Pour les régionales, les écolos naviguent entre deux visions internes et division à gauche

Actualité
le 21 Jan 2021
14

Alors que les appels à l'union pour les régionales fleurissent à gauche, les écologistes ont choisi de se lancer dans une démarche autonome. Un vote a décidé que les négociations se feraient d'abord avec les autres formations écologistes avant d'éventuellement discuter avec la gauche.

EELV a décidé, comme lors des municipales à Marseille, de démarrer la campagne sans les autres partis de gauche. (Photo LC)
EELV a décidé, comme lors des municipales à Marseille, de démarrer la campagne sans les autres partis de gauche. (Photo LC)

EELV a décidé, comme lors des municipales à Marseille, de démarrer la campagne sans les autres partis de gauche. (Photo LC)

L'enjeu

En actant sa stratégie de rassemblement pour les régionales d'abord vers les écologistes avant la gauche, EELV inquiète ses partenaires de gauche.

Le contexte

Plusieurs appels à l'union de la gauche et des écologistes, associant les citoyens, se font jour. Vendredi, 250 personnalités de tous horizons, dont des membres d'EELV, rendront le leur public.

Dans la perspective des élections régionales de juin, écologistes et forces de gauche sont au moins d’accord sur un point : éviter le fiasco de 2015. Face à la menace d’une victoire du FN de Marion Maréchal-Le Pen au second tour, la liste du PS Christophe Castaner avait dû se retirer. Depuis, seuls LR et le RN siègent dans l’hémicycle régional présidé par Renaud Muselier. Mais si le constat commun existe, les stratégies divergent. Ainsi, les adhérents régionaux d’Europe écologie-Les Verts ont voté pour un rassemblement …. avec les autres partis écologistes. Avant d’envisager des discussions à gauche dans un second temps. La motion présentée par l’ancien conseiller régional Jean-Yves Petit et la militante Isabelle Urban adoptée ce lundi soir par 235 voix (contre 220 pour celle favorable à un rassemblement immédiat à gauche) précise : “au premier tour il s’agit, de rassembler le pôle écolo sur un texte socle de nos objectifs”, puis “d’ouvrir des discussions sur la base de ce texte aux partenaires potentiels susceptibles d’être écolo-compatibles”.

Dans ce scénario, ce “pôle écologiste” est composé de six formations : EELV, l’Alliance écologiste indépendante, Génération écologie, Cap 21, Génération.s et le Mouvement des progressistes. Tous assurent être prêts à négocier une alliance plus large après s’être mis d’accord sur une base programmatique commune.

Inquiétude à gauche

Dans les autres composantes de la gauche régionale, le choix des militants EELV sème le trouble. PS et PCF se disent favorables à un large rassemblement. “Ne reproduisons pas les erreurs de 2015 qui ont fait disparaitre la gauche de l’hémicycle régional. Portons un projet d’espoir, co-construit avec le plus grand nombre pour gagner en 2021 et changer la trajectoire de notre région”, réagissent les différents secrétaires départementaux du PS dans un communiqué. “Les communistes ne se résoudront jamais à la désunion et continueront avec toutes celles et ceux qui le souhaitent, y compris les écologistes qui le désirent, à construire le nécessaire rassemblement à partir d’un projet de progrès social, de transition écologique et d’avancée démocratique”, affirment leurs homologues du PCF.

“On ne peut que regretter cette décision”, abonde Anissa Slimi-Demailly, porte-parole de la France Insoumise pour les régionales. Cette dernière plaide “pour un rassemblement de la gauche sociale et écologique qui sorte des logiques d’appareil”. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon affiche sa volonté d’union à travers son propre appel intitulé “Paca populaire”, mais ne donne pour le moment pas de précision sur le périmètre d’une telle union. Petit parti habitué à naviguer entre ces différentes composantes, GRS Paca (Gauche républicaine et socialiste) a aussi regretté la décision d’EELV par un communiqué alors qu’une “alternative (…) sociale et écologique” est en cours de création. “Elle est en chantier depuis plusieurs semaines entre partis, citoyens engagés et militants syndicaux et associatifs”, expliquent les militants locaux du parti de Marie-Noëlle Lienemann. Les cadres du Printemps marseillais, quant à eux, suivent les discussions de près mais se gardent bien de prendre des positions arrêtées pour le moment.

Deux visions internes

“[Ces discussions] ne changent strictement rien à part faire perdre un peu de temps”

Olivier Dubuquoy

Au sein d’EELV, on tente de minimiser l’impact de la décision prise lundi. Olivier Dubuquoy, désigné chef de file à l’automne, se retrouve en position inconfortable, puisqu’il doit faire avec une stratégie à laquelle il s’est opposé. L’universitaire, documentariste et activiste notamment contre les boues rouges de Gardanne défendait la ligne de l’union, pour un rassemblement “des forces écologistes, sociales et les citoyen·nes engagé·es pour donner un avenir solidaire, démocratique et écologique aux habitant·es” appuyé par les partis. Pour Olivier Dubuquoy, les discussions entre formations écologistes “ne changent strictement rien à part faire perdre un peu de temps”. “Je vais continuer à construire la dynamique citoyenne”, assure-t-il.

Du côté des défenseurs de la ligne autonome, Jean-Yves Petit tient à rassurer les partenaires à gauche. “L’objectif n’est pas de dire on part tout seul. Ce que l’on ne veut pas c’est qu’une partie du mouvement écologiste se retrouve sur le bord de la route”, considère-t-il, estimant que “l’écologie politique doit être le moteur dès le premier tour dans l’ouverture aux autres partenaires de gauche”, comme le PS. “La motion adoptée est devenue quasiment la même que la notre”, relativise Olivier Dubuquoy. Le choix stratégique d’un “pôle écologique” n’était pas non plus soutenu par Génération.s. “Notre position est d’œuvrer à un rassemblement de gauche écologiste et citoyen dès le premier tour”, résume Julien Soret qui mène les négociations au nom du parti fondé par Benoit Hamon.

Tensions au sein d’EELV

Au sein même d’Europe écologie-Les Verts les désaccords persistent. Et le scénario rappelle celui de la campagne des municipales à Marseille lors de laquelle Michèle Rubirola et d’autres avaient rejoint le Printemps marseillais dès le premier tour, tandis que le parti avait fait le choix du rassemblement écologiste Debout Marseille ! mené par Sébastien Barles.

Ce vendredi, un appel signé par 250 personnalités, animatrices du mouvement social, membres d’associations et militantes politiques, sera rendu public. Face à la droite et à l’extrême-droite, “il est de notre responsabilité d’être rassemblé.e.s autour d’un mouvement large, inclusif et porteur d’espoir. Nous appelons tou·te·s les citoyen·ne·s et les organisations écologistes, sociales, régionalistes et de gauche à faire vivre cet appel et prendre part au mouvement”, proclament-t-ils. Plusieurs militants d’EELV y émargent dont Olivier Dubuquoy et Sébastien Barles. “Il faut une seule liste et Olivier a une force sociale, citoyenne et écologiste qui draine plein de collectifs qui étaient éloignés de l’échéance électorale”, défend l’adjoint à la transition écologique de Marseille qui milite cette fois-ci pour une stratégie d’union.

“Les adhérents d’EELV ont clairement voté pour un pôle indépendant”

Un militant

Cette prise de position d’Olivier Dubuquoy fait grincer dans le parti. Son pédigrée d’activiste ne plait pas à tout le monde. Ainsi une élue EELV regrette son profil “trop khmer vert”, quand un militant s’agace : “son comportement est scandaleux. Les adhérents d’EELV ont clairement voté pour un pôle indépendant et lui il s’approprie une victoire alors que clairement il a perdu”. “En tant que chef de file, Olivier doit rassembler les signataires des deux motions et mener à bien la stratégie qui a été décidée. À condition qu’il accepte de rentrer dans le costume”, prévient Hervé Menchon, adjoint à la mer et au littoral de Marseille.

Pour l’heure la légitimité d’Olivier Dubuquoy comme chef de file et candidat à la tête de liste régionale porté par EELV n’est pas remise en cause. Mais déjà une rupture est envisagée. La revendication de la tête de liste par le centriste niçois Jean-Marc Governatori, co-secrétaire national de l’Alliance écologiste indépendante est une autre source de tiraillement. “Mon pronostic est simple, tôt ou tard il y aura une liste Governatori”, projette Olivier Dubuquoy. “S’il faut suivre Olivier pour un rassemblement à gauche, alors je suivrai Olivier, affirme la co-secrétaire régionale et co-cheffe de file Brigitte Apothéloz. Je serai suspendue du parti, c’est pas grave.” Comme un air de déjà vu.

Multitude d’appels à l’union

Les textes d’appel au rassemblement à gauche associant les citoyens se multiplient. En plus de celui des 250 de tous horizons associatifs et politiques qui sera publié ce vendredi, un “appel des 100 citoyens” a été lancé début janvier pour “un Mouvement régional d’initiative citoyenne”. L’initiative est notamment portée par l’élu d’opposition Marc Pena issu de la liste de gauche Aix en partage et par Aldo Bianchi de l’association Marseille et moi qui a contribué à l’émergence du Printemps Marseillais. La France Insoumise est quant à elle à l’origine depuis octobre de son propre appel baptisé PACA populaire.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. vékiya vékiya

    Qu’ils fassent leur tambouille comme ils le souhaitent, mais ils ont tendance à oublier qu’à la fin c’est l’électeur qui a le dernier mot. Et priori leur électorat préfère l’union dès le début. L’eelv va encore se ramasser…

    Signaler
    • Alceste. Alceste.

      “Les feuilles mortes se ramassent à la pelle”,vous connaissez la suite de la chanson

      Signaler
  2. julijo julijo

    les élections précédentes ne représentent rien pour ces écolos réunis peut être, mais obstinés et énervés mais surtout de moins en moins crédibles.
    ils ne tiennent compte ni de l’expérience ni des revers (gifles) déjà reçus.
    Peut être y-a-t-il un concours ? genre : qui à la plus g….

    Signaler
  3. BRASILIA8 BRASILIA8

    les écologistes se posent, depuis l’origine, la question de leur appartement ou non à la gauche en créant EELV Cohn-Bendit avait tranché ni de droite ni de gauche
    apparemment le débat n’est pas clos d’où la présence d’écolo macron compatible, de pro nucléaire etc….
    pour les Régionales ils veulent refaire comme aux municipales y aller seuls et négocier au second tours avec la liste qui leur promet le plus
    ils sont comme les plantes épiphytes ils leur faut un support mais eux ne sont pas difficiles sur le choix du support

    Signaler
  4. Jean-François Jean-François

    Ce n’est pas vrai partout, mais en PACA, depuis longtemps, EELV, et auparavant les Verts, ne sont qu’accessoirement attachés à la question sociale. La gauche n’est pour eux qu’un marche pied … vers le pouvoir ! car il y en aussi de nombreux dont “les dents raient le parquet”.

    Signaler
  5. BRASILIA8 BRASILIA8

    comment s’y retrouver entre les écolos “croissance verte” les “décroissants” et autres tendances contradictoires
    EELV se sent pousser des ailes à chaque élections en oubliant qu’une part des voix est un vote contre ex Mme Vassal à Marseille mais pas un vote pour EELV

    Signaler
  6. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Il faudra un jour que les écologistes clarifient leur ligne : l’écologie “ni de droite, ni de gauche”, ça n’existe pas, car une politique écologiste, c’est aussi une politique économique et sociale qui suppose des choix. Sur tous les sujets, ils cultivent les ambiguïtés et le flou, avec parfois la petite dose d’obscurantisme qui va bien quand une de leurs élues européennes passe son temps à semer le doute sur les vaccins.

    La démarche proposée pour les régionales par une (faible) majorité d’EELV ne contribue pas à cette clarification, bien au contraire : privilégier l’alliance avec des groupuscules quasi inconnus ne fait pas une ligne. D’autant plus que, parmi eux, on trouve “l’Alliance écologiste indépendante” dont l’orientation politique est si “ni de droite, ni de gauche” qu’en 2015 elle s’est jetée dans les bras accueillants d’Estrosi – moyennant, cela va de soi, des promesses sonnantes et trébuchantes.

    Signaler
    • Alceste. Alceste.

      Écologie comme base de la politique économique et sociale ?.
      Que la droite ou la gauche soient écologistes serait plus pertinent,cela est faisable et beaucoup plus réaliste. Nous avons déjà des religieux qui veulent gérer nos vies, si en plus vous rajoutez les écologistes, non merci.
      L’écologie n’est pas de la politique, c’est une une forme intelligente du vivre-ensemble, une forme de respect mutuel, et nul n’est besoin pour être écologiste de supporter ces pitres qui sont à l’affût de postes. Écologie et jours de carence, écologie et tickets repas, pourquoi pas ?.
      Que nous ayons tous en commun le soucis de ne pas bousiller la planète ,ceci est plus important et intelligent que d’écouter ces gens à usage unique

      Signaler
    • julijo julijo

      Mais bien évidemment que : “une politique écologiste, c’est aussi une politique économique et sociale qui suppose des choix”
      dire que cela peut être ni de droite ni de gauche est un raccourci pour le moins péremptoire. Il suffit de noter aujourd’hui les choix faits par notre gouvernement en marche, il s’agit de choix économiques et idéologiques tournant autour d’un même thème : pas touche à mon monde libéral !
      et à part chez les bisounours, difficile de concilier.
      pour ce qui concerne la politique sociale, dans leur quotidien, les citoyens peuvent envisager plein de choses pour économiser, l’énergie, l’eau,…. encore faut-il avoir quelques moyens financiers (les aides de l’état annoncées ne couvrent que rarement les frais à engager). il s’agit donc bien de choix politiques.

      Signaler
  7. Minh Derien Minh Derien

    Bon ! Les verts conduisent la liste. OK.
    Donc, ils prennent la présidence de la Région, dans un premier temps.
    Et la permutation entre président(e) verte et vice-président(e) de gauche, ça intervient quand ?
    J’ai bien retenu la leçon ?

    Signaler
  8. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Ayant participé à la candidature de René Dumont, j’ai évolué avec les Verts. Du temps d’Antoine Weachter la majorité était plutôt centre droit et l’indépendance ou l’autonomie (à voir?) était de mise aux régionales ou aux municipales.
    Puis la majorité du mouvement national et européen fut centre gauche avec Voynet et Yves Cochet. L’évolution des Verts se fit avec Cohn-Bendit sur la base européenne où le trublion de 68 se fit macron-compatible quelques 40 ans plus tard (la vieillesse est un naufrage pour certains…!). Actuellement le mouvement est pris entre les tendances libérales (donc de droite ???) et celles de Gauche.
    J’ai voté pour la liste PM aux municipales et je pense qu’en dehors des appareils, des partis, des petits chapeaux et autre chapelles, chacun doit se faire une politique idéale en apprenant qu’à chaque instants le réel des événements doit être à négocier avec l’électeur. La nécessité d’une gestion ”participative” m’est indispensable autant pour ”cadrer” nos représentants-élus que pour hisser le niveau de conscience des électeurs-habitants-imposés-citoyens.
    Les abstentions nous montrent qu’un déficit de participation est comptable d’élections illégitimes où chacun se retrouve seul comme l’idéologie libérale l’impose.

    Signaler
  9. Zumbi Zumbi

    Au sujet classique du bac philo “Y a-t-il des leçons de l’Histoire?”, on peut répondre “Ben, non, regardez EELV”. Pourtant, même certains Verts marseillais qui se voyaient califes à la place du calife se sont calmés…
    En attendant, Muselier se marre, ses seuls adversaires crédibles sont dans son propre parti.

    Signaler
    • Mistral Mistral

      Au contraire ils ont bien appris de l’histoire récente, ils ont craché sur le Printemps marseillais pendant des mois et au final ils sont aujourd’hui adjoints au Maire de Marseille, et demain ils veulent faire une liste “écolo” ni de gauche ni de droite pour pouvoir négocier avec la gauche ou avec la droite pour obtenir de bons postes à la Région.

      Ce sont ces politicards là qui font grimper les taux d’abstention, et c’est ça qui est scandaleux, et au niveau scandale j’aimerais bien aussi que Monsieur Menchon nous parle des nombreuses adhésions récentes à EELV… l’entrisme on connait bien chez EELV !

      Signaler
  10. corsaire vert corsaire vert

    J’ai toujours eu une curiosité amusée pour ces partis ou mouvements qui passent leur temps à se saborder !!!

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire