Pour le nouveau préfet, l’égalité des chances c’est beaucoup de prévention de la délinquance

Actualité
le 1 Sep 2023
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La région PACA accueille un nouveau préfet délégué, Michaël Sibilleau. Chargé de travailler à la cohésion sociale, son CV et son discours indiquent un fort penchant pour les questions de sécurité.

Michaël Sibilleau (à gauche), nouveau préfet délégué à l
Michaël Sibilleau (à gauche), nouveau préfet délégué à l'égalité des chances, au côté du préfet de région Christophe Mirmand. (Photo : JML)

Michaël Sibilleau (à gauche), nouveau préfet délégué à l'égalité des chances, au côté du préfet de région Christophe Mirmand. (Photo : JML)

Le rendez-vous fait figure de rituel. À chaque valse de préfet, la presse est invitée à découvrir le visage qui se cache derrière le nom annoncé quelques semaines plus tôt dans le compte-rendu du conseil des ministres. Le nouveau venu peut, lui, jauger les forces médiatiques en présence. Nouveau préfet délégué pour l’égalité des chances pour la région et le département, Michaël Sibilleau a la lourde tâche de succéder à l’affable Laurent Carrié, promu préfet du Gers.

Depuis les émeutes de 2005, l’État a créé ce poste préfectoral dédié dans douze départements urbains, pour “promouvoir la cohésion sociale, lutter contre les discriminations et favoriser l’intégration des populations immigrées”. À ce titre, le préfet supervise les enjeux liés à l’emploi, l’éducation, le logement, la rénovation urbaine, la citoyenneté. Un portefeuille complexe qui était, depuis deux ans largement masqué derrière l’autre fonction de son prédécesseur : chargé du suivi du plan Marseille en grand du président de la République. La fonction est désormais “remontée au niveau politique”, note le préfet de région Christophe Mirmand puisque la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache, nommée lors du remaniement gouvernemental estival, en est explicitement chargée.

Reste donc cette quête de l’égalité des chances. Mais dans la bouche de Michaël Sibilleau, celle-ci se résume beaucoup à “la prévention de la délinquance”. Les émeutes ? “Cela rappelle qu’il faut être très vigilants, qu’il faut faire beaucoup de terrain, cela rejoint la prévention de la délinquance.” Les centres sociaux qui demandent davantage de moyens ? “Il faut poursuivre la dynamique” qui passe notamment par “des fonds d’État pour la prévention de la délinquance”.

Gendarmerie et sécurisation des logements sociaux

Cette marotte colle avec le profil de ce fonctionnaire, formé aux questions de finances publiques, dont les expériences, qui ne se limitent pas à la préfectorale, décrivent un “spécialiste des questions de défense et de sécurité”. Celui-ci a travaillé au sein de la gendarmerie et au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. Et il vient de finir une expérience de trois ans dans le privé à la direction générale du groupement parisien inter-bailleurs de surveillance, une réunion de bailleurs sociaux qui emploie des agents de sécurité pour assurer la sécurité des immeubles.

J’ai fait beaucoup de social dans les différentes fonctions que j’ai occupées.

Ce profil s’éloigne de celui d’anciens titulaires des dix dernières années comme Yves Rousset, ex éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse, de Laurent Carrié, issu des collectivités locales, de Marie Aubert, au parcours classique dans la préfectorale, ou encore de Marie-Emmanuelle Assidon, très politique. Seule Marie Lajus a, par le passé, exercé cette fonction après une expérience dans la police.

Le nouveau préfet serait-il un préfet de police bis ? La question lui arrache un léger sourire mais interroge parmi ses interlocuteurs. “Il faut qu’il comprenne que si je dois parler sécurité, c’est avec la préfète de police que je le ferai”, glisse un élu de haut rang. “J’ai fait beaucoup de social dans les différentes fonctions que j’ai occupées, notamment au groupement”, riposte Michaël Sibilleau. Il assure que son mantra est simple : “Permettre aux gens de vivre bien et ensemble, d’avoir des logements qui sont propres et adaptés, avec des services de proximité”. Pour y parvenir, il devra entre autres choses superviser les différents grands projets de rénovation urbaine. Bien au-delà des seules questions de sécurité.

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Commentaires

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  1. Richard Mouren Richard Mouren

    Au moins les choses sont claires. Faire beaucoup de social avec un gros bâton. L’emploi, l’éducation, le logement, la rénovation urbaine, la citoyenneté ne sont pas des problèmes: un gros bâton vous dis-je!

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  2. julijo julijo

    cv impressionnant !
    sa feuille de route : prévention de la délinquance, sa fonction c’est : maton

    roubache sur “marseille en grande” et le petit nouveau sur la “cohésion sociale”, ça va donner !

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  3. kukulkan kukulkan

    quel système politique merdique nous avons… Tous ces organismes ne sont que de la com’ et des outils répressifs… Vivement le remplacement du Sénat par une assemblée citoyenne tirée au sort, seule vraie mode démocratique de représentation !

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    • Pascal L Pascal L

      +1

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    • Mathilde C. Mathilde C.

      Au risque que le niveau des débats soit similaire à celui autour des ronds points des gilets jaunes.

      J’ai surtout pas envie d’être dirigé par vous.

      Aucun pays fonctionne au tirage au sort, n’importe quoi.
      Les grandes démocraties votent, élisent.

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    • ALAIN B ALAIN B

      Il y a eu une expérience positive sur un tirage au sort sur les problèmes de l’environnement, mais malheureusement Macron et son gouvernement n’ont pas suivi les recommandations de cette assemblée de citoyens, le tirage au sort demande en plus une réelle démocratie dans ses structures ce qui n’est pas le cas actuellement

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  4. pbatteau pbatteau

    Il faut lui reconnaitre qu’il annonce la couleur avec franchise. Sa trajectoire récente n’autorise pas de doute sur sa spécialité : l’ordre !. l’ordre est certainement une condition nécessaire pour une action sociale sereine mais on verra si elle n’est que suffisante à ses yeux. Accordons lui les 100 ou 200 jours de rigueur pour voir ce qu’il va enclencher. .
    On a parfois des surprises comme avec ce pape qui va nous rendre visite et donc les positions conservatrices sur la doctrine n’apaisent pas les craintes des catholiques de droite et des radicaux qui le tiennent pour un dangereux gauchiste par ses orientations sociales..

    Comme chantait Brel :

    Il est paraît-il des terres brûlées
    Donnant plus de blé qu’un meilleur avril..

    Wait and see donc !

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    • Andre Andre

      Enfin un commentaire sensé! Merci

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    • Moaàa Moaàa

      Sérieux vous y croyez?? Le plan marseille en grand a servi surtout les riches et les grosses associations. Aucun résultat depuis des décennies et la situation va aller en s’aggravant

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  5. Andre Andre

    Qu’on arrête un peu de répondre ” répression, matons et coups de triques” dès que quelqu’un parle de sécurité. Il est clair que certains commentaires sont écrits par ceux là mêmes qui ne subissent pas toute la journée des “chouf ” poussant des cris d’animaux sous leurs fenêtres et doivent cohabiter avec des dealers qui contrôlent les entrées-sorties de la cité. Qu’ils aillent donc faire un tour à La Castellane, 15me arrondissement. La coquetterie intellectuelle des “bien pensants” devient exaspérante. Dans certains quartiers, on ne fera rien, on ne favorisera aucun projet éducatif , aucune cohésion sociale ni intégration tout autant qu’on n’aura pas éradiqué les réseaux de drogue. Alors oui, assurer la sécurité des citoyens est un des premiers devoirs de l’État et laissons à ce Préfet le temps de faire ses preuves .

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Sauf que ce fonctionnaire est un préfet délégué à l’égalité des chances et que pour la prévention et la répression de la délinquance, nous avons un préfet dit de police. Comme l’écrit Marsactu, serait-il un second préfet de police?

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    • Andre Andre

      On peut espérer que ces deux hauts fonctionnaires se coordonnent tout en travaillant chacun dans son domaine. Je ne pense pas que, pour un préfet à l’égalité des chances, ce soit un pêché d’être sensibilisé aux problèmes de sécurité dans des contextes où les gangs font la loi . Sans un minimum d’ordre républicain et de sécurité, aucune chance de s’en sortir. Alors, avant d’invoquer je ne sais quelle répression, laissons ce monsieur faire ses preuves. N’oublions jamais que dans beaucoup de cités, la dictature est celle des trafiquants (cf l’enquête de Marsactu).

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