Pour aller aux plages de Corbières, le trajet en bus se termine à pieds

Actualité
le 10 Juin 2020
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Depuis le 2 juin, les Marseillais ont de nouveau le droit d'accéder aux plages de la ville. Pourtant certains arrêts, notamment aux plages de Corbières, ne sont plus desservis par les bus de la RTM. En cause, des aménagements nécessaires pour le respect de la distanciation qui ne peuvent être réalisés sur place. Les usagers n'ont pas tardé à réagir.

La plage de Corbière à proximité de l
La plage de Corbière à proximité de l'Estaque. (Image CG)

La plage de Corbière à proximité de l'Estaque. (Image CG)

À l’arrêt Estaque-Riaux, une quinzaine de jeunes doit descendre du 35. En famille, cinq enfants accompagnés par leur mère quittent le bus à leur tour. Les plages de Corbières sont pourtant à encore plus d’un kilomètre. Mais depuis le 2 juin, date de la réouverture des plages à Marseille, le 35 ne dessert plus les deux derniers arrêts – plage de Corbières et Corbières-base nautique – où les habitants des quartiers nord se pressent tout l’été pour piquer une tête.

Une situation qui n’est pas inédite hors de la saison estivale. La cadette de notre famille de plagistes, moins timide que ses frères et sœurs, ne semble même pas surprise. “C’est normal, le 35 ne monte [jusqu’à la plage] que l’été, en attendant, on doit monter à pieds”. Sauf que la liaison complète est d’ordinaire rétablie fin mai ou début juin. Cette fois-ci, le kilomètre à pied pourrait durer tout l’été. Sur son site, la RTM indique qu’en raison des “mesures Covid-19” cette situation perdurera “jusqu’au 31 août inclus”.

En cause, la chaussée et les trottoirs trop étroits de Corbières, explique Pierre Durand, directeur général adjoint en charge de l’exploitation à la RTM : “Depuis quelques années, nous sécurisons l’accueil des usagers au niveau des plages avec un dispositif et un personnel dédié. Cette année, avec le Covid-19, nous devons en plus sécuriser le paiement, vérifier le respect du port du masque et de la distanciation sociale”

20 à 30 mètres de barrières à installer

Concrètement, la RTM souhaite pouvoir contrôler les usagers à la montée et filtrer les entrées pour éviter la surcharge des bus. Un dispositif nécessitant 20 à 30 mètres de barrières devant les arrêts des plages, permettant d’organiser le flux d’usagers et faire respecter les mesure de distanciation. “Devant les plages de Corbières, le barriérage n’est pas possible”, confirme Claude Grosset, élu CGT de la régie des transports.

Une décision qui n’a pas tardé à faire réagir les habitants du quartier. “Pour l’arrêt Corbières-base nautique, il y a un espace incroyable, il suffit de protéger cet espace en empêchant le stationnement qui est d’ailleurs interdit. Au terminus, il y a encore plus de place”, s’insurge Dominique Zussy, présidente (par interim) de la fédération CIQ du 16e arrondissement. “Nous proposons un service public et la fréquentation est importante dans ce bus. On va devoir laisser les familles terminer le trajet à pieds en plein été”, se désole de son côté Claude Grosset.

Au Prado et aux Catalans, une offre également réduite

Comme sur le Vieux-Port, un barriégage va être installé à l’arrêt Estaque-Riaux pour assurer la distanciation sociale à la montée dans le bus. Photo Clément Gahéry.

Dans le sud de la ville, l’aménagement de ces “barriérages” a été possible aux arrêts habituels. Toutes les plages sont donc desservies, néanmoins certains arrêts sont sautés, sur les lignes 19 et 83, qui permettent d’accéder aux plages du Prado, et 82 et 82S pour celle des Catalans. L’objectif est ici de limiter la fréquentation de ces bus. “La régulation à la montée n’est pas possible à chaque arrêt et sur ces portions nous avons un public jeune, qui peut faire ces courts trajets à pieds”, explique Pierre Durand. La RTM tente donc d’éviter la surcharge des bus, avec les moyens à disposition, renforcés pendant l’été sur ces lignes. “Nous avons déjà des renforts de bus et une centaine d’agents mobilisés pour ce dispositif d’accueil”, justifie le directeur adjoint de la RTM.

Ce sont des choix contraints et forcés pour la rtm.

Pierre Durand, directeur général adjoint de la RTM

Pour l’instant, les usagers de ces lignes n’ont pas montré publiquement de signes de mécontentement. Au nord, dans le 16e, les CIQ ont craint des dérives des usagers. “Quand les familles s’aperçoivent que le bus ne va pas plus loin, ils restent au niveau de l’arrêt Estaque-Riaux et se baignent dans un environnement dangereux. Ils piquent-niquent également alors qu’il n’y a pas de poubelles pour jeter les déchets”, témoigne Dominique Zussy. Une crainte qui ne se confirme pas ce samedi, personne n’investit les rochers de l’entrée du port. En plein soleil, les passagers du 35 s’engagent sur le trottoir étroit menant aux plages et longeant une route à la circulation dense.

“Ce sont des choix contraints et forcés pour la RTM. Nous sommes conscients que c’est compliqué pour les familles”, admet Pierre Durand. Avec le second tour des élections municipales en ligne de mire, Samia Ghali (ex maire divers gauche du secteur), a partagé les inquiétudes des usagers à la RTM. Tandis que le candidat du Printemps Marseillais Jean-Marc Coppola dénonce, lui aussi, la suppression de “la desserte de ces plages”. Une mobilisation naissante qui pourrait forcer la RTM à réexaminer la question. “Nous réfléchissons à des aménagements différents pour résoudre ces problèmes”, avance Pierre Durand. En attendant, le long de la route, le défilé des jeunes en quête de fraîcheur se poursuit.

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Encore une fois, priorité donner à la bagnole.
    Et il faut voir la bêtise de la RTM : au Prado, certains arrêts condamnés ne servent qu’à la descente (et donc à délester les bus). A part à faire du zèle et à emm*rder les gens, on se demande à quoi tout cela sert.

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  2. LN LN

    Et ensuite, en sueur, ils vont se jetter à l’eau, jouer au ballon, deconner ensemble, s’agglutiner sur la plage comme tous les jeunes sur toutes les plages chaque été. Normal.
    A la Pointe Rouge, le sens de circulation a disparu et les familles profitent de la plage.
    Ça devient vraiment n’importe quoi ces mesures sanitaires puisque ça ne suit plus derrière.
    Sinon côté sud, il revient le bus privé de la RTM le fameux MDM où il dégage aussi avec le Covid ?

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  3. Happy Happy

    La Rtm a pourtant un savoir-faire reconnu en matière de distanciation sociale ! Cf le bus secret de la madrague réservé au CIQ de la pointe rouge !! Mauvaise blague à part, il faut reconnaître que ces règles ne peuvent qu aggraver des situations déjà limites en temps dit normal.

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  4. leravidemilo leravidemilo

    Donc, au sud : “Toutes les plages sont desservies”. Et pour Corbières, le nord quoi : Le tarif c’est 1 km à pieds, avec les enfants en bas âge, et tout le barda, et dans des conditions de sécurité totalement déficientes concernant la largeur des passages et des “trottoirs” (s’il est permis d’appeler ainsi la chose). Et puis après, re belotte, et dans les mêmes conditions….(Combien de morts ont il prévus?)
    Et tout cela pour des raisons qui ne tiennent pas la route, c’est le cas de le dire : Comme l’indique un intervenant, il y a toute la place nécessaire à l’arrêt base nautique, et plus que la place nécéssaire au terminus, en enlevant un des parking, et ce pour un accès quasi aussi direct à la plage.
    Les usagers outre de se payer l’aller retour, comprendrons tous qu’on les prends pour des tarés s’ils acceptent ça!
    C’est vrai qu’au terminus, ça ferait agglutiner les foules dans l’étroit passage laissé au public, après la pose illégale de grilles métalliques sur le domaine public, et ça soulignerait fortement ce problème, que la ville doit souhaiter pousser sur le tapis; et donc le mieux serait de supprimer la plage et le public, et ces marseillais là, afin que les potes happy few de l’autre muffle d’ex de l’OM et copain de la bande à Gaudin, puisse s’ébattrent en toute liberté et accéder au fortin (ex musée) qu’ils se sont appropriés pour un poignée de cacahuètes, et en voiture s’il vous plaît… (voir article Marsactu)
    J’ai quand même l’impression que nous entrons là dans un authentique apartheid, pleinement organisé par la puissance publique marseillaise dans tout sa splendeur.
    ça va réagir? Ben oui, ce me semble à peu près certain. ça va donner un été fort chaud! Il y a des gens qui devraient se sentir concernés genre marins pompiers, responsables de la police, préfet de la chose…Il feraient bien d’anticiper quelque peu, et de prier ce M P Durand de la RTM de bien vouloir ranger ses “arguments” complètement foireux au clafoutch, et fissa. Vassal de la métropole devrait être inculpée, en amont, d’organisation délibérée de troubles répétés à l’ordre public!

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    • Alceste. Alceste.

      Pourquoi dites vous que nous entrons dans un authentique apartheid ? . Cela fait un bon moment que les marseillais du nord de la ville y sont et sur tous les plans. Santé, transports, écoles, sécurité, hygiène habitats , loisirs, emplois. Les investissements publics sont ridicules en termes de volumes dans cette zone, le retard s’accumule chaque jours et ce dernier est quasiment irrattrapable.
      Il suffit simplement de voir cette l’attitude odieuse de la présidente de département vis à vis des migrants mineurs et du traitement qui leur est infligé.Cette femme n’a aucune humanité.

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