Pour 3/4 des Provençaux, c'est encore auto-boulot-dodo

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le 1 Juin 2011
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Les journalistes présents étaient d’accord, avec leur étude conjointe sur les déplacements domicile-travail (ou études) présentée ce mercredi, l’Insee et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) enfoncent des portes ouvertes : matin et soir 75% des salariés et étudiants prennent la voiture – un taux qui atteint même 90% pour des trajets entre 5 et 35 km – avec une distance qui a une tendance inquiétante à augmenter (+9% entre 1997 et 2007). Mais « il n’est pas inutile d’objectiver précisément un constat », a répondu Laurent Roy, directeur de la Dreal. Par exemple de savoir qu’au petit jeu de l’efficacité carbone (émissions de CO2 pour un kilomètre parcouru par un salarié) la région se classe 15e sur 22e.

Faire bouger les lignes

Voire de mettre le doigt là où ça fait mal, histoire de faire bouger les lignes. L’idée, explique d’ailleurs Frédéric Berlioz, chargé de mission climat à la Dreal et co-auteur de l’étude, « c’est d’identifier les liaisons particulièrement émettrices, là où il existe des besoins et où il serait bon de mettre des transports en communs adéquats. C’est un outil à disposition des collectivités pour des actions mieux ciblées dans un contexte budgétaire tendu ». S’ils ne représentent que 12% des kilomètres parcourus, ces va-et-vient de 2 millions d’actif au niveau régional sont très réguliers et fournissant « un levier privilégié pour l’action publique », dans un contexte où la France s’est engagée à réduire de 1% ses émissions associées aux transports d’ici 2020, justifie-t-il.

En route donc pour un tour d’horizon, en commençant par la lanterne rouge dans les Bouches-du-Rhône, avec 148 g de CO2 par kilomètre parcouru : la liaison Vitrolles-Aix, où une « offre serait d’autant plus nécessaire d’un point de vue social » car elle est empruntée à 53% par des ouvriers et employés. Car si les données se focalisent sur l’aspect climat, en toile de fond la question recoupe la santé publique et qualité de vie à travers la pollution atmosphérique et le bruit, mais aussi « l’enjeu social, surtout dans une période d’augmentation des prix des carburants, qui font peser de lourdes charges sur les ménages les plus modestes, qui utilisent davantage la voiture », rappelle-t-il. En ajoutant que ces derniers sont en revanche « plus sensibles à une amélioration de l’offre de transports en commun ».

Dans les points rouge toujours : Marseille-Vitrolles, Marseille-Aubagne et les trajets inverses (en général moins polluants), Marseille-La Ciotat, Marseille-Martigues… Autant dire que la bagnole est là élevée au rang de règle d’or. Autour de l’Etang de Berre, où la zone industrialo-portuaire de Fos pourrait pourtant selon Laurent Roy se prêter à des synergies entre entreprises, la situation n’est pas glorieuse non plus, tout comme entre les Pennes-Mirabeau et Marseille.

Bon point pour Marseille-Aix et anomalie intra-muros

De ce point de vue, et malgré ce que pourraient laisser penser les embouteillages réguliers de l’autoroute qui les relie, Marseille-Aix – fait partie, derrière Toulon-Marseille, des trajets les plus « propres » avec 116 g/km. Preuve que la desserte cadencée côté rail et les navettes du conseil général portent leurs fruits. Le trajet inverse étant lui aussi au-dessous de la moyenne. Mais, sur le plan national, les exemples de Lyon-Saint Etienne ou Strasbourg-Colmar montrent que l’on peut « atteindre moins de 100″, précise Frédéric Berlioz.

Mais, si c’est sur les trajets entre 5 et 35 km que se concentrent plus de la moitié des émissions de CO2, c’est en ville, sur de courtes distances, que se trouvent peut-être les marges de progrès les plus importantes, avec une part de la voiture de 20 points supérieures à celle de Lyon, à Marseille comme à Aix. Là encore, on n’apprendra rien en franchissant le seuil du siège de l’Insee : aménagements pour favoriser la marche et le vélo, développement de l’auto-partage, de parcs relais combinés avec des transports en commun, vélos en libre-service, système de tarification plus simple (à opposer à la jungle de la dizaine de titres de transport existant aujourd’hui dans le département)…

La maison sous les pins

Sans oublier « un grand champ » que Frédéric Berlioz a « mis en dernier » dans sa présentation, « mais qu’il faudrait citer en premier sur le long terme : la limitation de l’étalement urbain, par exemple en densifiant autour des transports en commun, en développant la mixité entre les usages (logements, emplois) ». L’étalement urbain qui peut « annuler les efforts de réduction des émissions effectués par ailleurs », annonce sans ambages l’étude, qui évoque aussi l’effet aggravant de la démographie. Et on s’y met quand ? Laurent Roy cite la labellisation de projet d’Ecocités (dont Euroméditerranée II), qui ont « vocation à être des vitrines » et les neuf plans climat pilotes dans la région (dont Aix, également retenue en tant que zone d’action prioritaire pour l’air) qui seront appuyés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

« On attend beaucoup de ces différentes démarches expérimentales », ajoute-t-il. Mais c’est justement très expérimental tout ça… « Ce n’est quand même pas simple dans une région qui est une des championnes de la périurbanisation. L’étude récente de l’Insee sur la consommation d’espaces agricoles montre bien que c’est une tendance lourde. Qui correspond à un modèle : la maison sous les pins avec éventuellement la piscine, ce qui pousse à la voiture. C’est ce que les gens veulent et il faut pouvoir contrer ce modèle ».

On avance, on avance, on avance…

Sur le point plus particulier des politiques de transports le représentant de l’Etat fait bien comprendre qu’il s’agit plus ici d’une compétence des collectivités. Mais avec la mise en place d’un syndicat mixte des transports et « les discours désormais convergents » des responsables politiques il estime qu’« on avance ». A voir…

Mais il y a en tout cas une chose que l’Etat peut faire, c’est « venir en appui pour financer les projets lourds ». Et sur ce point, il a beau se féliciter du « retour de l’Etat » dans l’aide au bouclage des projets de transports en commun, la récolte reste maigre, avec 133 millions d’euros pour 1,4 milliards de chantiers dans la région. Et ce n’est pas d’u
n appel à projet, mais d’un engagement (presque) digne d’un Grand Paris (9 milliards d’euros pour les transports au passage) dont le département aurait besoin…

Un lien L’étude et les données complètes, sur le site de l’Insee

Un lien La solution de la start-up marseillaise Wattmobile pour les salariés : le scooter électrique en complément au train, sur Marsactu

Un lien L’Etat débloque 20 millions d’euros pour les transports marseillais, sur Marsactu

Un lien A Marseille, Le Vélo tente de remonter la pente, sur Marsactu

Un lien Aix-en-Provence fait le plein d’étalement urbain, sur Marsactu

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Commentaires

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  1. athe athe

    Pour se faire une idée du chemin qu’il reste à parcourir pour avoir des transports publics dignes de ce nom, il suffit de regarder une ville allemande comparable. A Munich par exemple, il y a 6 lignes de métro, 8 lignes de RER, qui fonctionnent de 4h du matin à 2h le matin. L’aéroport et toutes les villes importantes de la région y sont reliés. Il y a aussi un réseau de 8 ou 9 lignes de tramways, qui couvre l’ensemble de la ville. Et pour une ville qui compte 1 million d’habitants, c’est tout simplement le minimum requis.
    Bref, Marseille a environ 30 ans de retard, et ce n’est pas la peine de faire des communiqués de presse, ou autres réunions – tant que l’état prévoit 35 milliards d’investissement en Île-de-France et seulement 710 millions à se partager entre Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, etc., rien ne changera. Pour combler ce retard – et avec 5000 habitants de plus chaque année, il y a urgence – il faudrait déjà un peu plus de volonté politique et un vrai projet d’aménagement sur 20 ans.
    Pour l’instant, on se contente de faire payer même les résidents qui aimeraient laisser leur voiture sur place…

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  2. druide67 druide67

    Les transports en commun, c’est bien mais un aller retour Martigues Marseille en bus par exemple, celà coute 15 euros hors abonnement, en voiture c’est 5 euros de carburant.
    Vous pensez sincèrement que je vais prendre le bus avec les contraintes que celà impose.

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  3. guyc13 guyc13

    ou en sont les etudes pour re-ouvrir Aix-Rognac, Gardanne -Trets, Pertuis Cavaillon. Plusieurs millions sont affcectes à ces projets. De meme que Marseille Digne, ou la voie existe….

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