point que quand vous faites Google Maps version satellite, on constate avec éffarement un nombre de points d’eau important. La crainte de la sécheresse sans doute;Du bleu partout !
    Ah zut , tous ces points ce sont des piscines.
    C’est sûr il faut être solidaire.

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    • Félix WEYGAND Félix WEYGAND

      C’est bien ce que disais, il est temps que le Département s’endette pour leur payer une piscine municipale !

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